Un ex-ingénieur d’Uber et Waymo prétend avoir parcouru San Francisco – New York en voiture autonome

Un ex-ingénieur d’Uber et Waymo prétend avoir parcouru San Francisco – New York en voiture autonome

Anthony Levandowski, l’homme au cœur du procès Uber-Waymo, annonce avoir battu le record de distance en voiture autonome grâce à son logiciel.

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“Tiens, il est encore là, lui ?” Si vous suivez un peu (bon, d’accord, assidûment) l’actualité de la Silicon Valley, le nom d’Anthony Levandowski vous rappelle forcément un truc. La dernière fois qu’on a entendu parler de l’ingénieur, indéniablement talentueux par ailleurs, c’était en 2017 : il venait de quitter Waymo (les voitures autonomes de Google) pour rejoindre Uber, et la justice venait d’être saisie pour savoir s’il avait ou non emporté des plans de son ancien employeur au passage. Un arrangement qui s’est fait à l’amiable, en février 2018, Uber s’acquittera de 245 millions de dollars et exprimera ses “regrets” à son concurrent, dans la plus pure tradition judiciaire américaine et Levandowski prenait la porte.

Moins d’un an plus tard, le revoilà, et l’homme soigne son retour : à le croire, il viendrait de traverser les États-Unis en longueur, sur quatre jours, au volant d’une Prius modifiée rendue autonome par sa nouvelle start-up. Soit la bagatelle de 6 500 bornes (3 099 miles) entre San Francisco et New York sans jamais toucher le volant ou les pédales, excepté pour entrer et sortir de l’autoroute, s’arrêter aux stations essence et dormir. La vidéo timelapse du trajet, tournée entre le 26 et le 30 octobre, vient d’être publiée sur Vimeo pour annoncer le lancement de la nouvelle start-up de Levandowski, Pronto.ai. Si la performance est authentifiée, c’est le coup de com’ technologique de l’année.

Ceci n’est pas une voiture autonome

Puisqu’il s’agit de Levandowski, le scepticisme est de mise dans l’industrie et la presse spécialisée, d’autant que Pronto.ai n’a publié aucune donnée prouvant que la voiture était bien en pilotage automatique durant tout le voyage. Tout ce que nous avons, c’est ce timelapse. Comme l’explique le Guardian, rien ne permet de dire que cette vidéo a été manipulée, et il faut admettre qu’il y a quelque chose de fascinant à voir s’enchaîner les miles dans un brouillard de trafic pendant que les mains du conducteur sont tranquillement posées sur ses cuisses. Le plus dingue dans ce coup de com’, c’est que Levandowski est tout aussi capable d’avoir réellement coiffé Uber, Waymo et Tesla au poteau tout seul dans son coin.

D’autant que Pronto.ai ne vend pas de voiture autonome, et ne compte même pas en vendre un jour. Trop cher, trop compliqué. La start-up de Levandowski vend un système avancé d’assistance à la conduite (ADAS) appelé Copilot, qui permet en théorie de transformer n’importe quel camion en véhicule semi-autonome, capable de gérer tout seul la vitesse, les files et la gestion du trafic. Contrairement à Uber ou Waymo, qui basent leur technologie sur un type de radar appelé Lidar, Levandowski s’appuie sur de bonnes vieilles caméras embarquées, comme l’Autopilot de Tesla. Six, pour surveiller l’environnement autour de la voiture et une, pointée sur le visage du conducteur afin de vérifier qu’il est attentif.

Des caméras et de l’IA plutôt que des radars

Actuellement, explique-t-il au Guardian, l’autonomie totale échoue, non à cause des senseurs, mais des logiciels chargés de traiter les flux de données – les caméras et les radars font le boulot, mais les logiciels ne savent pas encore assez bien traduire de tels flux. L’innovation qu’il propose est là : deux réseaux de neurones embarqués dans la voiture. Le premier reconnaît les marquages au sol, les panneaux et les autres usagers de la route et récolte des informations sur leur position et leur vitesse. Le second récupère cette information et prend les décisions de conduite conséquente. En divisant le travail en deux étapes et en se basant sur l’IA, Levandowski prétend pouvoir se passer des cartes numériques à haute résolution bâties par la concurrence.

Début 2019, Copilot devrait être commercialisé autour de 5 000 dollars. Et à en croire les reporters du Guardian, qui ont passé 48 heures dans la voiture (avec des pauses, tout de même), la technologie est plutôt conforme à ses ambitions. On est certes loin de l’autonomie partielle ou totale – dite de niveau 3 sur une échelle de 5 – mais plutôt sur un niveau 2, similaire à l’Autopilot de Tesla. La voiture conduit “sagement et avec compétence” et prend des décisions autonomes pour gérer le trafic (comme changer de voie), du moins tant qu’elle est sur l’autoroute – le système n’est pas censé être utilisé ailleurs. En gardant ces limites à l’esprit, Pronto.ai a peut-être donc bien réalisé la première traversée des États-Unis en voiture autonome, mais la révolution technologique se fait toujours attendre.