Avec plus de 7,4 milliards d’individus sur cette planète, on aurait tendance à croire qu’il existe des tas de véritables sosies. Un constat qui se vérifie, même si pour la science c’est un petit peu plus compliqué.
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Dans son sixième long métrage, Enemy, Denis Villeneuve revient sur la notion d’identité à travers deux personnages, un prof de fac dépressif et un acteur raté, qui ont un grand point commun : ils sont physiquement identiques. Des sosies saisissants, des copier-coller parfaits. Malgré un twist assez complexe à retranscrire ici, les deux Jake Gyllenhaal vivent le cauchemar de plus d’un, à savoir se rendre compte que l’on est pas si “unique” qu’on aimait l’imaginer.
Ce thème est présent depuis pas mal de temps dans le folklore, la littérature et la culture populaire, notamment avec la figure du doppelgänger, qui constitue assez souvent un double maléfique. De la mythologie égyptienne à Vampire Diaries (oui, oui), la figure du sosie a toujours fasciné. Alors quand le mythe rattrape la réalité, tout le monde s’emballe.
Ce fut le cas il y a moins d’un an, lorsque Neil Thomas, jeune photographe écossais, a rencontré dans un avion en direction de l’Irlande un Argentin lui ressemblant trait pour trait. Un fou rire, un selfie — retweeté plus de 23 000 fois, tout de même — et une cuite probablement mémorable plus tard, l’histoire de ces deux barbus a fait le tour du monde et des médias.
On peut expliquer ce buzz mignon par bien des raisons, mais l’une des plus importantes est bien l’intérêt que les gens portent à cette histoire de sosies, qui semble en intriguer plus d’un. La BBC vient de pondre un gros papier analysant de manière quasi scientifique le sujet, histoire de savoir une fois pour toutes si chacun d’entre nous a un sosie. Réponse ? Si l’on prend une approche purement scientifique, pas vraiment ; mais en se détachant de ce prisme bien rigide, la balance pencherait vers le oui. Explications
Moins d’une chance sur un billion
Des milliards de personnes, des millions de gènes et un champ des possibles quasi infini, la question est assez piège. En réalité, jusqu’à l’année dernière, personne ne s’était penché sur ce sujet. La première étude sur le sujet concerne la probabilité qu’une personne soit accusée d’un délit à la place d’une autre.
Du point de vue de la science, un sosie parfait doit avoir la même distance entre les yeux, le nez, la bouche, la même taille de visage, d’oreilles, etc. En appliquant le test sur 4 000 personnes, le résultat est quasiment sans appel : la notion de sosie serait une chimère, un fantasme inconcevable. La probabilité de partager avec une autre personne ces caractéristiques serait de moins d’une sur un billion. Autrement dit, avec une population de 7,4 milliards de personnes, il y a une chance sur 135 qu’une véritable paire de dopplegängers existe. Arf.
Ceci dit, l’approche scientifique est très (trop ?) stricte, jouant au millimètre près. Comme l’explique David Aldous à la BBC, on peut parler de “ressemblance du point de vue d’un humain” et de “ressemblance du point de vue d’un logiciel de reconnaissance faciale”. À partir de là, les chiffres diffèrent, du tout au tout.
Prenons cet exemple utilisé par le média britannique : imaginez un homme aux cheveux blonds et courts, aux yeux marron, au visage rond et avec une barbe. En calculant le nombre de personnes ayant l’une de ces caractéristiques (55 % de la population ayant les yeux marrons, par exemple), et en multipliant les probabilités, on tombe sur une moyenne d’environ 74 000 potentiels sosies. Les détails précis en moins donc.
Entre l’extrême précision et la généralité existe un juste milieu, qui nous permet de dire qu’il est fort probable qu’un autre être humain vous ressemble de près. Par ailleurs, le photographe canadien François Brunelle s’est amusé à réunir près de 200 paires de faux jumeaux dans son ouvrage “Je ne suis pas un sosie !”. De quoi flipper un peu, ou s’amuser — ça dépend du point de vue.