Pour Cathy Miller, les “unions homosexuelles enfreignent l’ordre biblique”.
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Cathy Miller s’est dite “folle de joie”. Cette pâtissière américaine vient de gagner le procès qui l’opposait à l’État de Californie. Ce dernier avait engagé des poursuites à son encontre après qu’elle avait discriminé des clientes en raison de leur orientation sexuelle mais pour le tribunal, cela irait à l’encontre de son “expression artistique”.
En août dernier, Eileen et Mireya Rodriguez, un couple de femmes sur le point de se marier, passe la porte de la pâtisserie Tastries pour y goûter des gâteaux de mariage. Mais lorsque les jeunes femmes ont souhaité commander un des modèles de gâteau existants, la cuisinière de l’établissement, Cathy Miller, le leur a refusé.
Revenu quelques jours plus tard en compagnie d’amis, le couple se voit orienté par madame Miller vers un établissement concurrent car celle-ci pense que les “unions homosexuelles enfreignent l’ordre biblique selon lequel le mariage est entre un homme et une femme”.
Mercredi 7 février, la justice a donné raison à la cuisinière, d’après Le Monde, faisant fi de la discrimination notoire dont la jeune femme a fait preuve, évoquant la primauté de la “liberté d’expression”. Cathy Miller s’est défendue en expliquant :
“Je ne peux pas prendre part à une célébration qui va à l’encontre de mon Seigneur et de mon Sauveur.”
David Lampe, le juge du tribunal californien de Bakersfield, chargé de trancher le litige, a au préalable précisé qu’“aucun pâtissier n’a le droit de mettre ses produits dans une vitrine publique, d’ouvrir sa boutique puis refuser des ventes pour des questions de race, de religion, de genre ou d’identité sexuelle”. Mais il a ensuite ajouté que dans ce cas précis, ce serait “faire violence à l’essence de la liberté d’expression”, expliquant :
“La différence ici est que le gâteau en question n’a pas encore été cuisiné [et que l’État de Californie, qui a engagé les poursuites] veut forcer [Cathy] Miller à utiliser ses talents pour créer un gâteau qu’elle n’a pas encore fait tout en sachant que son œuvre sera affichée pour célébrer une union que sa religion interdit.
Si ce tribunal [la] forçait à obtempérer, ce serait faire violence à l’essence de la liberté d’expression garantie dans le 1er amendement de la Constitution.”
“Notre combat contre la bigoterie ne fait que commencer”
L’avocate du couple, Patricia Ziegler-Lopez, a déclaré au journal local, le Bakersfield Californian, que leur combat ne “fai[sai]t que commencer” :
“Nous sommes déçues mais pas surprises. […] Bakersfield et le comté de Kern sont généralement très conservateurs, et donc malheureusement certains des juges le sont aussi. Mais ce n’est pas terminé.
Notre combat contre la bigoterie et la discrimination ne fait que commencer.”
Un autre couple américain s’était vu refuser la fabrication d’un gâteau pour son mariage en raison de son orientation sexuelle. Il s’agissait de Dave Mullins et Charlie Craig. Le pâtissier du Masterpiece Cakeshop dans l’État du Colorado leur avait également expliqué qu’en raison de ses croyances religieuses, il lui était impossible de réaliser un gâteau pour ces derniers.
L’affaire a été portée jusque devant la Cour suprême, dont le verdict sera connu en juin prochain, ce qui permettra de créer un précédent et donc d’instaurer une jurisprudence. Pour le couple Craig-Mullins, ce type de discrimination n’est pas isolé et “arrive tout le temps, cela n’est pas nouveau” et c’est pourquoi ils ont décidé d’entamer cette longue bataille juridique :
'This happens all the time': why a gay couple took their cake case to the supreme court https://t.co/szkVg5IJIp
— The Guardian (@guardian) January 18, 2018