Aux États-Unis, une appli de taxis réservés aux femmes fait polémique

Aux États-Unis, une appli de taxis réservés aux femmes fait polémique

“Chariot for Women” est un service de taxis conduits par des femmes, et réservés aux femmes. À peine lancé, il est déjà qualifié de “sexiste”. 
Uber a eu son lot de controverses. En France, en Espagne, au Royaume-Uni, les chauffeurs de taxi ont manifesté contre ce service de transport. Accusé de concurrence déloyale, le service qui a explosé depuis sa création en 2009, est aussi parfois qualifié d’entreprise “sexiste et misogyne“, comme l’avance par exemple la journaliste américaine Sarah Lacy.
Une nouvelle application, baptisée “Chariot For Women“, promet de garantir la sécurité des femmes, conductrices comme passagères, en proposant un service exclusivement féminin. Elle doit être lancée le 19 avril à Boston, aux États-Unis.

Le nom “Chariot for Women” fait un peu penser à l’univers de Disney. (© Allison Shearmur Productions)

L’application a été fondée par un ancien chauffeur d’Uber, Michael Pelletz. Un jour, il a pris un passager ivre, agité qui lui a donné du fil à retordre et il s’est demandé : “Comment une femme aurait-elle géré cette situation?” Plus tard, sa propre femme lui a confié qu’elle appréhendait de devenir conductrice pour Uber malgré son envie, selon LAist. Michael Pelletz a donc eu cette idée de créer un service de taxis, conduits uniquement par des femmes, réservé aux femmes et aux enfants de moins de 13 ans.
Mais à peine lancée, l’application a déjà été qualifiée de “sexiste”.

À voir aussi sur Konbini

Traduction : “Chariot for Women. Sexiste. Les libéraux ont créé la discrimination ! Et s’il y avait un ‘Chariots for White Men’. Le groupe le plus discriminé !”

Traduction : “Cette appli devrait être appelée ‘trajets pour des petites salopes terrifiées qui ont peur des hommes.'”

Traduction : “J’attends avec impatience votre premier procès pour discrimination. Ce que vous faites n’aide personne. C’est utiliser la peur pour faire marcher les affaires de votre entreprise car vous ne pouvez pas rivaliser avec des appli comme Uber ou Lyft [un autre service de VTC] sans sous-entendre qu’ils sont dangereux pour les femmes. Vous essayez d’utiliser les arguments d’un groupe pour justifier de manière éhontée une politique de recrutement sexiste et un service qui refuse la moitié de la population.”

Traduction : “Au nom de quelle théorie légale pensez-vous qu’il est légal de discriminer selon le genre pour recruter ou servir des clients ? Je ne vois pas la différence avec quelqu’un qui commencerait un service proposé par des Blancs et pour des Blancs sous prétexte que certains ont peur des gens qui ont une autre couleur de peau. Ce n’est tout simplement pas légal aux États-Unis. J’attends avec impatience les procès.”

Traduction : “C’est assez aliénant et sexiste de partir du principe que tous les hommes sont des prédateurs dangereux. Les femmes veulent l’égalité et faire quelque chose d’aussi discriminatoire que cela… Comme vous êtes tous hypocrites.”
Les détracteurs trouvent que cette application promeut l’idée que tous les hommes sont des prédateurs et avancent qu’il est illégal de discriminer selon le genre. Ils n’hésitent pas non plus à comparer la situation à la discrimination raciale pour étayer leur argumentation.
Admettons-le, le nom – littéralement “un char pour les femmes” – est quelque peu infantilisant et fait penser à l’univers des princesses Disney. De plus, sur le papier, un service qui exclut selon le genre est sexiste. Sauf qu’il cherche avant tout à rassurer les femmes, et non à exclure.
C’est génial que les femmes puissent avoir cette option : aller dans la voiture d’un étranger, ou accueillir un étranger dans leur voiture sans se sentir menacées (même si tous les agresseurs ne sont pas des hommes, et toutes les personnes agressées ne sont pas des femmes).
D’un autre côté, on peut argumenter que cette application excuse un mauvais comportement, part du principe que le harcèlement sexuel est la norme. C’est aussi dangereux que de dire “ne porte pas de minijupe si tu ne veux pas être violée”.
Quoi qu’il en soit, “Chariot for Women” va devoir affronter des défis d’ordre légal en ce qui concerne sa politique de recrutement, selon Tech Crunch. En 2014, un service similaire appelé SheTaxis avait déjà dû fermer, après avoir été accusé de discrimination.

“Femmes au volant, accident au tournant” n’est pas un argument viable. (via GIPHY)

Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois