Aux États-Unis, les marques associées à Trump se font boycotter

Aux États-Unis, les marques associées à Trump se font boycotter

Depuis plusieurs mois, un mouvement a été lancé pour boycotter les entreprises associées de près ou de loin au président élu : Grab Your Wallet.

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En octobre dernier, à la suite de la publication de la vidéo dans laquelle Donald Trump déclarait “attraper les femmes par la chatte”, l’experte en marketing Shannon Coulter avait annoncé sur les réseaux sociaux qu’elle ne voulait plus promouvoir les marques qui proposent des produits estampillés “Trump”.

“En tant que femme, cliente de longue date et fan de votre marque, je suis préoccupée par le fait que vous poursuiviez votre collection ‘Ivanka Trump’.”

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Adressé à la chaîne de magasins Nordstrom, son tweet avait rencontré un certain succès. Au point qu’elle a été contacté par une autre femme, Sue Atencio, qui lui a proposé de créer avec elle une liste répertoriant les dizaines d’entreprises qui font affaire avec la famille Trump.

Ensemble, elles ont lancé un mouvement porté par le hashtag “Attrapez votre portefeuille” (“GrabYour Wallet” en anglais, en référence à “Grab them by the pussy”), afin d’encourager les détracteurs de Donald Trump à marquer leur opposition en frappant le président élu là où ça fait mal : son compte en banque. Shannon Coulter déclarait au magazine Racked en novembre dernier :

“En ce qui me concerne, ce boycott a trait au fait que des entreprises que j’aime, comme Nordstrom et Amazon, font du profit grâce à la campagne de Donald Trump, qui représente à mes yeux la haine et la division. Donc je ne peux pas, en toute bonne foi, continuer à y faire mes courses. Les gens ne les boycottent pas pour les punir ou les faire couler. Ils veulent financer ces entreprises, mais ne peuvent pas le faire en bonne conscience.”

Parmi les marques ou enseignes citées, on retrouve notamment Bed Bath & Beyond, Amazon, Bloomingdale’s, Century 21, Marshalls, Dillard’s, HSN, TJ Maxx, Kmart, Neiman Marcus, Lord & Taylor, Zappos et Walmart (des poids-lourds du prêt-à-porter ou de la distribution). La liste, présentée sous la forme d’un joli tableur, détaille également les moyens de contacter ces entreprises, leur service client, leur branche de relations publiques ou leur siège, et propose même un paragraphe type à leur envoyer détaillant les raisons du boycott.

“De la merde fabriquée en dehors des USA. Non merci ! Nordstrom, Marshalls, débarrassez-vous de la ligne d’Ivanka Trump pour que je puisse de nouveau venir faire mon shopping chez vous.”

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Le hashtag “#GrabYourWallet” a été tweeté, retweeté ou liké plus de 7,6 millions de fois en novembre et 2 millions ce mois-ci. Alors que des milliers de personnes ont rejoint cette initiative, des experts ont commenté en insistant sur la difficulté de mettre en place un boycott à grande échelle. Il faut être particulièrement bien organisé et s’inscrire dans la durée pour que les entreprises en subissent réellement les conséquences. La campagne a cependant déjà quelques victoires à son actif.

Quelques (petits) succès

Le site de vente en ligne Shoes.com a ainsi retiré la ligne ‘Ivanka Trump’ de sa plateforme canadienne. Les porte-parole du site avaient initialement tweeté : “Vos voix ont été entendues et nous vous comprenons. Nous avons retiré les produits de notre site.” Ce tweet a depuis été supprimé et un communiqué a été publié cinq jours plus tard, expliquant que le retrait était dû à de mauvaises ventes.

“Un message de notre part : chez Shoes.com, nous privilégions notre clientèle. Depuis quelques semaines, un très grand nombre de nos chers clients nous a demandé de retirer une partie bien spécifique de nos produits en promotion. Il est important pour nous d’écouter nos clients. Étant donné que la requête a été faite à propos d’une marque qui ne se vendait pas bien, nous l’avons retirée de notre plateforme. C’est une pratique courante chez les revendeurs.

Nous réalisons qu’en agissant de la sorte nous avons poussé certaines personnes à croire qu’il s’agissait d’une décision politique. Ce n’était pas notre intention et nous ne souhaitons pas diviser notre clientèle. Ce communiqué n’a pas pour but de changer votre opinion ou de le faire pencher dans un sens qui nous arrange. Shoes.com est un groupe diversifié de gens qui travaillent dur, et nous sommes là pour soutenir nos clients. Quelles que soient vos croyances, nous sommes là pour fournir le meilleur service possible à tous les Américains et leur donner accès aux meilleures marques, toutes sur la même plateforme.”

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La dernière marque à apparaître sur la liste est L.L. Bean (un équivalent américain de La Redoute), à la suite de la participation de Linda Bean, la petite-fille du fondateur, au comité d’action politique pro-Trump Make America Great Again – auquel elle a fait une donation de 60 000 dollars (plus de 56 000 euros), soit bien au-dessus de la limite normale de 5 000 dollars. Pour Shannon Coulter, ce geste justifie l’apparition de la marque sur la liste de #Grab YourWallet.

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Pour sa part, L.L.Bean exhorte ses clients à prendre en compte le fait que le soutien de Linda Bean à Donald Trump ne reflète pas les tendances politiques de l’entreprise. Dans un communiqué posté sur la page Facebook de l’entreprise, le président du groupe a déclaré :

“L.L.Bean n’endosse aucun candidat politique, ne prend pas de positions politiques et ne contribue pas aux campagnes. Pour le dire simplement, nous restons en dehors de la politique. Nous inclure dans ce boycott est malavisé, et nous demandons respectueusement à Grab Your Wallet de revenir sur sa position.”

Alors que l’entreprise faisait son possible pour se distancer de la politique et de Trump, celui-ci s’est fendu, comme à son habitude, d’un tweet controversé :

“Merci à Linda Bean de L.L. Bean pour tout votre soutien et votre courage. Les gens vous soutiendront d’autant plus à présent. Achetez L.L. Bean.”

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Sans surprise, les réactions ont été nombreuses sur les réseaux sociaux :

“Donald Trump est maintenant un porte-parole de L.L. Bean. Vous entendez ça, le comité d’éthique ?”

 

Le New York Times rappelle que si la loi américaine interdit des employés du gouvernement d’endosser des produits commerciaux, cette règle ne s’applique pas au président ou au président élu. En attendant, difficile de dire si ce boycott a un impact – si c’est le cas, il ne se fera pas ressentir immédiatement. Cependant, il pourrait avoir des résultats tangibles s’il est combiné avec d’autres formes de protestation.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet