De plus en plus de communes américaines remplacent le “Columbus Day” par l'”Indigenous Day”, afin de rendre hommage aux peuples amérindiens, meurtris depuis des siècles.
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An de grâce 1492, le 12 octobre. Dans les livres d’histoire, cette date marque la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Depuis des années maintenant, les États-Unis ont instauré le “Columbus Day” : chaque année, le second lundi du mois d’octobre, les Américains profitent d’un jour férié pour célébrer l’arrivée du premier colon européen sur le continent.
Pourtant, l’histoire oublie souvent de préciser que le débarquement du Santa María et de deux autres caravelles espagnoles en 1492 marque aussi le début de la colonisation des Indiens d’Amérique par les colons d’Europe. Une exploitation qui a duré des siècles, et qui continue de faire souffrir les descendants des Amérindiens aujourd’hui.
Pour contester ce jour d’hommage au premier colonisateur européen, plusieurs villes des États-Unis, dont Denver, Phœnix ainsi que l’État du Vermont, ont fait le choix de remplacer le “Columbus Day” par l’“Indigenous Day”. Une façon de reconnaître la souffrance de toute une civilisation durant la colonisation, écrit le quotidien USA Today.
Minneapolis, Seattle, Portland et San Antonio sont également sur la liste des communes américaines qui mettront les peuples indigènes à l’honneur, plutôt que le navigateur génois.
“Va te faire foutre Christophe Colomb”
L’idée de remplacer le Columbus Day par l’Indigenous Day a été proposée par une délégation de Natives Americans dès 1977. Mais un mouvement, “Fuck Christopher Columbus”, a commencé à prendre forme sur les réseaux sociaux et sur Internet l’an dernier, après la diffusion d’une vidéo de la chaîne YouTube WatchCut.
Intitulée One Word : Christopher Columbus (que l’ont peut traduire par “Christophe Colomb en un mot”), elle comptabilise à l’heure où nous rédigeons ces lignes plus de 57 millions de vues sur Facebook. Face caméra, on y voit des Américains natifs réagir à l’évocation du nom de l’explorateur du XVe siècle : “malveillant”, “envahisseur”, “je ne pense pas qu’on devrait avoir un jour férié pour lui”...
Certains d’entre eux en ont les larmes aux yeux. Une des intervenantes répond même en faisant un doigt d’honneur. Cette image symbolise sur le Web la colère des peuples amérindiens, dont la voix n’est jamais entendue malgré toute la souffrance subie depuis l’arrivée de Christophe Colomb sur le territoire.
Avec l’avènement des réseaux sociaux, les internautes ont désormais la possibilité de se révolter contre cette journée de congés, et de dénoncer tout le mal que Christophe Colomb a pu causer en débarquant de manière fortuite sur le continent, pensant avoir découvert l’Inde.
Traduction : “Pourquoi célébrons-nous encore le jour de Colomb ?”
Traduction : “Je vous dis que ça ne peut pas être de bon augure !”
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Traduction : “Comment peut-on célébrer le jour qui marque le début du génocide des Indiens d’Amérique ?”
Shailene Woodley arrêtée pour la cause amérindienne
Encore en 2016, les Américains natifs souffrent d’une grande vulnérabilité. Déplacés dans des réserves, ils doivent pourtant lutter pour protéger tout ce qu’il leur reste. Pas plus tard qu’hier, lundi 10 octobre, des militants en faveur de la cause amérindienne ont manifesté contre la construction d’un pipeline qui doit traverser la réserve de Standing Rock Sioux, dans le Dakota du Nord, où vivent de nombreux membres de la tribu sioux des Lakotas, explique LCI.
Le rassemblement a été largement médiatisé à cause de l’arrestation de l’actrice Shailene Woodley, qui faisait partie du groupe de manifestants. La star de la saga Divergente et du film Nos étoiles contraires avait d’ailleurs partagé un live stream sur Facebook.
Si les descendants de tribus natives d’Amérique en veulent autant à Christophe Colomb, ce n’est pas seulement pour avoir envahi un pays déjà occupé. Selon certains historiens, le colon est à l’origine de l’esclavage d’Amérindiens, qu’il a forcés à travailler dans des mines afin d’enrichir la couronne d’Espagne, et a mené une mission d’évangélisation des tribus, décimant au passage toute une culture, sans hésiter à piller et s’approprier les ressources naturelles des peuples présents bien avant son arrivée en 1492.