Un prix est décerné chaque année au pire menteur politique français. En 2016, pas facile de départager ces deux-là.
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Depuis 2015, le Prix du menteur en politique “récompense” ce qui se fait de pire en matière de mythos dans notre paysage politique. Créé par le politologue Thomas Guénolé, il fait appel à un jury de huit journalistes (tous issus de grandes rédactions) qui décernent à tour de bras des prix peu flatteurs. Le but de cette initiative est d’attirer l’attention sur la parole de nos dirigeants, à l’heure où la post-vérité s’impose comme une nouvelle forme banalisée du discours politique en privilégiant l’émotion (mensongère) à la vérité factuelle.
Au top de ce classement (à retrouver en détail ici), on retrouve Robert Ménard, gracieusement crédité du prestigieux “Grand Prix du meilleur menteur en politique pour l’année 2016”. Bien joué Robert. Que lui vaut cet honneur ? Ni plus ni moins que la vague ininterrompue et obsessionnelle de sorties fallacieuses sur la prétendue “invasion migratoire”. Exemples tirés de ce florilège mensonger et fact-checké par nos confrères de BuzzFeed :
- “75 % de l’immigration aujourd’hui vient du Magreb et de Turquie” : c’est plutôt 34 %…
- “Le regroupement familial, c’est 40 % de l’immigration” : raté, c’est 6 %.
- “Au lieu de faire des cours de français, on leur apprend le turc et l’arabe” : encore raté, ces cours de langues proposés dans certaines écoles primaires sont optionnels.
Manuel Valls, Premier dauphin
Notre ex-Premier ministre n’est pas en reste : il occupe avec “fierté” la deuxième place de ce classement, soit celle de “Premier dauphin du Grand prix”. Valls est devenu le grand maître du double discours, ce qui le pousse aux contorsions les plus inconfortables et lui vaut aujourd’hui d’acides critiques pour ses retournements de veste à répétition. On retiendra le plus emblématique d’entre eux : sa volonté de “supprimer purement et simplement le 49-3 [sic]”, qu’il a pourtant lui même employé à six reprises pour casser le bras de l’Assemblée nationale. Osé.
Vous reprendrez bien un peu de dualité ? C’est le même Manuel Valls qui, Premier ministre, déclarait que la France connaissait “deux gauches irréconciliables“, avant de se poser quelques mois plus tard, sans aucune vergogne, en candidat de la “réconciliation“. Ça ne passe pas. Et de tenir des positions tout aussi antithétiques sur la relation entre l’Islam et la République, la défiscalisation des heures supplémentaires ou son rapport au “Système”.
Un pedigree plutôt chargé qui a bien failli l’amener à la première place du classement, puisque le vote du jury ne s’est joué qu’à une voix d’écart. Une voix d’écart avec Robert Ménard, ça picote. Jury qui rappelle que François Fillon a également goûté aux joies de la volte-face et lui donne le “Prix Jacques Dutronc du meilleur retournement de veste” pour sa marche arrière sur sa proposition de réforme de la Sécurité sociale.
Sarkozy et Trump : “pour l’ensemble de leur œuvre”
L’ex-président français avait déjà obtenu le Grand prix pour l’année 2014, et c’est en toute logique que les organisateurs ont souhaité rendre un dernier hommage à l’homme qui a bassiné la politique française de ses “approximations” de campagne et de ses mensonges face aux affaires judiciaires qui lui collent aux fesses depuis des années. Bon vent.
Enfin, outre-Atlantique, on retrouve sans grande surprise Donald Trump, roi des inepties, grand maître incontesté de la fake news et héraut de l’ère de la post-vérité.