Environnement : que proposent les candidats ?

Environnement : que proposent les candidats ?

Souvent réduite dans les débats à Notre-Dame-des-Landes, aux perturbateurs endocriniens, à la circulation alternée ou à Fessenheim, la question de l’environnement est pourtant présente dans les onze programmes.

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Après le retrait de la course à l’Élysée, le 26 février, de Yannick Jadot (après un accord avec le socialiste Benoît Hamon), le parti Europe Écologie Les Verts ne présente pas de candidat à l’élection présidentielle. Nous avons donc passé en revue les programmes des candidats restants, en tentant de dégager les principales mesures avancées – quand il y en a – pour favoriser la transition énergétique et mettre l’écologie au cœur de la politique de leur éventuel quinquennat.

Dans un souci d’équité et d’impartialité, les candidats ont été classés par ordre alphabétique. Nous avons essayé d’être le plus exhaustif possible, dans la mesure du lisible, et nous laissons à l’appréciation du lecteur le jugement de la profondeur, le réalisme et la pertinence de ces propositions. Pour compléter ces informations, les liens vers les divers programmes sont disponibles à chaque fois.

Nathalie Arthaud

Le programme de la candidate de Lutte ouvrière en matière d’écologie est cohérent avec son discours de manière générale. Nathalie Arthaud pointe du doigt une “mainmise sur l’économie” de grands groupes capitalistes et des grands discours de toutes parts, selon elle, “pour ne rien dire”. Elle considère que “pour que les capitalistes acceptent de se préoccuper de l’écologie, il faut que cela leur rapporte”, quand il ne s’agit pas simplement d’une “stratégie publicitaire”. Enfin, l’enseignante critique le fait qu’actuellement :

“Les politiques écologiques des gouvernements se réduisent en définitive à créer des taxes qui pèsent sur le budget des plus pauvres et à distribuer des subventions et des aides aux entreprises au nom de la transition énergétique, comme ils le font au nom de la compétitivité ou de l’emploi.”

Selon Nathalie Arthaud, “une politique concertée et planifiée à l’échelle de la planète serait nécessaire”. Seules deux mesures semblent ressortir principalement de son programme, à savoir :

  • Exproprier les entreprises privées du secteur du nucléaire et les “placer sous contrôle de la population” ;
  • Supprimer le secret industriel “pour permettre à chaque salarié de rendre publics les malversations ou les risques pour la santé publique ou l’environnement dont il a connaissance, sans risquer d’être licencié pour divulgation de secrets professionnels”.

En réalité, il n’y a pas de mesure concrète dans son programme, mais il y a une explication à cela :

“Je ne vais donc pas faire semblant de croire qu’il suffirait de prôner telle ou telle mesure isolée pour résoudre ces problèmes. C’est le fonctionnement global de l’économie capitaliste que je condamne et son remplacement par une économie véritablement socialiste que je prône.”

Enfin, Nathalie Arthaud condamne l’idée “à la mode” de fiscalité écologique qui selon elle culpabilise les citoyens en dédouanant les entreprises.

François Asselineau

En lisant le programme du candidat de l’Union populaire républicaine, on observe qu’il place comme point de départ à toute politique écologique la sortie de l’Union européenne. Comme Nathalie Arthaud, il est cohérent avec son discours politique en général – à savoir la nécessité de consulter les Français en tous points et donc également en matière d’environnement, surtout sur la question du nucléaire. On relève en outre des mesures telles que :

  • Appliquer le principe de précaution
  • Mettre en place des QCM (questionnaires à choix multiples) pour consulter les Français sur plusieurs sujets, notamment l’électricité nucléaire
  • Diminuer les gaspillages industriels
  • Développer les circuits courts et le local
  • Lutter contre l’obsolescence programmée
  • Créer une taxe verte sur des produits importés qui ont des standards “écologiques et sociaux de production plus faibles que nos exigences françaises”
  • Mettre un terme aux exportations sauvages de déchets dangereux
  • Garantir l’indépendance des scientifiques qui travaillent sur le climat et l’énergie
  • Supprimer les subventions aux énergies fossiles
  • Soutenir le secteur du recyclage des déchets.

Jacques Cheminade

Après lecture du programme de Jacques Cheminade, on peut conclure qu’il a une vision bien à lui de l’écologie. Le candidat du parti Solidarité et Progrès insiste sur le fait de vouloir passer d’une écologie malthusienne – prônant la restriction démographique – à une écologie humaine “fondée sur l’idée de responsabilité”. Sa vision de l’écologie établit que :

“Les ‘lois intangibles’ ne sont que des contraintes momentanées, qui peuvent être dépassées par des découvertes de principes physiques nouveaux, appliqués sous forme de technologies plus denses […] dans un processus de développement harmonieux.”

Malgré son idée de responsabilité, il défend fermement le nucléaire (en dépit de tout principe de précaution) et déclare vouloir le soutenir car il constitue selon lui un “moment nécessaire pour ce processus humain”. Jacques Cheminade considère les propositions des autres candidats pour en sortir ou en réduire la part “absurdes”. Il préconise notamment des réacteurs “de la quatrième génération, à haute température, refroidissement gazeux et sécurité intrinsèque, et à neutrons rapides”. Plus concrètement, voilà les mesures que prendrait Jacques Cheminade s’il arrivait au pouvoir :

Nicolas Dupont-Aignan

Le programme du candidat de Debout La France inclut lui aussi les thématiques de l’énergie, de l’environnement, de la protection animale et du nucléaire. Tout d’abord, il souhaite faire de la Banque de France un “acteur de la transition énergétique” et propose pour cela de ” permettre à une Agence publique d’investissement [dont il propose également la création, ndlr] d’emprunter à des taux 0 auprès de la Banque de France pour ensuite accompagner les entreprises et les collectivités dans leurs projets d’innovation”. De surcroît, on relève une série de mesures parmi lesquelles :

  • Remplacer pétrole et gaz par des énergies décarbonées
  • Créer des “vastes plans d’isolation thermique et phonique” des logements
  • Créer un guichet régional sur la fiscalité verte pour “orienter les Français perdus dans le maquis des subventions et allègements fiscaux”
  •  Remplacer les 10 millions de véhicules les plus énergivores en 10 ans
  • Revenir sur l’objectif de 50 % de nucléaire dans la production électrique en 2025
  • Poursuivre la recherche pour un nucléaire propre et sûr
  • Lutter contre l’obsolescence programmée
  • Dispenser des cours de santé/bien-être au collège et sensibiliser aux effets de la “malbouffe”
  • Imposer aux abattoirs des cahiers des charges draconiens et multiplier les inspections surprises
  • Soutenir et mieux répartir les refuges pour animaux
  • Créer un label “bien-être animal”
  • Interdire la consommation de viande de cheval
  • Encourager la création de fermes pédagogiques
  • Fermer les fermes à fourrure

François Fillon

Le candidat des Républicains souhaite “concilier croissance économique et préservation de l’environnement” et dit vouloir “préparer l’après pétrole” en allant vers une “économie décarbonée”. Son programme liste notamment des mesures comme :

  • Réécrire le principe de précaution pour favoriser “l’innovation responsable”
  • Éliminer les énergies fossiles de la production d’électricité avec un prix plancher de la tonne de carbone de 30 euros minimum
  • Compenser la hausse de la taxation carbone par des baisses d’impôts pour les ménages et les entreprises
  • Insérer un volet de protection des océans face à la pêche intensive
  • Protéger les insectes pollinisateurs, notamment les abeilles
  • Renforcer le contrôle des abattoirs
  • Faire de la qualité de l’air une priorité nationale
  • Lutter contre la pollution liée aux perturbateurs endocriniens
  • S’assurer de la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat
  • Développer la politique des labels pour instaurer une vraie transparence et une vraie traçabilité des produits
  • Développer les transports urbains et les véhicules électriques (exemple : contrôle technique des véhicules polluants)
  • Inciter les villes qui n’en sont pas encore dotées à concevoir une feuille de route dans laquelle toutes les actions favorables à l’environnement sont exposées
  • Encourager la filière du recyclage

Benoît Hamon

Le programme du candidat du Parti socialiste en matière de transition énergétique se décline en 10 points principaux : le renforcement de la rénovation urbaine et thermique, le développement des énergies renouvelables, la lutte contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain, la défense du bien-être animal, le développement de la sobriété énergétique, la sortie progressive du nucléaire, le développement du biomimétisme (il s’agit d’un processus d’innovation qui imite le vivant), la promotion de l’économie circulaire, la création d’un Conservatoire des terres agricoles et la constitutionnalisation des communs. Partant du principe que, “face au marché qui privilégie leur exploitation à court-terme, les États doivent être les garants de la protection des ressources naturelles et les citoyens les vigies de cette protection”, Benoît Hamon propose des mesures telles que :

  • Sortir progressivement du nucléaire d’ici 25 ans
  • Atteindre une production électrique issue à 100 % des énergies renouvelables d’ici à 2050, et 50% dès 2025
  • Créer un plan de 100 milliards d’euros pour la rénovation urbaine et thermique
  • Interdire l’exploitation du gaz de schiste
  • Investir dans les infrastructures vertes
  • Création d’un plan “zéro déchet” qui luttera contre le gaspillage alimentaire
  • Lutter contre l’obsolescence programmée
  • Créer un Conservatoire des terres agricoles dont la mission sera de protéger la santé des terres agricoles et de favoriser l’accès au foncier pour les paysans souhaitant s’installer
  • Sortir des énergies fossiles
  • Sortir progressivement du diesel
  • Inscrire les principes écologiques dans la Constitution
  • Créer un comité national d’éthique des abattoirs

Jean Lassalle

Le programme de Jean Lassalle, le candidat du mouvement Résistons!, liste une série de mesures en faveur de l’environnement. Il veut “proclamer les Campagnes de France grande cause nationale” en leur allouant un budget de 3 milliards d’euros. Il accompagne également ses propositions d’un chiffrage permettant d’obtenir une idée de leur coût, ce qui n’est pas le cas de la plupart des autres candidats. Les voici :

  • Taxer le dumping environnemental
  • Appliquer une taxe carbone au kérosène
  • Prendre plus en compte le respect des animaux dans la labellisation en élevage
  • Aligner les fiscalités du diesel et de l’essence
  • Soutenir le développement des énergies solaires et marines
  • Piloter les consommations d’eau et d’énergie de tout bâtiment public
  • Développer la recherche sur l’énergie solaire (100 millions d’euros)
  • Construire des centrales solaires (200 millions d’euros)
  • Encourager le covoiturage via une animation à échelle intercommunale
  • Créer une autoroute de la mer de la Manche à l’Atlantique et en Méditerranée pour décharger les routes des poids lourds
  • Sortir du nucléaire en développant les énergies renouvelables
  • Affecter des jeunes du Service national à l’entretien des forêts, des cours d’eau, des terres en friche
  • Obliger les propriétaires à dépolluer les friches industrielles

Marine Le Pen

La candidate du Front national consacre également dans son programme une partie à l’environnement, dans un volet intitulé “Une France durable”. Elle y propose de :

  • Faire de l’isolation de l’habitat une priorité du quinquennat
  • Développer massivement les filières françaises des énergies renouvelables grâce à un protectionnisme intelligent
  • Moderniser et sécuriser la filière nucléaire française
  • Transformer la Politique agricole commune (la PAC de l’UE) en “Politique agricole française”
  • Refuser la fermeture de la centrale de Fessenheim
  • Réduire la dépendance au pétrole en modernisant et sécurisant la filière nucléaire française
  • Soutenir la filière de l’hydrogène, qu’elle qualifie d’énergie propre
  • Appliquer le patriotisme économique aux produits agricoles français
  • Interdire les OGM en vertu du principe de précaution
  • Interdire le gaz de schiste
  • Faire de la protection des animaux une priorité nationale (exemple : interdiction de l’abattage sans étourdissement)

Emmanuel Macron

Le candidat d’En Marche ! a rédigé son programme en termes d’objectifs. Il précise que le rapport de l’Autorité de la sûreté nucléaire (ASN) attendu pour 2018 constituera le socle des décisions qu’il prendrait s’il arrivait au pouvoir, en ce qui concerne la prolongation des centrales au-delà de 40 ans. Il dit vouloir également “consolider” les moyens de l’ASN. On note au passage une phrase : “Face aux velléités du nouveau président américain, la France devra notamment peser pour que l’Europe mette les États-Unis face à leurs responsabilités.” Pour le reste, il propose de :

  • Sortir la France des énergies fossiles avec la fermeture en cinq ans des centrales électriques à charbon et l’interdiction de l’exploration des gaz de schiste
  • Augmenter la taxe carbone à 100 euros par tonne de CO2 en 2030
  • Doubler la capacité en éolien et en photovoltaïque d’ici à 2022
  • Tenir l’objectif de 32 % en termes d’énergies renouvelables en investissant dans ce secteur
  • Passer d’une énergie qui dépend à 75 % du nucléaire à une énergie qui en dépend à 50 %
  • Confirmer la fermeture de la centrale de Fessenheim
  • Faire de l’économie circulaire et du recyclage des modèles économiques (exemple : lutte contre l’obsolescence programmée)
  • D’ici à 2022, la restauration collective (cantines des écoles et des entreprises) devra proposer au moins 50 % de local, bio ou labellisé de qualité
  • Créer un Grenelle de l’alimentation pour discuter avec tous les acteurs du secteur
  • Dans le cadre de la PAC, rémunérer à hauteur de 200 millions par an des agriculteurs pour les services environnementaux qu’ils rendent, comme l’entretien des paysages ou le pâturage des alpages qui réduisent les avalanches
  • Prendre des sanctions commerciales au niveau européen contre les pays qui ne respectent pas les clauses environnementales des accords commerciaux conclus avec l’Union européenne

Jean-Luc Mélenchon

Le programme du candidat de la France insoumise, intitulé “L’Avenir en commun”, définit la transition écologique comme “un enjeu central”. À l’instar de Nathalie Arthaud, Jean-Luc Mélenchon considère que “la définanciarisation de l’économie est une condition incontournable de la transition écologique”. Ce dernier précise qu’il faut parler de “planification écologique”, considérant que “le temps de l’écosystème, c’est le temps long” à l’inverse du temps court, “le temps de la finance qui saccage tout”. Afin de “faire bifurquer le modèle de production, de consommation et d’échanges”, Jean-Luc Mélenchon propose entre autres de :

  • Mettre en place un “objectif zéro déchet”
  • Sortir du nucléaire
  • Pénaliser les transports sur longue distance pour relocaliser les productions
  • Assurer l’isolation d’au moins 700 000 logements par an
  • Imposer l’objectif d’une alimentation 100 % biologique locale dans la restauration collective
  • Atteindre une production électrique issue à 100 % des énergies renouvelables d’ici à 2050
  • Interdire le gaz de schiste
  • Refuser les OGM et interdire les pesticides nuisibles
  • Éradiquer la maltraitance envers les animaux
  • Lancer des programmes de dépollution de l’eau
  • Sortir des énergies fossiles
  • Sortir progressivement du diesel
  • Arrêter la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
  • Refuser la privatisation de la forêt publique
  • Stopper les projets de fermes-usines
  • Inscrire les principes écologiques dans la Constitution
  • Interdire les OGM et les pesticides nuisibles

Philippe Poutou

Le programme du candidat du Nouveau parti anticapitaliste en matière d’environnement est axé sur un défi “enthousiasmant à relever : unité sociale et respect de la planète”. Philippe Poutou place comme essentielle la reconversion des employés du secteur du gaz, du pétrole et du nucléaire “dont le savoir-faire sera indispensable pour s’orienter vers des productions d’énergie décentralisées et accessibles à tous, moins dangereuses, moins polluantes” et propose entre autres de :

  • Sortir du nucléaire rapidement
  • Fermer immédiatement tous les réacteurs de plus de 30 ans
  • Reprendre les autoroutes aux groupes capitalistes, sans indemnité, ni rachat
  • Réduire le transport des marchandises et rapprocher les lieux de production et de consommation
  • Généraliser la gratuité des transports publics
  • Interdire la publicité énergivore
  • Atteindre une production électrique issue à 100 % des énergies renouvelables d’ici à 2050
  • Interdire le gaz de schiste
  • Faire à nouveau du service de l’eau un service public
  • Abandonner les projets d’enfouissement de déchets hautement radioactifs
  • Sortir des énergies fossiles
  • Exproprier les entreprises privées du secteur du nucléaire
  • En finir avec l’obsolescence programmée

À lire -> Perturbateurs endocriniens : mais en fait, c’est quoi ?