L’agence américaine Associated Press a découvert que les études visant à prouver l’efficacité du fil dentaire sont non seulement rares mais très peu fiables.
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Se brosser les dents trois fois par jour, pendant 3 minutes ; éviter les aliments trop sucrés ; utiliser du fil dentaire après les repas pour nettoyer les petits morceaux d’aliments bloqués entre les dents : depuis plusieurs décennies, les enfants d’Occident grandissent avec ces piliers de l’hygiène bucco-dentaire ânonnés à l’envi par le corps enseignant. Si ces leçons de vie auront eu l’avantage de nous inculquer une certaine discipline et de nous sensibiliser au risque des ignobles caries, une nouvelle enquête menée par Associated Press (AP) révèle que l’efficacité du fil dentaire ne se base sur aucune preuve scientifique sérieuse. Une bombe.
Pour parvenir à ces conclusions, l’agence américaine s’est concentrée sur “25 études qui comparaient l’utilisation de la brosse à dents seule à une utilisation de la brosse à dents couplée à celle du fil dentaire”. Les résultats ? Les preuves que l’utilisation du fil dentaire est bénéfique sont “faibles et peu fiables”, de qualité “très basse”, et sont entachées d’un biais “allant du moyen au très important”. En d’autres termes, ces études n’ont aucune légitimité scientifique, et la communauté médicale s’en doutait depuis une étude comparative de 2011 présentant les mêmes conclusions.
L’agence a ensuite contacté le gouvernement fédéral pour lui demander pourquoi, en l’absence de preuves de son efficacité, le fil dentaire est recommandé par l’État depuis 1979. Pas de réponse. Mais en juin dernier, lorsque le gouvernement américain a publié ses recommandations d’hygiène pour la période 2015 -2020, et le fil dentaire avait mystérieusement disparu. Le gouvernement a ensuite reconnu auprès d’AP qu’effectivement, rien ne prouvait l’efficacité du produit.
Forcément, si on le fait mal…
Malgré ces révélations, deux associations de praticiens américains, l’American Dental Association(ADA) et l’American Academy of Periodontology (AAP) continuent de défendre la pratique comme “essentielle à l’entretien des dents et gencives”, arguant que si les résultats scientifiques ne sont pas concluants, les données prouvent néanmoins une réduction des risques de gingivites et de gencives irritées (ce qui est effectivement vrai, dès lors que l’on souhaite se baser sur des échantillons trop faibles pour être crédibles).
Comme l’explique le New York Times, les associations de dentistes se retranchent derrière un autre argument : les sujets des études scientifiques ne savent pas utiliser correctement le fil dentaire. Alors que nous, pauvres mortels, utilisons le fil comme une vulgaire scie à dépôts alimentaires, les zélés professionnels de la santé bucco-dentaire rappellent qu’il faut au contraire effectuer un mouvement de haut en bas en “entourant la base de la dent avant de descendre sous la ligne de la gencive” pour espérer voir des résultats. C’est certainement pour ça que le fil dentaire a continué inlassablement à être prescrit par le gouvernement et vendu par l’industrie pharmaceutique malgré l’absence totale de preuves de son éventuelle efficacité.