De son quartier de la Banane à son tout premier concert à la Maroquinerie en passant par une célèbre marque de fringues, on a suivi Moha La Squale pendant une journée.
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C’était un samedi particulièrement intense. De 14 heures dans le quartier de la Banane, qui s’étend de Ménilmontant à Gambetta, à la Maroquinerie, on a suivi une pile nommée Moha La Squale. Et cette journée était peu ordinaire au regard de l’actualité du rappeur, tant sur le plan professionnel que personnel.
“Bienvenue à la Banane, ici ça tire, ça t’pète ton crâne,
Ici ça vend d’la came, ici tout petit, j’étais armé”
Ce 24 février, Moha La Squale fêtait ses 23 ans tout en préparant le premier concert de sa carrière, dont les billets ont été vendus en intégralité en moins de deux minutes. Depuis l’été 2017, celui qu’on appelle parfois “la nouvelle sensation du rap français”, s’est progressivement forgé un public sur les réseaux sociaux, partageant tous les dimanches un nouveau morceau assorti d’un clip tout neuf. L’émergence en temps réel d’un talent sur Facebook.
Jusqu’à ce samedi. Allait-il être à la hauteur de la réputation qu’il avait jusque-là construite ? Dans ce contexte-là, pas étonnant qu’on le retrouve dans un état de surexcitation extrême. Le natif du 94 veut parler de tout, nous présente à toutes les personnes présentes dans son quartier. C’est ses potes et ils le lui rendent bien.
Moha La Squale est comme un enfant. Impossible pour lui de tenir en place. Un joint à la main, il l’allume d’une manière chorégraphique, soulevant ses deux coudes jusqu’à son visage. Ses jambes s’agitent, comme pour mieux soutenir le rythme, celui d’une folle hyperactivité qui ne reprend jamais son souffle, comme pour mieux incarner son histoire, son “Fleury, Florent, j’ai fait les deux”.
“Y a quatre mois, j’existais pas mais ça, chacal, c’était avant”
Puisqu’il est en froid avec sa copine, on le retrouve près de sa voiture sans permis garée rue Jacques-Prévert, des cartons et affaires visibles à travers les vitres ouvertes. Au cours de la journée, pas un seul moment il ne se reposera, ses yeux toujours à l’affût, lâchant souvent des “T’es un bon”, “Tu vois ce que je veux dire ? “, ” T’as capté”, ou encore le fameux “C’est carré !”.
Dans le premier temps du reportage que Konbini lui consacre, le voilà en train de s’amuser dans l’aire de jeu, s’accroupissant sur un muret, se relevant aussi sec. Difficile de le prendre en photo tant il bouge. Dans le même temps, il raconte son parcours, de la prison au cours Florent.
Au retour d’une escapade à 100 mètres de là, on reprend l’interview. Ses potes l’attendaient : deux bouteilles de Veuve Clicquot à la main, certains le prennent par surprise avec un carton rempli de cadeaux. C’est sa journée, et ce ne sera pas autrement.
Pas le temps de s’ennuyer, on quitte le 20e pour aller dans un monde parallèle, le 8e. Direction un magasin de fringues de luxe que Moha affectionne particulièrement. Factuellement, c’est l’endroit où il entend acheter une combinaison pour jouer à la Maroquinerie. Symboliquement, il le prend comme une vengeance sur la réussite sociale, souvent toute tracée, et qu’ici il vient d’éclater.
Avant même qu’il ait pu mettre un pied dans l’enseigne, le voilà déjà accaparé par des fans qui le reconnaissent dans la rue. 20e ou 8e, même combat.
Les “courses” effectuées, retour en taxi dans le nord-ouest de Paris. Place aux balances, place à un concert d’une énergie folle dans lequel il réadapte tous les morceaux sortis chaque dimanche. “Bienvenue à la Banane”, “Midi minuit”, “Rémi sans famille” : tout y passe.
Un gâteau d’anniversaire qui s’invite sur scène, sa famille qui le regarde jouer à l’arrière de la scène : Moha La Squale aura réussi sa journée malgré les hauts et les bas : du bon gros “sale !” comme il aime si bien le dire.