Nous succombons volontiers à la colère et ne dominons que rarement notre impatience ; eux, de manière étrange, restent toujours en cela très modérés et réservés.
À voir aussi sur Konbini
Une jeunesse perdue
Avec ces photos, Michael Rougier immortalise le désengagement des jeunes Japonais grandissant dans les années 60 vis-à-vis de leurs ancestrales traditions. Aux côtés des clichés de Michael Rougier publiés par LIFE se trouvaient les notes de son collègue Robert Morse. Des notes dans lequelles ce dernier parlait d’une jeunesse “malheureuse” et “perdue“, faite de fugueurs, de fanatiques de rock’n’roll et de preneurs de pilules, qui traînaient ensemble dans l’unique but de se sentir appartenir à une entité.
Car pour Robert Morse, le Japon donnerait à l’époque une vision faussée de sa jeunesse aux yeux du monde : celle d’ados en uniformes rieurs galopant dans le quartier de Ginza. Bref, une jeunesse “aussi saine et heureuse qu’une coupe glacée au caramel“, comme Robert Morse le souligne lui-même dans ses notes. Mais cela ne resterait qu’une façade. En profondeur, la vérité serait plus sombre :
Un large segment des jeunes Japonais est, en profondeur, désespéremment malheureux et perdu. Et ils parlent librement de leurs frustrations. Beaucoup ont perdu le respect pour leurs aînés, ces clefs de voûte de la vie japonaise, et dans certains cas dénoncent les personnes plus âgées pour les “avoir plongé dans une guerre insensée”.
Ayant tranché les liens qui les unissaient avec le cocon familial, ils ont reformé, dans la désespérance, leur propre mini société, régie par leurs propres règles. Les jeunes gens de ces groupes sont reliés les uns aux autres non pas pour de l’affection mutuelle – dans de nombreux cas, ces êtres “perdus” sont incapables de toute affection – mais plutôt par ce besoin d’appartenir, de faire partie de quelque chose.