“Calling Bullshit”, le cours universitaire pour repérer les conneries

“Calling Bullshit”, le cours universitaire pour repérer les conneries

L’université de Washington pourrait proposer ce cursus aux étudiants dès le printemps 2017.

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À Seattle, deux professeurs de l’université d’État de Washington veulent lancer un cours intitulé “Calling Bullshit In the Age of Big Data“, ce que l’on pourrait traduire par “Savoir quand on vous dit des conneries à l’ère des données massives“. Le nom du cours renvoie à l’expression “to call bullshit”, qu’on utilise en anglais pour pointer du doigt une connerie, ou une info avec laquelle on n’est pas d’accord ou qui demande vérification (“Tu dis que t’es capable de boire dix bières en deux minutes ? I’m calling bullshit“). Pour le moment, le projet n’existe que sous la forme d’un site Internet, où l’on peut notamment découvrir des outils contre la “connerie” et la façon dont elle sera définie dans le cadre de cette unité d’enseignement :

“La connerie se décline en un langage, des statistiques, des graphiques, et toute autre forme de présentation destinée à convaincre en impressionnant ou en submergeant d’infos le lecteur ou l’auditeur, avec un mépris complet pour la vérité et toute cohérence logique.”

Carl Bergstrom (professeur en biologie) et Jevin West (professeur assistant en informatique) ont donc esquissé les contours d’un cursus qu’ils considèrent nécessaire à l’heure où le monde “est noyé de conneries” :

“Les politiciens ne s’arrêtent pas aux faits. La recherche scientifique se mène à coups de communiqués de presse. Les études supérieures récompensent plus ceux qui bluffent que ceux qui analysent. La culture des start-up élève le bluff au rang de grand art. […] On en a ras-le-bol. Il est temps de faire quelque chose et, en tant que professeurs, l’un des trucs constructifs que l’on peut faire c’est d’enseigner aux gens.”

(via giphy)
(via giphy)

Le programme est segmenté en 11 cours, avec des intitulés tels que “Introduction aux conneries“, “L’écologie naturelle de la connerie”, “L’éthique de la dénonciation de la connerie” et un cours de “Fausse information“. Une bibliographie est bien sûr recommandée, pour ceux qui aimeraient suivre ce cursus. Parmi les ouvrages cités, on retrouve On Bullshit” (“Sur la connerie“) de Harry Frankfurt, et “Deeper into Bullshit”, (“Plus loin dans la connerie“) de G. A. Cohen.

Selon les deux professeurs, le but ultime de ce cours est d’aider les étudiants à naviguer dans un monde riche en conneries – notamment en leur faisant voir clair dans le jeu des gens pour identifier les coups de bluff, afin de combattre les bêtises avec des analyses et des arguments efficaces. Les deux enseignants souhaitent également filmer leurs cours et les mettre en accès libre sur Internet. Cette initiative tombe à point, pile au moment où la désinformation, la post-vérité et les “faits alternatifs” se propagent à vue d’œil.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet