Des agriculteurs manifestent à Paris pour s’opposer à l’interdiction du glyphosate

Des agriculteurs manifestent à Paris pour s’opposer à l’interdiction du glyphosate

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Par Cyrielle Bedu

Publié le

Vendredi 22 septembre, 250 agriculteurs ont bloqué l’accès aux Champs-Élysées pour protester contre la volonté du gouvernement d’interdire le glyphosate, célèbre herbicide de la firme Monsanto. Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, est venu à leur rencontre, avant qu’une délégation d’agriculteurs soit reçue à l’Élysée.

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Ils sont venus à l’appel du premier syndicat agricole de France, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), et du syndicat Jeunes agriculteurs (JA). Vendredi 22 septembre, près de 250 agriculteurs d’Île-de-France ont bloqué la circulation aux alentours des Champs-Élysées, à Paris, avec leurs voitures et de la paille déversée sur la chaussée.

Entourés de plusieurs dizaines de CRS, les manifestants ont scandé plusieurs slogans anti-Macron à tue-tête. Avec un objectif : faire entendre leur voix pour protester contre une récente décision du gouvernement français concernant le glyphosate, pesticide phare de la firme américaine Monsanto.

Mercredi 30 août dernier, le ministère français de la Transition écologique annonçait que Paris s’opposerait au renouvellement pour dix ans de la licence du glyphosate, lors d’un vote devant la Commission européenne prévu les 5 et 6 octobre prochains. Cet herbicide, qui est commercialisé depuis 1974 par Monsanto sous la marque Round Up, a été classé en mars 2015 comme “cancérogène probable” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) chargée d’inventorier les causes de cancer. Pour la FNSEA cependant, interdire ce pesticide, considéré comme efficace par les agriculteurs, aurait un impact négatif sur la productivité de l’agriculture française.

D’autant que, parallèlement, le gouvernement compte autoriser l’importation de produits étrangers ayant été traités par ce même pesticide. Une forme d’hypocrisie, selon les agriculteurs venus manifester autour des Champs-Élysées.

Nicolas Hulot en invité surprise

C’est en tout cas ce qu’a expliqué, selon l’AFP, le président de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) Île-de-France, Damien Greffin. “Il faudrait soutenir l’agriculture française, sinon elle va disparaître et on aura recours massivement à des importations de produits alimentaires qui sont cultivés dans des conditions phytosanitaires bien plus déplorables que les nôtres”, a-t-il déclaré lors de la manifestation.

Avant de poursuivre, auprès d’une journaliste du magazine Sciences et Avenir :

“En France, le glyphosate n’est pas employé comme pesticide, mais comme herbicide. Nous ne nous en servons jamais sur les cultures à maturité, mais entre deux cultures différentes afin de nettoyer le sol. Tandis qu’à l’étranger, au Canada par exemple, le glyphosate est utilisé avant la récolte, ce qui laisse autrement plus de traces dans les assiettes des consommateurs !”

Mais un invité surprise a fait son apparition au cours de la manifestation. Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, s’est en effet adressé aux agriculteurs. “Je ne veux prendre aucun risque avec la santé et je ne veux pas qu’on se retrouve dans quelques années devant la justice parce que nous aurons su les choses et que nous n’aurons pas pris nos responsabilités”, a-t-il lancé avant de faire part aux manifestants de sa volonté de visiter prochainement une exploitation agricole. Proposition bien accueillie par les agriculteurs présents.

Quelques heures après cette visite imprévue, une délégation d’agriculteurs était reçue à l’Élysée par la conseillère agricole Audrey Bourolleau. “Il n’y a pas grand-chose qui a changé, on a juste mis un pied dans la porte”, a indiqué le président de la FDSEA d’Île-de-France à la sortie de la réunion. “On nous a fait comprendre ce matin qu’il y a d’un côté le ministère de l’Environnement [contre le renouvellement du glyphosate] et l’Élysée, visiblement plus ouvert sur le sujet”, a-t-il poursuivi auprès de 20 Minutes.

La manifestation des agriculteurs a pour sa part pris fin à la mi-journée.

À lire -> Monsanto connaissait les dangers du glyphosate depuis 1999, selon des documents internes