Début du procès de l’élu écolo qui a forcé un barrage policier en vélo pour aider des Roms

Début du procès de l’élu écolo qui a forcé un barrage policier en vélo pour aider des Roms

Jean-Luc Munro, élu de la ville de Loos (Nord), n’y va pas par quatre chemins pour défendre ses concitoyens.

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Tous les héros ne portent pas de cape et certains se déplacent même à vélo. Avril 2016 : la police de la ville de Loos, dans le Nord, entame une “opération de resserrement” autour d’un camp de Roms installés sur un parking (comprendre “opération de démantèlement”). Avec ses bulldozers et son barrage policier, l’opération n’est pas du goût de Jean-Luc Munro, conseiller municipal écolo de la ville. Armé de son vélo, il force le barrage bloquant l’accès au site pour venir en aide aux familles en train d’être délogées. Un acte épique qui lui a valu de comparaître le 8 février devant le tribunal de grande instance de Lille pour “violence sur agent dépositaire de l’autorité publique avec arme par destination”.

“L’arme par destination”, c’est son vélo. 

En effet, par manque de bol, en fonçant sur sa bicyclette meurtrière l’élu local a blessé l’un des policiers qui lui barraient la route. Deux version s’opposent : ses défenseurs assurent qu’on l’a bloqué pour provoquer sa chute, les autres affirment qu’il a foncé dans le tas. Résultat : quelques jours d’interruption totale de travail (ITT) pour le policier, et des mois d’emmerdes judiciaires pour le cycliste révolutionnaire.

“Délit de solidarité”

Très vite, un comité se met en place pour défendre la cause de Jean-Luc Munro. Dans les manifs de soutien, les mots “délits de solidarité” reviennent inlassablement. D’après eux, l’élu comparaîtrait devant le tribunal pour avoir voulu venir en aide aux plus démunis.

Une philosophie de la solidarité que l’avocat du policier blessé tente de mettre de côté, même s’il refuse l’idée d’un affrontement stérile entre des militants et des forces de l’ordre supposées bornées. “Nous ne sommes pas dans un conflit et nous ne sommes pas dans une guerre aujourd’hui, explique-t-il ainsi au micro de France 3Mais il y a eu blessure, le procureur estime que cela nécessite un procès.” De son côté, l’avocat de Jean-Luc Munro assure au Monde que son client a un fond résolument “pacifiste”, même s’il admet qu’il puisse avoir “un caractère de chien”. Le verdict est attendu pour le mois prochain.

Les nombreuses associations de soutien à l’élu écologiste n’hésitent pas à faire un parallèle avec le cas de Cédric Herrou, agriculteur contre lequel le procureur de Nice a requis huit mois de prison avec sursis pour avoir aidé de nombreux réfugiés dans le Sud de la France.

Engagé depuis quatre ans dans un comité de protection des Roms présents dans sa ville, Jean-Luc Munro ne devrait cependant pas revoir ses plans après son jugement. D’après Le Monde, il participe d’ailleurs ce jeudi 9 février à un rassemblement organisé par Délinquants solidaires à Paris, sur le thème du “délit de solidarité”.