L’odeur de la bière, le bruit des planches qui claquent et les cris de joie ou de douleur résonnent encore dans ma tête. Tous les ans depuis 2007, la douce ville de Copenhague se transforme en paradis du skateboard. Converse a invité Konbini pour un séjour dans la capitale danoise, à l’occasion de l’édition 2017 du CPH Open, un rendez-vous de l’été incontournable pour la grande famille du skateboard international.
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Pas le temps d’acheter Le Guide du Routard de Copenhague. Dans le hall du terminal de Roissy-Charles-De-Gaulle, la proportion de skateurs est inhabituelle. Je reconnais déjà quelques visages familiers : des riders de la place de la République ou du quai de Jemmapes, les vendeurs de Supreme Paris ou des visages croisés en soirées.
En plus des boards coincées sous nos bras, nous avons tous un point commun : notre destination, le CPH Open. Ce rassemblement a eu des débuts discrets en 2007, avant d’être aujourd’hui le séjour immanquable de l’été pour toute personne qui s’intéresse à la culture skate.
C’est un peu le Woodstock du skateboard. L’idée est de visiter la ville par le prisme de ce sport : au programme, deux à trois spots par jour et à chaque spot, un contest (le terme consacré pour les compétitions de skateboard). À peine le temps de poser les valises à l’hôtel que la course folle commence. On fonce à vélo, planche bloquée sur le porte-bagages arrière, vers le Faelledparken, où se trouve le plus beau skatepark en extérieur que j’avais jamais vu.
La guerre a commencé : une session street sous un soleil qui tape, suivie d’une session bowl où la crème de la crème du skate s’affronte, motivée par les cris d’une foule aussi importante qu’alcoolisée.
“J’ai jamais vu autant de monde dans un skatepark”
Deuxième jour. La chance sourit aux riders : il ne pleut toujours pas. Ce soir-là aura lieu la soirée Converse x Polar, où les deux marques révéleront leur nouvelle paire (et la vidéo qui va avec), présenteront une exposition photo et donneront une fête sauvage.
En attendant, le spot du jour sera Litauens Plads. Converse et Polar y ont installé leurs modules pour le contest, transformant ce terrain de basket en fabuleux skatepark éphémère.
Trois petites heures de démonstration auront suffit à la jeune génération pour prouver que le skateboard a de beaux jours devant lui. Les anciens sont là, eux aussi. Ils ne participent pas au contest mais observent les nouveaux avec un oeil affuté. À l’écart de la compétition, on pouvait croiser Eric Koston, Brian Anderson, Brandon Biebel en train de fumer un énorme joint ou encore Tom Penny… Normal.
Il est temps de changer de spot. De braves gars en galère ramassent les centaines de canettes vides de Tuborg laissées par terre. Ils les échangeront plus tard contre une poignée de couronnes danoises.
La foule est compacte, surchauffée. Tous ces gangsters d’amour se dirigent vers le quartier du Meatpacking. Là bas, un dernier obstacle les attend : deux rampes radicales reliées par un mur vertical. Dans le vocabulaire du skateboard, on appelle ça un wall. Celui-ci avait l’air tout droit sorti de l’Enfer. De quoi patienter avant que Converse et Polar ne prennent la main sur la soirée.
La nuit commence à tomber et malgré un ciel de plus en plus menaçant, la foule garde le sourire. Ça skate dans tous les coins, pendant que certains s’embrassent et d’autres dansent. Avant que la lumière ne devienne trop basse pour mon vieux Minolta, il fallait immortaliser ces visages innocents et excités, portant fièrement les “heart glasses”, symboles du CPH Open, au bout de leur nez. Voici les beautiful people de Copenhague.
Au milieu de ce grabuge, un havre de paix : l’exposition des photos Nils Svensson, rapportées de Los Angeles après un voyage en compagnie des riders de Converse et Polar.
Le photographe affirme que, de toute évidence, “Los Angeles porte un héritage du skateboard qui n’existe nulle part ailleurs”. Ce voyage à Los Angeles, paradis (pas éphémère) du skateboard, fut productif pour Converse et Polar. L’exposition fait partie d’un projet global, comprenant une vidéo et un modèle de skate shoes en édition limitée, pour ravir les riders et les amateurs de baskets bien faites.
La vidéo, en plus de son titre, a comme point commun avec l’exposition de Nils un certain feeling “Los Angeles de la fin des eighties-début des années 1990”. Une période qui rappellera “le bon temps” aux anciens du skate et qui a apporté un dernier rayon de soleil aux skateurs rassemblés devant le rétroprojecteur installé ce soir là dans le quartier de Købdyen.
La projection de la vidéo LA Days marque le début d’une fête digne de ce grand rassemblement. Le plafond du bar d’à côté transpirait presque autant que les danseurs qui foulaient le dancefloor. Dehors, des malins tiraient des feux d’artifices ou improvisaient un feu de joie sous une pluie qui durera jusqu’à notre départ.
Dernier jour. Hangover. Il pleut.
Que fait une foule de skateurs à la ramasse quand il pleut à Copenhague ? Ils vont passer du bon temps à Christiania, un village indépendant au beau milieu de Copenhague, où il n’y a ni foi ni loi. Ce quartier libre est l’une des dernières expériences d’espace libertaire autogéré encore en cours en Europe. Là bas, il est interdit de courir – “it causes panic” –, il est aussi obligatoire de s’amuser (on y vend du cannabis à l’air libre pour faciliter la chose). Dernière règle de ce village fondé par une communauté de hippies scandinaves des années 1970 : il est interdit de prendre des photos.
Pas de photos de Christiania avant de filer à l’aéroport et d’attraper l’avion de retour. Dommage, car un bricoleur y avait construit un bang de fortune dans une pastèque. Pour finir sur une note ensoleillée, voici une partie des photos de l’expo “LA Days” de Nils Svensson.
Pour toute question sur les photos, Thomas De Ambrogi est disponible sur Instagram.