Le probable empoisonnement d’un ancien agent double russe, Sergueï Skripal, nous rappelle que le poison reste une arme employée par certains services secrets.
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Depuis l’Antiquité, l’empoisonnement est une méthode prisée pour éliminer des adversaires politiques ou personnalités gênantes. Des historiens débattent toujours pour savoir si Alexandre le Grand, Cléopâtre et Napoléon ont été assassinés de cette manière.
La liste des célèbres victimes d’une substance toxique pourrait s’allonger après l’hospitalisation dimanche en Grande-Bretagne d’un ancien agent double russe, Sergueï Skripal. Ce dernier est dans un état critique après avoir été mystérieusement empoisonné. Voici cinq cas célèbres d’empoisonnement ou de tentative d’empoisonnement.
Le parapluie bulgare
En 1978, en pleine Guerre froide, le dissident bulgare Georgi Markov attend un bus à Londres pour rentrer chez lui après son travail à la BBC. Soudain, il se fait piquer à la cuisse par un passant qui laisse tomber son parapluie. Pris d’une forte fièvre le soir même, il meurt trois jours plus tard.
L’extrémité du parapluie s’est révélée être une arme. L’écrivain aurait été empoisonné par un liquide dans une capsule de la taille d’une épingle. Une autopsie a établi qu’il avait succombé à une dose de 0,2 milligramme de ricine, un poison violent, 6 000 fois plus puissant que le cyanure. L’affaire n’a jamais été élucidée.
Du VX en Malaisie
Dans un cas plus récent, Kim Jong-nam, demi-frère en disgrâce du dirigeant de la Corée du Nord Kim Jong-un, a été assassiné en plein jour le 13 février 2017 avec un agent neurotoxique à l’aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie.
Alors qu’il attendait un avion pour Macao, il a soudain été approché par deux femmes qui lui ont projeté une substance au visage, selon des images de caméras de surveillance. Kim Jong-Nam est décédé peu après lors de son transfert à l’hôpital.
Des traces de VX, un agent neurotoxique classé comme arme de destruction massive, ont été découvertes sur son visage et dans ses yeux lors d’examens médico-légaux. La Corée du Nord, qui a toujours nié farouchement toute implication dans cet assassinat, possède du VX, selon des experts. Mais l’enquête n’a pas établi comment les deux femmes ont pu en obtenir.
Thé toxique
15H #AffairesSensibles L'assassinat d'Alexandre Litvinenko, ancien agent du #kgb empoisonné au Polonium @franceinter pic.twitter.com/V9PjEnYc7s
— fabrice drouelle (@FabriceDrouelle) 25 mai 2016
Le 1er novembre 2006, l’opposant russe et ex-agent du KGB Alexandre Litvinenko rencontre deux Russes pour prendre un thé au Millenium Hotel, dans le centre de Londres, et discuter de possibles opportunités d’affaires.
Alors qu’il enquêtait sur d’éventuels liens entre le Kremlin et des réseaux mafieux et qu’il collaborait également avec les services secrets britanniques, Litvinenko s’est senti très mal après avoir bu le thé. Il a succombé quelques semaines plus tard à l’âge de 43 ans, empoisonné au polonium 210, une substance radioactive extrêmement toxique produite en Russie.
Une enquête menée en Grande-Bretagne a conclu que le président russe, Vladimir Poutine, avait “probablement approuvé” l’homicide de l’ex-espion, une mise en cause qualifiée de “blague” par Moscou. La mort de Litvinenko a provoqué une crise diplomatique entre la Grande-Bretagne et la Russie, qui a toujours refusé d’extrader le principal suspect.
Défiguré par de la dioxine
En septembre 2004, l’Ukrainien Viktor Iouchtchenko, candidat de l’opposition, héros de la Révolution orange, tombe gravement malade en pleine campagne pour la présidentielle qui l’oppose à Viktor Ianoukovitch, candidat favori de Moscou.
Des médecins autrichiens identifient trois mois plus tard un empoisonnement à la dioxine. Iouchtchenko est cependant élu à la tête de l’Ukraine en janvier 2005. Malgré les soins, son visage grêlé et déformé porte toujours les traces de la maladie.
Sauvé par le roi de Jordanie
En septembre 1997, à Amman, des agents du Mossad, les services de renseignements israéliens, tentent d’assassiner Khaled Mechaal, chef du bureau politique du mouvement islamiste Hamas, en lui injectant du poison dans le cou.
Tombé dans le coma, le responsable palestinien est sauvé par l’intervention du roi Hussein de Jordanie, qui exige du gouvernement israélien, dirigé par Benyamin Netanyahou, l’antidote en échange de la libération des deux agents israéliens.
Konbini avec AFP