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Chronique : Queens Of The Stone Age – …Like Clockwork

Chronique : Queens Of The Stone Age – …Like Clockwork

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Par Théo Chapuis

Publié le

La paix, merde

Le premier son que l’on entend, du verre qui se brise, n’est pas là par hasard. Comme une métaphore de la table rase opérée depuis le précédent album, dont deux ampoules cartoon ornaient la pochette. Comme jeter derrière soi les vieux souvenirs douloureux.
Faire face, à nouveau. Et emprunter le chemin de la rédemption. Déchirant. Surhumain. Un chemin de croix. En témoigne le riff rampant joué par la basse de “Keep Your Eyes Peeled”. La voix de Josh Homme, sépulcrale, semble supplier, d’entrée de disque, qu’on lui foute la paix. Qu’on le laisse seul. Seul au milieu de cette joie débile qu’ils ressentent tous, les autres.

À voir aussi sur Konbini

Fallen leaves realize they are no friend of autumn/The view from Hell is blue sky/So ominously blue/I daydream until all the blue is gone.

Y’a-t-il plus belle façon de crier sa détresse ? Oui. Sans doute des millions. Mais il n’y a pas de milliers de façons de mieux la chanter. La chanson suivante, “I Sat By The Ocean”, laisse entendre un état d’esprit différent.

I sat by the ocean and drank the potion, baby, to erase you.

Tableaux d’une dépression annoncée

Exit les tempi agressifs et soutenus de Lullabies To Paralyze (où, en 2005, de nombreux critiques rangeaient carrément QOTSA dans le metal). Bienvenue aux classieux soli en mode mineur, délicats ornements d’une sourde tristesse. Quelques réminiscences d’Era Vulgaris (“I Appear Missing”, “Smooth Sailing”…), à chercher dans l’originalité de certaines rythmiques ou mélodies, se font une place dans …Like Clockwork. Comme un clin d’oeil désabusé vers cette période, passée elle aussi.
Et l’album s’enchaîne ainsi, entre tableaux d’une dépression annoncée et désir ardent d’en réchapper. Une fois de plus. L’oubli pathétique de l’être aimé dans “The Vampyre Of Time And Memory”. La bande-son d’une fin de cuite cathartique, baignée par les premiers rayons de soleil naissants avec “Smooth Sailing”. “Kalopsia” et son ironique tempo de valse.
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Les images abondent. La colère noire et électrique de l’amoureux transi trahi, “My God Is The Sun”… La détresse beatlesienne de l’éponyme “…Like Clockwork”. Et les brutales et récurrentes prises de conscience de ce grand vide au coeur, paradoxalement si épais et si sombre, de la couleur du sang coagulé sur le goudron d’une route brûlante reliant Los Angeles au désert.
“Fairweather Friends” et ses idées noires est sans doute le sommet du disque. Elle est le double maléfique de la tubesque “Go With The Flow”, convertissant la rage encore très stoner de la chanson originale en sorte de dark ballade plombée et amère. Un sombre voyage. En même temps, que reprocher à une chanson où le désespoir quotidien est chanté sur les accords de piano de Sir Elton John ?

So what’s it gonna take/To get you back in bed/Gossip, drugs, and snakes/They’re just our best fairweather friend/Fairweather friend

La batterie, tenue de main de maître par l’inénarrable Dave “je-suis-partout” Grohl, fait toujours aussi mouche. Impression confirmée sur “I Appear Missing” et son toucher de baguettes tout en nuances.
La production, dantesque, saute aux oreilles à la première écoute de …Like Clockwork. Avec Trent Reznor aux manettes, on courait difficilement à la catastrophe. Il se révèle un homme de l’ombre formidable pour retranscrire le fameux son QOTSA, si saturé mais aussi d’une grande clarté. Si insaisissable. Si organique. Si profondément humain, en quelque sorte.
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Le final du disque, “…Like Clockwork”, constate le désastre. Ce qui est perdu l’est à jamais. Il faut tout jeter. Souvenirs, photos, certitudes. Et repartir au loin, avancer. Cesser de ressasser. Rebondir. Tout droit vers le prochain déchirement. Tout droit vers le prochain disque.

Holding on too long is just
Fear of wanting to show
Because not everything that goes around comes back around you know
Not everything that goes around comes back around you know
One thing that is clear
It’s all down hill from here

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