“Deux acteurs qui jouent un couple de cinéma et se détestent en réalité, ça arrive tout le temps !”
Des “ménages” des actrices aux arrangements avec les impôts, on en apprend de belles sur le milieu du cinéma français en regardant Dix pour cent. Ça se passe vraiment comme ça en vrai ?
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Oui ! Les anecdotes viennent de Dominique Besnehard, qui a bossé pendant des années en tant qu’agent de star. Par exemple, sur l’épisode 5, Julie Gayet et Joey Starr jouent un couple d’amoureux dans un film, qui se détestent dans la réalité. Ce genre de choses arrivent tout le temps sur les plateaux, et c’était une situation vraiment comique à exploiter. Dans l’épisode 2, la compétition entre Line Renaud et Françoise Fabian est aussi un cas d’école dans le milieu. On hésite souvent entre deux acteurs, et ils sont au courant. Souvent, il y a entre eux de la courtoisie, mais aussi de la jalousie.
France 2 vous a-t-elle posé des limites sur certaines anecdotes ou sujets sensibles ?
Pour ce qui est d’aborder l’homosexualité ou les questions de racisme, il n’y a pas eu de problèmes. Il y a de la censure sur les histoires non-consensuelles, qui abordent des choses comme la drogue ou l’alcoolisme. On avait une intrigue autour d’un jeune acteur qui tombait dans la dope. France 2 était pas trop client.
Il fallait faire attention à s’adresser à un public familial. De manière générale, j’ai quand même été plutôt étonné par la liberté qu’on a eu. On a pu se montrer audacieux. Mais c’est assez étonnant la télévision française. Vous avez des meurtriers en série et des pédophiles tous les soirs sur TF1, et par contre, il y a de la censure sur des phénomènes de société actuels.
Peut-on reconnaître une patte Cédric Klapisch dans Dix pour cent ?
Après avoir réalisé onze longs métrages, je ne cherche plus vraiment à imposer ma patte. Elle s’inscrit presque malgré moi. Sur Dix pour cent en plus, on était trois réalisateurs avec deux épisodes chacun à tourner. Les styles ne devaient pas trop se voir. L’idée était donc de filmer vite, car il faut du rythme pour le format télé.
“Vous avez des meurtriers en série […] tous les soirs sur TF1. Par contre, il y a de la censure sur des phénomènes de société actuels.”
Quels sont été vos choix de mise en scène en fonction de ces contraintes ?
L’idée, c’était vraiment de se mettre au service du scénario et des acteurs. Dix pour cent est totalement au service des acteurs. On a envie de mettre en valeur leur personnalité. Selon le scénario, on a tourné en plan très large, avec des plans-séquences en mouvement pour refléter une idée de dynamisme ou en très gros plan sur les acteurs pour donner de la proximité. On n’avait pas d’idée préconçue et on n’a pas créé de charte. Il fallait être au service du sens de la scène.
Avez-vous eu votre mot à dire sur la partition musicale de Dix pour cent ?
Oui, cela faisait partie mes attributions en tant que directeur artistique de la série. Je me suis occupé du générique et de la musique, que j’ai confié à Loïc Dury. Avec son groupe Kraked Unit, il s’occupe de mes films [Paris, Les Poupées Russes, Peut-être, ndrl].