Cet attentat meurtrier visait un café très prisé des expatriés en plein cœur de la capitale burkinabée. Les assaillants ont été “neutralisés”.
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Dans la nuit du dimanche 13 au lundi 14 août, 18 personnes ont été sauvagement assassinées dans un café-restaurant de Ouagadougou, la capitale du Burkina-Faso. Un Français fait partie des victimes, la cible de l’attaque étant un lieu très prisé des expatriés, “un espace très convivial où les familles se retrouvaient pour passer de bons moments”, explique un responsable à RFI. Lors des premiers coups de feu, les témoins pensent d’abord à un braquage. Mais le mode opératoire ne permet que peu de doutes sur la nature de l’attaque, et le gouvernement burkinabé évoque rapidement un acte “terroriste”.
“Aux alentours de 21 heures”, entre deux et quatre assaillants prennent d’assaut la terrasse du café-restaurant Istanbul, situé sur l’avenue Kwame-N’krumah. Les lieux sont bondés : les clients y célèbrent un anniversaire, comme le précise RFI. Les témoignages divergent : “Trois hommes sont arrivés à bord d’un véhicule 4×4, sont descendus du véhicule et ont ouvert le feu sur les clients assis sur la terrasse”, affirme un serveur sous couvert d’anonymat. Selon d’autres témoins, “au moins deux assaillants [sont] arrivés à moto […] armés de Kalachnikov”.
Rapidement dépêchées sur place, les forces spéciales bouclent le secteur. Au début intenses, les tirs se font ensuite de plus en plus sporadiques, et le dernier coup de feu est entendu vers 3 h 45. Un porte-parole de la gendarmerie raconte au Monde :
“Par chance, beaucoup de clients ont pu s’enfuir par une porte du restaurant qui donne sur l’arrière. Les deux assaillants qui étaient arrivés à moto se sont ensuite cachés dans l’immeuble [hébergeant le café Istanbul] et comme les forces de l’ordre pensaient qu’ils avaient des otages, cela a fait durer leur intervention, qui s’est terminée vers 4 heures, quand les deux hommes ont été neutralisés à l’arrière du bâtiment.”
L’ombre d’Aqmi
Sur les coups de 7 heures, le ministre de la Communication, Rémi Dandjinou, annonce alors que deux assaillants ont été “neutralisés”, portant à 20 le nombre de personnes décédées. Les blessés ont été transférés en urgence à l’hôpital le plus proche, rapidement débordé. “On a reçu une bonne dizaine de blessés suite à l’attaque y compris des membres des forces de l’ordre”, témoigne un médecin au micro de RFI. “Actuellement nous sommes débordés, confie encore un chirurgien interrogé par l’AFP, nous avons reçu une dizaine de blessés, dont trois qui sont décédés. La situation des autres blessés est très critique. Trois sont pris en charge actuellement en bloc opératoire.” Le nombre de victimes pourrait donc s’accroître dans les heures ou les jours à venir.
L’attaque n’a pas été revendiquée, mais le mode opératoire fait penser aux djihadistes qui opèrent dans la région malgré le déploiement de l’opération Barkhane, force armée antiterroriste déployée sous l’égide de la France au Sahel. Le Burkina-Faso participe à cette opération internationale, ce qui peut expliquer l’attaque de dimanche, mais aussi les précédentes. Comme le rappellent de nombreux médias, le quartier avait déjà été visé par le plus important groupe djihadiste de la région, Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). En janvier 2016, à seulement 200 mètres du café-restaurant Istanbul, un de leurs commandos armés avait ouvert le feu sur des cafés et des hôtels et fait 30 morts, dont deux Français.
Comme il est d’usage à chaque fois qu’un citoyen français décède lors d’un attentat à l’étranger, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête antiterroriste. À l’image du président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, qui dénonce une “attaque ignoble”, Emmanuel Macron a de son côté “condamné” l’attaque et “exprimé sa compassion et sa solidarité à l’égard des familles de victimes”. Il a également réaffirmé que la France est “engagée aux côtés des pays de la région pour poursuivre la lutte contre les groupes terroristes et accélérer la mise en place de la force du G5 Sahel”.