À l’heure où la Roumanie vit un intense mouvement de révolte contre la corruption de ses élus et où de nombreux scandales éclaboussent les candidats à l’élection présidentielle française, des citoyens ont décidé de prendre les choses en main et de s’informer par eux-mêmes.
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Leur motivation semble utopique : parvenir à vivre dans “un monde dans lequel les États, les entreprises, la société civile et les individus dans leur quotidien seraient épargnés par la corruption sous toutes ses formes”. Chimère ? Ce n’est pas l’avis des militants de Transparency International France qui souhaitent agir sur plusieurs plans : renforcer la démocratie, aider les victimes de corruption et mobiliser les entreprises. Ils ont pour cela créé une carte interractive des affaires de corruption, il y a maintenant deux ans.
Pointant du doigt le manque de bases de données publiques et centralisées, les bénévoles de cette ONG ont décidé de créer la leur. Le principe est simple : comme elle pourrait indiquer le supermarché ouvert le plus proche de chez soi, leur carte géolocalise les affaires de corruption, qu’elles soient d’ordre public ou privé. Elle en dénombre pour l’instant pas moins de 660.
C’est un travail de recensement rigoureux qui permet à tous les citoyens de s’informer sur certaines affaires parfois passées complètement inaperçues dans les médias. Par exemple, en cliquant sur Saint-Pierre-et-Miquelon, on apprend que l’ancien maire de Saint-Pierre a été condamné à 10 000 euros d’amende pour détournement de fonds publics en 2008. Chaque internaute peut, s’il le souhaite, faire part d’une affaire de corruption dont il a connaissance et, à la suite d’un minutieux travail de vérification effectué par les membres du site, cette dernière pourra figurer sur la carte.
Une demande pressante de transparence
Si la démarche est novatrice et a le mérite de proposer des solutions, on pourrait arguer qu’elle contribue à renforcer la perte de confiance des citoyens envers les politiques. Raymond Bonomo, contributeur quotidien et bénévole à Transparency International, s’en défend : “Nous ne travaillons pas dans une logique de ‘tous pourris’. Il nous semble normal que le citoyen sache ce qui se passe dans le domaine du manquement à la probité.”
Raymond Bonomo considère que cette démarche participative a uniquement pour but de rendre ces données accessibles, dans une logique de transparence, afin de distinguer des tendances mais aussi de permettre une évolution des mentalités par le biais d’une prise de conscience. Une affaire en chassant souvent une autre, cela pourrait empêcher aussi certains politiques de compter sur le facteur temps pour effacer leurs délits des mémoires.
Il apparaît de toute manière que l’on est de moins en moins enclins à accepter les pratiques illégales et qu’il y a plus que jamais un désir pressant que ceux qui représentent les Français fassent preuve d’intégrité et d’honnêteté. Déjà 13 000 personnes ont indiqué sur Facebook leur intention de participer, le dimanche 19 février, à un rassemblement contre la corruption des élus, place de la République, à Paris.
Pour retrouver cette carte, c’est ici. Cependant, soyez patients, le site est parfois indisponible en raison du nombre de visites qu’il enregistre ces derniers jours…