En réaction au Brexit, l’Écosse veut organiser un référendum sur son indépendance

En réaction au Brexit, l’Écosse veut organiser un référendum sur son indépendance

Se sentant humiliés par le gouvernement britannique, les responsables régionaux écossais jugent qu’une consultation populaire sur l’indépendance de l’Écosse est nécessaire.

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Ils s’étaient exprimés à 62 % contre le Brexit en juin 2016. Les Écossais estiment aujourd’hui qu’ils n’ont pas à être forcés de quitter l’Union européenne (UE), un projet aux antipodes de leurs aspirations et en totale contradiction avec leur vote. La Première ministre de l’Écosse, Nicola Sturgeon, a donc annoncé ce lundi 13 mars qu’elle comptait soumettre un nouveau projet de référendum au Parlement régional, en vue de quitter purement et simplement le Royaume-Uni. Le Parlement, dominé par les nationalistes du SNP, devrait entériner cette demande sans trop de problèmes. Consultés directement, les Écossais pourraient donc bien choisir l’Europe plutôt que le grand frère anglais.

“La semaine prochaine, je demanderai au Parlement écossais de m’autoriser à trouver un accord avec le gouvernement britannique pour lancer la procédure qui autorisera le Parlement écossais à légiférer sur un référendum d’indépendance”, a ainsi déclaré Nicola Sturgeon à Édimbourg.

Un tel référendum a déjà été organisé en 2014 et les Écossais avaient à l’époque été 55,3 % à rejeter la proposition. Mais les nationalistes du SNP estiment que le séisme tonitruant du Brexit a pu pousser nombre d’entre eux à changer d’avis. Un pari aussi risqué que légitime qui vient ajouter une nouvelle couche de complexité à l’effroyable bordel administratif auquel doit déjà faire face la Première ministre anglaise. Empêtrée jusqu’au cou dans les négociations avec l’UE, Theresa May n’avait pas vraiment besoin de l’ouverture d’un nouveau front politique. Elle a d’ailleurs encore la possibilité de rejeter la demande de référendum d’indépendance de l’Écosse. Mais prendra-t-elle le risque de souffler sur les braises ?

Humiliations de Londres

Le peuple écossais et ses dirigeants sont en ébullition face aux multiples humiliations de Londres à leur égard, la capitale restant sourde à toutes leurs recommandations. Pire, le gouvernement régional écossais est plongé dans le noir et n’a donc aucune visibilité sur les démarches entreprises pour faire sortir le Royaume-Uni de l’UE. “Je suis la Première ministre écossaise et je ne sais pas si l’article 50 va être invoqué demain, après-demain, la semaine prochaine ou la suivante. Cela en dit long sur la façon dont on est traités par le gouvernement britannique”, se plaint ainsi Nicola Sturgeon.

En février, les parlementaires avaient déjà tenu à exprimer, à une majorité écrasante (90 voix contre 34), leur opposition au lancement du Brexit. Un vote purement symbolique et sans incidence aucune de la part de cette assemblée qui n’a que le statut de parlement régional, mais qui annonçait déjà le ton.

Devant la grogne montante, il est peu probable que Theresa May choisisse de s’opposer au projet de référendum d’autodétermination. Pour coller au calendrier du Brexit, et si tant est que le Parlement écossais en accepte le principe, la consultation populaire est prévue entre l’automne 2018 et le printemps 2019. Un délai qui laisse le temps à Theresa May de donner des gages pour tenter d’éteindre l’incendie… et aux nationalistes de faire campagne.