La reproduction d’une plantation esclavagiste peuplée de personnes noires déguisées en esclaves a provoqué un tollé, ce qui n’empêche pas la patronne des lieux de continuer à faire tourner sa petite affaire.
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Certains ne reculent devant aucune indécence lorsqu’il s’agit de faire de l’argent. Au Brésil, la propriétaire terrienne Elizabeth Dolson a eu la riche idée de faire revivre la vieille exploitation agricole… et esclavagiste, héritée de sa famille. Pour l’ouvrir au tourisme, bien sûr. Les curieux peuvent donc y être servis par toute une maisonnée de salariés noirs déguisés en esclaves aux petits soins : thé, dîner, visite des lieux, vos désirs sont des ordres. Le but étant de recréer l’ambiance des exploitations de café qui ont fait la fortune de la région et de son élite blanche esclavagiste, au prix de milliers de vies d’innocents, privés de liberté.
La visite aurait donc pu être une occasion de revenir sur cette blessure historique, de tenter de l’expliquer, de faciliter le travail de mémoire. Mais cette dimension meurtrière n’est à aucun moment évoquée au cours de la visite, pointe le site d’investigation The Intercept : aucune allusion aux violences subies par les esclaves, aux conditions de vie atroces qui leur étaient imposées, aux exactions commises… Le cadre est bucolique, placé sous le signe de la détente, à mille lieues de la réalité historique.
Entre indécence et mauvais goût
L’initiative n’a évidemment pas manqué de provoquer de vives réactions sur les réseaux sociaux, choqués par l’indécence et le mauvais goût d’Elizabeth Dolson. Immédiatement, inconsciemment, le lien se fait avec les camps de concentration, en Allemagne et en Pologne, aujourd’hui ouverts au public. Imaginerait-on un seul instant les visiteurs accueillis par des personnes déguisées en déportés ? Malaise, et le mot est faible. Tourner cette ancienne plantation en attraction touristique relevait déjà de l’indécence, mais embaucher des gens pour les mettre possiblement dans la peau de leurs ancêtres martyrisés tient carrément de la perversité.
La “défense” de la patronne des lieux, habillée en maîtresse de plantation, est tellement hallucinante qu’on a sérieusement cru à un fake en lisant sa déclaration. Sauf que tout est bien réel :
“Du racisme ? Mais pourquoi ? Parce que je m’habille comme une dirigeante d’exploitation esclavagiste et que j’ai un esclave de maison qui s’habille comme un esclave de maison ? De quoi vous parlez ? Non ! Je ne fais rien de raciste !”
À peine…