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À voir : Bombing Beirut, la mini-série sur le graffiti au Liban

À voir : Bombing Beirut, la mini-série sur le graffiti au Liban

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© Lisa Miquet

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Par Lucille Bion

Publié le

Lisa Miquet est allée rencontrer des graffeurs libanais à Beyrouth, ville brisée par les conflits mais qui fait peau neuve.

Depuis le 6 juin, la reporter Lisa Miquet publie un épisode de Bombing Beirut chaque semaine sur le Web, pour la chaîne documentaire Planète+. Sa mini-série sur le graffiti au Liban décrypte en 3 minutes le rôle actif mais pacifique de la peinture et de la jeunesse ardente dans ce pays.

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Si en France, et dans de nombreux pays, le graffiti est considéré comme une dégradation, Lisa Miquet a observé qu’il avait une tout autre fonction dans une ville comme Beyrouth, encore meurtrie par les traces de la guerre. Cet art est en fait un véritable outil de reconstruction. 

Après un premier voyage au Liban l’an passé, où elle a été séduite par le bouillonnement artistique de la scène du graffiti, cette ancienne journaliste et photographe de Konbini a été sélectionnée par la chaîne du groupe Canal+ pour réaliser cette série documentaire. Entre ses dégustations de houmous et ses bouchées de falafels, la réalisatrice nous fait découvrir, à travers un angle inédit, ces ruines réinvesties, après moult acrobaties pour choper le wi-fi. 

Beyrouth fait peau neuve

Pour ce projet, Lisa est allée à la rencontre des quelques graffeurs actifs dans la ville. Leurs témoignages mettent en lumière leur motivation : créer un nouveau langage visuel, donner une nouvelle identité à la ville, repenser l’architecture, s’exprimer, s’approprier un espace… derrière de simples signatures colorées, la guerre s’efface peu à peu du quotidien des Libanais. 

Si les nombreux militaires et les check points restent présents dans la ville, les graffeurs investissent librement ce terrain à ciel ouvert avec leurs bombes et leurs masques. Cette pratique a même déjà été démocratisée grâce au circuit touristique, Beirut Graffiti Tour, qui donne aux touristes une vision nouvelle de la ville. Aux alentours, dans la banlieue sud-ouest de Beyrouth à Ouzaï, d’autres artistes sont allés recolorer ce quartier défavorisé.

Entre deux montages, Lisa Miquet a accepté de répondre à nos questions. L’occasion de parler de la naissance de son projet.

Konbini | Pourquoi as-tu choisi de t’exporter au Liban pour parler du graffiti ? 

Lisa Miquet | Tout ça s’est fait petit à petit. J’avais entendu parler d’un bouillonnement artistique de la scène graffiti à Beyrouth, tout simplement parce que là-bas, le graffiti n’est pas interdit contrairement à la plupart des pays. Je me suis donc rendue sur place en juin 2018 pour comprendre cette scène et j’ai ramené quelques images. À l’automne dernier, Planète+ a lancé un appel à projet, j’ai participé et quelques mois plus tard, j’atterrissais au Liban avec mes valises. 

Comment as-tu choisi les graffeurs ?
La scène graffiti libanaise n’est pas immense : il y a une quinzaine de graffeurs actifs au total, ce qui facilite déjà la sélection. Ensuite, j’essaie de faire en sorte que chaque portrait de graffeur aborde une thématique inhérente à la société libanaise. À mon sens, le graffiti n’est qu’un prisme pour parler d’autres choses. 

Enfin j’ai essayé de faire en sorte qu’il y ait une diversité dans les profils. On retrouve alors une diversité de pratiques (styles très différents), des diversités communautaires, mais aussi une vraie différence d’âge allant des pionniers du graffiti aux jeunes talents de la scène. 

Quelle difficulté as-tu rencontrée sur place ?

Si le projet est passionnant et enrichissant, les difficultés sont multiples. Déjà, les infrastructures libanaises sont très différentes de celles qu’on peut connaître en Europe. Les coupures de courant sont quotidiennes (au moins 3 heures par jour à Beyrouth), les coupures d’eau fréquentes, il n’y a pas de transports en commun et le débit Internet est très faible (pas de fibre, ni de 4G !). Le challenge, c’est que je dois rendre un épisode par semaine à Planète+. Chaque semaine est donc un défi : il faut faire les repérages, interviewer l’artiste, tourner les images, faire le montage, l’étalonnage, la traduction, les sous-titres, le mixage et livrer. Enfin, tourner au Liban n’est pas toujours simple, même si mon sujet n’a rien de politique, il faut vraiment faire attention à “où et quand filmer”. C’est sport, mais vraiment enrichissant !  

Quels sont tes prochains projets ? 

D’autres projets vidéo sont dans les tuyaux ! Et une exposition photo sur laquelle je travaille, qui sera plus artistique que documentaire cette fois.