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Avec la technologie VolCat, IBM rêve de révolutionner le recyclage des emballages

Avec la technologie VolCat, IBM rêve de révolutionner le recyclage des emballages

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Crédit: IBM

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Par Thibault Prévost

Publié le

La méthode permet de transformer les plastiques PET en poudre recyclable, sans triage ou nettoyage préalables.

État des lieux d’urgence sur le plastique, tour d’horizon des alternatives et bonnes pratiques à adopter. #leplastiquenonmerci par France Inter et Konbini.

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Et si, dans moins de cinq ans, le recyclage du plastique n’impliquait plus de trier, nettoyer et gérer les différents types de déchets séparément ? Le 11 février dernier, dans un article prospectif sur son blog, IBM a annoncé qu’une telle révolution aurait lieu dans les années à venir, qui “transformera totalement la collecte des ordures et la création de nouveaux plastiques”.

Cette révolution est un procédé appelé “catalyseur volatil”, ou plus simplement “VolCat”. En février, Fast Company se rendait dans les laboratoires de recherche d’IBM pour observer VolCat à l’œuvre, et le décrivait comme suit :

“Si vous placez un T-shirt coton-polyester dans un autocuiseur électrique, un nouveau procédé le désassemble pour former une boule de pur coton et une poudre blanche qui peut ensuite être transformée en plastique pur.”

La méthode, poursuit l’article, fonctionne tout aussi bien avec de vieilles bouteilles plastiques sales : en quelques minutes, elles sont transformées en poudre blanche, qui remplace parfaitement les hydrocarbures comme matière première pour concevoir des produits plastiques.

Selon IBM, qui s’est également fendu d’une vidéo YouTube pour vulgariser sa méthode, voilà comment VolCat fonctionne : une fois récoltés, les différents plastiques PET (le polymère le plus communément utilisé dans la fabrication des emballages) sont placés dans une sorte de grand autocuiseur et chauffés à 200 °C. IBM intègre ainsi au processus un catalyseur – une molécule qui, dans les bonnes conditions de température et de pression, s’attaque aux PET et les digère spécifiquement, laissant toutes les autres matières de côté.

Interrogé par Fast Company, Bob Allen, le responsable du programme de recherche chez IBM, explique que le catalyseur agit comme une paire de ciseaux sur le polymère en le décomposant très rapidement. Mieux : une fois la dépolymérisation terminée, le recyclage des PET indifférenciés est total, selon l’entreprise. Et c’est loin d’être anodin.

Moins de 7 % des bouteilles sont recyclées

Les chercheurs d’IBM ont donc trouvé un moyen de rendre le recyclage des plastiques PET plus rapide et plus efficace non seulement en éliminant totalement les fastidieuses étapes de triage et de lavage des déchets mais en permettant le recyclage de plastiques PET traditionnellement considérés comme difficiles à traiter (vêtements, jouets, tapis, etc.).

Avec VolCat, expliquent les documents de présentation du laboratoire, il existe désormais un procédé de recyclage à basse pression et température, facilement reproductible à échelle industrielle, qui ne produit aucun déchet (le catalyseur est recyclé par distillation) et offre aux industriels un monomère (la poudre blanche produite par la transformation) parfaitement transformable par un réacteur à polymérisation, peu importe l’état de saleté ou la couleur du déchet plastique initial.

Économique, facile, efficace et peu énergivore : serait-ce trop beau pour être vrai ? Peut-être, si IBM n’arrive pas à convaincre l’industrie d’implanter ses machines dans les usines de production de plastique pour que les producteurs s’occupent également du recyclage et disposent de monomère à souhait. Jusque-là, peu de grandes entreprises productrices de PET ont accepté d’utiliser des monomères dérivés du recyclage, préférant continuer à produire des PET “neufs” à partir d’hydrocarbures – selon Fast Company, l’industrie du plastique consomme à elle seule 6 % de la production annuelle. Si VolCat parvient à convaincre les producteurs, notamment en organisant des tests à plus grande échelle, tout peut changer.

En attendant, rappelle le Guardian, 480 milliards de bouteilles plastiques (dont l’immense majorité sont en PET) ont été achetées en 2016. Parmi elles, moins de la moitié ont été collectées et seulement 7 % ont été recyclées. Pourtant, il existe un type de polymère PET entièrement recyclable, appelé RPet. Cependant, aucune des six plus grandes marques de boissons mondiales ne l’utilise, pour des raisons majoritairement cosmétiques – le PET vierge est notamment plus brillant et transparent que le RPet recyclé. Ça tombe bien : en 2050, il y aura plus de bouteilles en plastique que de poissons dans l’océan. Ce sera sans doute joli à voir.