Aux États-Unis, une clinique vous transfuse du sang d’ado pour rajeunir

Aux États-Unis, une clinique vous transfuse du sang d’ado pour rajeunir

“Le drame de la vieillesse n’est pas qu’on est vieux, mais bien qu’on fût jeune.” Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

À voir aussi sur Konbini

“C’est comme une chirurgie esthétique mais de l’intérieur.” La nouvelle tendance à New York ? Transfuser du sang de jeunes personnes à de riches personnes âgées pour les faire rajeunir. Depuis un à deux ans, l’idée a conquis plusieurs riches cherchant un regain de vigueur.

À l’origine du projet, on trouve le docteur Jesse Karmazin, diplômé de l’université de Stanford, fondateur de la start-up Ambrosia, et qui officie dans une clinique près de San Francisco. Son idée : proposer à des patients âgés le plasma sanguin de jeunes. Une transfusion constituée d’un mix du sang de plusieurs donneurs, et qui permet de raviver l’organisme du receveur.

Jesse Karmazin dit l’avoir tenté sur ses parents. Selon lui, la transfusion aurait eu des effets bénéfiques sur le cœur de son père, et sa mère aurait constaté une action sur sa peau.

En 2017, le jeune médecin pouvait déjà se targuer d’avoir déniché 600 curieux en mal de vivacité, d’une moyenne d’âge de 60 ans – il en faut minimum 35 pour participer. Évidemment, rajeunir a un prix puisque les candidats au test devaient débourser 8 000 dollars.

Plusieurs études réalisées sur des souris en 2014 ont démontré que leur transfuser du sang jeune avait un “effet régénérant sur les souris âgées”. “Je pense qu’il est plus justifié d’étendre maintenant les recherches à l’homme”, expliquait alors à l’époque le scientifique Saul Villeda, de l’École de médecine de l’Université de Californie à San Francisco.

Un conseil que semble avoir suivi Jesse Karmazin, qui bénéficie du soutien de Google. On a d’emblée envie de pointer du doigt ces start-up d’un nouveau genre qui voient toutes dans un transhumanisme exacerbé un moyen de s’enrichir. Pourtant, cette cure de jouvence à tendance Dracula existe déjà depuis des centaines d’années. Beaucoup s’y sont essayés, certains s’en sont mordu les doigts…

De la Comtesse sanglante aux sœurs Kardashian : le sang comme anti-âge

Ainsi, au début du XXe, le scientifique russe Alexander Bogdanov, est mort d’avoir voulu abuser de ce moyen de rajeunir. Féru de transfusions sanguines et pionnier du genre, ce dernier avait pour habitude de les pratiquer sur sa propre personne. Jusqu’à en perdre la vie, à 54 ans, après s’être transfusé le sang d’un jeune atteint de paludisme et de tuberculose.

Au XVIe déjà, la comtesse Élisabeth Báthory, surnommée “la Comtesse sanglante”, recrutait des jeunes filles pour travailler dans son château. S’ensuivait ensuite pour ces dernières un supplice de plusieurs heures, avec une seule finalité pour la comtesse : s’enduire de leur sang. Des épisodes relatés par National Geographic :

“Une fois au château, elles y subissaient des sévices variés : elles étaient battues et fouettées à mort, ou torturées au moyen de tenailles, d’aiguilles, de fers rouges, etc., pour ensuite être enterrées dans le parc ou dans les catacombes du château.

Entre-temps, la comtesse s’enduisait de leur sang, dont elle prenait même des bains, convaincue qu’elle obtiendrait ainsi la jeunesse éternelle. On racontait qu’Élisabeth commettait ces exactions sur les conseils d’une sorcière de la région, qu’elle avait installée dans une dépendance du château.”

Les dérives de la comtesse ont traversé les siècles – Julie Delpy lui a même consacré un film – et sont allées jusqu’à atteindre les célèbres sœurs Kardashian, sous une autre forme. Surnommée le “Vampire Facelift”, cette mode a fait fureur aux États-Unis, où les starlettes américaines lui ont fait de la pub.

Il s’agit de prélever du sang du bras du client ou de la cliente, de le purifier puis de le réinjecter dans le visage. La plus célèbre de la fratrie, Kim, âgée alors de seulement 35 ans, a expliqué après coup qu’elle regrettait vivement son acte : “C’était très dur et très douloureux”. Faut souffrir pour être belle, qu’ils disaient.