Les 5 niveaux d’autonomie
De fait, l’article de The Information n’est pas le premier à relever quelques difficultés dans le déploiement de la flotte autonome estampillée Alphabet. Plusieurs reportages, comme celui de The Verge paru le 21 août, révélaient que les véhicules dépendaient encore largement des opérateurs placés sur le siège passager pour gérer des conditions de trafic inhabituelles.
Un constat qui laisse planer le doute quant au niveau d’autonomie réelle des taxis. D’autant que Waymo s’est implanté en Arizona pour la qualité de ses routes, droites, larges et parfaitement plates, et la douceur de son climat, sec la plupart du temps. Après un an passé à sillonner le territoire, le bilan est loin d’être optimal. Qu’en sera-t-il alors lorsque Waymo voudra transposer son service dans le brouillard de San Francisco ou, pire encore, dans des zones montagneuses et neigeuses ?
Même si, contrairement à Uber et Tesla, la firme a eu le bon goût d’éviter tout accident mortel jusqu’à maintenant, elle semble clairement avoir fait preuve d’excès de confiance en annonçant un déploiement du service en 2018. À titre de comparaison, General Motors prévoit un déploiement de ses voitures autonomes en 2019, quand Ford table sur 2021.
Uber, qui vient de conclure un partenariat à 500 millions de dollars avec Toyota, semble avoir abandonné l’idée de construire ses propres taxis, refroidi par l’accident fatal du printemps dernier. D’autres constructeurs, comme Jaguar et Land Rover, souhaitent améliorer la relation entre humains et voitures autonomes en équipant les véhicules… d’une paire d’yeux, pour les rendre plus anthropomorphes. No comment.
Plus que la relation entre conducteurs humains et taxis du futur, l’article de The Information nous donne surtout un aperçu du chemin qu’il reste à parcourir vers l’autonomie totale — le niveau 5 sur l’échelle de 6 niveaux, définie en 2014 par l’organisme de standardisation SAE International, à partir duquel le véhicule en question n’a plus du tout besoin d’une assistance humaine. Aujourd’hui, selon cette même échelle, les véhicules Waymo se trouvent quelque part entre les niveaux 3 et 4, frontière à partir de laquelle le véhicule n’a plus besoin d’une présence humaine pour assurer les imprévus.
Les taxis savent désormais conduire tout seuls (sans présence humaine) dans leur quartier… mais sont beaucoup plus lents dès qu’ils s’aventurent dans le vrai monde. Pas inquiète, l’entreprise a répondu en demandant aux résidents d’être patients, expliquant que ses véhicules “apprennent constamment” et que “la sécurité reste la priorité absolue”. Et tant pis si les taxis conduisent comme des jeunes conducteurs sous kétamine.
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