Soupape
Pourtant, reste que “ces chaînes YouTube font office de soupape. C’est une sorte de défouloir, qui permet d’éviter une éventuelle explosion sociale. C’est pour cette raison que les autorités laissent faire, et parfois même encouragent ces humoristes”, poursuit-il.
C’est avec le succès à l’automne 2013 de la chanson humoristique “No Woman No Drive” que l’Occident a découvert ce qui est probablement comme la toute première vidéo virale provenant d’un habitant du royaume wahhabite.
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Son responsable, c’était Hisham Fageeh. Il a totalisé plus de 11 millions de vues sur YouTube avec cette vidéo, qui moque le conservatisme religieux saoudien, socle inamovible de nombreuses interdictions aux femmes – dont le droit de conduire une voiture. Bien que le jeune homme n’habite plus pour l’instant sur le territoire saoudien, il représente à merveille cette jeunesse saoudienne qui préfère regarder vers l’Ouest que de lire le Coran. La clé du succès ? S’approprier les codes de la pop culture pour mieux tourner en dérision sa propre société.
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La star Omar Hussein
L’un des autres humoristes de la monarchie absolue, c’est Omar Hussein. Les Observateurs parlent de lui comme de l’un des jeunes acteurs du web les plus “téméraires” d’Arabie Saoudite. En tout cas, c’est l’un des plus célèbres ; comme on s’en rend compte, il a une page Wikipédia à son nom. Son émission sur YouTube se nomme “à la va-vite”. Elle privilégie les formats courts où ce comique de 26 ans se grime en animateur de télévision – tout ce qu’il y a de plus sérieux.
Même si l’on ne comprend pas tout, on retrouve encore des codes similaires à ceux pratiqués par nos stars hexagonales du web. Exemple ci-dessous :
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A la différence de ce qu’il est possible de faire en Arabie Saoudite, Omar Hussein, soutenu par la plateforme UTurn Entertainment, franchit parfois la ligne blanche. Dans le court extrait ci-dessous, il moque la bigoterie de certains de ses coreligionnaires à la mosquée, désireux de s’asseoir le plus près possible du premier rang puisque c’est bien vu. Une seule arme lui suffit : ce bon vieux comique de situation.
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Mais même avec UTurn Entertainment en backup, le jeune comique a essuyé quelques bricoles. France 24 relève que l’humoriste s’est fait arrêter en juillet 2012 sous prétexte d’absence d’autorisation de tournage. Il est aussi la cible de la colère de certains imams un peu trop à cheval sur les principes.
En parallèle, le succès est au rendez-vous. Sur Facebook, Uturn Entertainment affiche fièrement plus de 150 000 likes et poste régulièrement des contenus vidéos dans lesquels les stars du web de son écurie apparaissent, avec Omar Hussein en figure de proue.
“Commence par les faire rire”
Autre personnalité du web saoudien, Badr Saleh occupe un peu la place de notre What’s The Cut à nous. Son concept ? Tourner les vidéos amateur postées depuis son pays en ridicule dans son émission YouTube dédiée. Dans un extrait compilé par les Observateurs, on retrouve à nouveau des codes familiers.
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Dans une interview pour le journal américain Global Post, qui s’intéressait au phénomène des humoristes du net saoudiens dès septembre 2013, le jeune comique Fahad Albutairi explique : “Il y a une citation d’Oscar Wilde qui dit “Si tu veux dire la vérité aux gens, commence par les faire rire””. L’amuseur de 28 ans a trouvé la devise commune à toute une génération de talents du net.