D’après L’Obs, Adama Traoré serait très probablement mort dans la voiture des gendarmes, et non à la gendarmerie de Beaumont-sur-Oise, comme l’affirmaient jusqu’à présent les forces de l’ordre.
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D’après des informations recueillies par L’Obs, le jeune Adama Traoré, décédé dans des circonstances troubles après une interpellation par des gendarmes de Beaumont-Sur-Oise (Val-d’Oise) le 19 juillet dernier, ne serait pas exactement mort dans les conditions décrites jusqu’à présent par les forces de l’ordre.
S’appuyant sur la retranscription des échanges entre l’assistant de régulation médicale (ARM, premier maillon de la chaîne de secours), le médecin du Service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) et les pompiers, L’Obs a pu constater que les informations échangées entre les gendarmes et les services de secours quant à l’état d’Adama Traoré, étaient pour le moins confuses lorsqu’elles n’étaient pas fausses, ce qui aurait clairement nui à toute tentative de sauver le jeune homme de 24 ans.
Jusqu’à présent, les gendarmes qui avaient infligé un plaquage ventral à Adama Traoré (méthode d’immobilisation controversée et interdite dans plusieurs pays) pour pouvoir le menotter, avaient déclaré que le jeune homme avait feint un malaise dans la voiture le menant à la gendarmerie. Selon ces mêmes gendarmes, Adama Traoré serait mort plus tard, au poste.
“Le mec, il convulse pas, il est mort”
Mais les échanges retranscrits par L’Obs montrent que les services de secours n’étaient pas tout à fait d’accord avec cette version, et déploraient les mauvaises informations données par les services de la gendarmerie sur les conditions physiques réelles d’Adama Traoré après son interpellation. C’est d’ailleurs en se rendant à la gendarmerie que les différents services de secours ont appris qu’ils ont été appelés pour intervenir… dans une gendarmerie :
Le médecin – […] On est en fait dans une gendarmerie…
L’ARM – […] Ah bah oui, j’avais même pas l’info, tu vois…
Le médecin – Nous non plus. Le mec, il convulse pas, il est mort. Il est en arrêt [cardiaque] donc…
L’ARM – […] Ah oui, non mais j’ai même pas l’info qu’il est en arrêt, c’est une demande de SMUR pour une personne inconsciente…
Le médecin – Oui, ça change tout, voilà. Donc, le contexte il est un peu tendu parce que c’est une interpellation.
Par la suite, un agent du SMUR surpris d’être dans une gendarmerie et de tomber sur un jeune homme mort indique à ses collègues : “Ils l’ont ramené chez eux. Enfin, chez eux, à la gendarmerie et puis… […] dans la voiture, je sais pas, dans la voiture, il a dit : ‘j’ai du mal à respirer’, c’est tout confus, et puis… et puis voilà ! Il a perdu connaissance. A priori, il a convulsé…”
Selon L’Obs, le médecin régulateur aurait par la suite déclaré : “Dans la voiture ? D’accord.” Avant que l’agent du SMUR ne poursuive, “Oui, oui, a priori, c’est sur le trajet, c’est sur le trajet, c’est sur le trajet parce qu’en fait… […] malaise, quoi… malaise, pertes d’urine, perte de connaissance, dans la séquence, tu vois”. Et quand les pompiers sont arrivés, le médecin affime : “Ils nous disent… déjà, ils massent, ça c’est le truc. Ils avaient pas de pouls.”
Des échanges particulièrement troublants, qui montrent une nouvelle fois que la mort d’Adama Troré est pleine de zones d’ombres. Depuis le début de l’enquête, la famille Traoré appelle à la vérité sur la mort d’Adama.