Le rappeur et homme d’affaires new-yorkais prépare son grand retour avec Animal Ambition, son prochain album prévu pour le 3 juin. Mais qui écoute encore 50 Cent en 2014 ?
Quelqu’un a vu le dernier clip de 50 Cent,”Big Rich Town” ? Allez, ne rougissez pas, on sait bien que non. A entendre cette track r’n’b servi par un refrain de Joe, on a l’impression d’être revenu en 2003, en mode throwback jerseys et Timberland aux pieds, quand les deux larrons collaboraient sur “Ride With You”.
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Une période glorieuse où Fiddy et son G-Unit s’asseyaient sur le game tels Rohff sur l’Arc de Triomphe. Mais dix ans après et alors que Animal Ambition, son prochain album, sort en juin, que reste-t-il de l’hégémonie musicale de Curtis Jackson et ses sbires ? Pas grand-chose.
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La fin du règne
Il faut se rendre à l’évidence, 50 Cent n’est plus l’omnipotent roi de New York qui donnait le la à tout le rap mainstream. Il y a eu les débuts colossaux avec Get Rich Or Die Trying (album sextuple platine, 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde) et The Massacre, où la superstar, parrainée par Dr Dre et Eminem, enchaînait les tubes imparables : “In Da Club”, “21 Questions”, “Many Men”, “P.I.M.P”, “Candy Shop”, “Hate It Or Love It”… En solo, en groupe, en featuring, tout ce que 50 Cent touchait se transformait en or.
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Depuis le début des années 2010, force est de constater que ce n’est plus exactement le cas. Le dernier opus de Curtis en date, Before I Self Destruct, sorti fin 2009, s’est péniblement hissé au statut de disque d’or. Un score décevant pour un artiste de ce calibre.
Les projets sortis depuis sur le Net sont de bonne facture, notamment les mixtapes The Big 10 (2011) et The Lost Tape (2012). Mais un coup d’oeil sur HotNewHipHop suffit à se faire une idée de l’impact musical actuel de 50 Cent. Dans le top 100 des projets les plus téléchargés, The Big 10 n’est que 87ème. Loin, très loin derrière Kendrick Lamar, Lil Wayne, Rick Ross, Tyga, Big Sean… D’où cette question existentielle : what the fuck, Fifty ?
L’argent avant la musique
Il semble qu’après la période dorée 2000 – 2007, 50 Cent se soit progressivement détourné du rap pour se concentrer sur d’autres business. Le cinéma, les livres, la boxe, les vêtements (avec sa marque de fringues G-Unit), les jeux vidéo, les casques audio font partie des nombreux domaines dans lesquels il a investi. Sans oublier son fameux deal avec Coca-Cola, qui racheta en 2007 la marque de boissons énergétiques Glacéau dans laquelle Fiddy avait investi. Bénéfice de la transaction pour le rappeur-actionnaire : entre 60 et 100 millions de dollars.
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A la manière d’un Jay Z ou d’un Diddy (avec qui il partage le top 5 des artistes hip-hop les plus riches au monde), 50 Cent est passé de “simple” star du rap à celui de magnat touche-à-tout. De plus, la carrière musicale du leader de G-Unit a connu quelques difficultés ces dernières années, qui l’ont mené à quitter Interscope, la maison-mère où tout avait commencé pour lui. Les innombrables reports de son album Street King Immortal (son autre projet avec Animal Ambition), sur lequel il travaille depuis 2010, y sont certainement pour quelque chose. Musicalement, 50 Cent donne cette impression de rapper en dilettante, sans jamais vraiment se décider à revenir pour de bon dans le game.
Un sentiment que résumait parfaitement le producteur et entrepreneur hip-hop Steve Stoute, dans une interview en février :
50 Cent est toujours en train de préparer quelque chose, et jamais rien ne se passe.
Même galère pour les membres de G-Unit, Lloyd Banks et Tony Yayo, qui malgré quelques moments marquants (coucou “Beamer Benz or Bentley”), n’ont jamais retrouvé la superbe de leurs débuts aux côtés de Fiddy.
Don’t call it a comeback
L’arrivée de 50 Cent au sein de Capitol Records semble avoir accéléré les choses. Les premiers extraits d’Animal Ambition présentent un 50 Cent sous son meilleur jour. Flow nonchalant, braggadocio étincelant et science du refrain intacte, le MC de Queensbridge est égal à lui-même.
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Les collabs de 50 Cent ces derniers mois (ScHoolboy Q, Kendrick Lamar, YG…) montrent qu’il a su s’imposer comme un parrain de la nouvelle génération. Animal Ambition, qui sortira le 3 juin, invitera Jadakiss, Styles P, Prodigy et Kidd Kidd, entre autres guests. Le projet permettra sûrement à 50 Cent de réactiver son buzz pour mieux promouvoir Street King Immortal plus tard cette année. Mais cela sera-t-il suffisant pour s’imposer face au raz-de-marée des jeunes talents, dans un rap game où tout va très vite ? Wait and see.