Pourquoi ceux qui retournent leur téléphone à table n’ont rien compris

Publié le par Benjamin Bruel,

Analyse peu pertinente de l’utilisation des smartphones à table. Une lecture dispensable.

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Je fêtais le week-end dernier l’anniversaire de ma petite amie dans le meilleur restaurant de sushis de Paris (c’est cliché, mais on vous emmerde). Nous devions ensuite rejoindre ses amis pour faire la fête et profiter de cet été tant mérité. Sauf que l’un des types invité avait, visiblement, chopé le Covid.

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Panique : tout ce petit monde s’envoya alors frénétiquement des messages pour savoir qui avait été en contact avec le pestiféré, qui venait finalement, s’il fallait annuler, etc. Et nous deux, bien évidemment, avons passé la majeure partie du dîner avec notre iPhone posé sur la table pour suivre l’affaire. Mobile retourné contre la table, mais que l’on matait quand même de temps en temps. Jusqu’à ce que je comprenne que ça devenait complètement débile, cette histoire, et que je me révolte contre Tim Cook.

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Forcément, c’était un cas particulier : un anniversaire potentiellement mis à mal, c’est con. Mais figurez-vous votre propre utilisation du smartphone à table, que ce soit au restaurant, au bar, voire en dîner de famille : mettez-vous votre portable sur la table, écran face au ciel, ou bien écran retourné ? Ou alors squatte-t-il votre poche, votre sac, votre sacoche banane ? Le regardez-vous de temps en temps, histoire de checker l’heure, les notifications ou un message quelconque ?

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J’ai posé la question à mes collègues de Konbini et aussi sur le groupe Wanted Community (un formidable moyen de lancer un sondage pour pas cher). Voici les quatre catégories de réponses reçues :

  • Pas de téléphone à table, on partage un moment en commun, les notifs ça dégage
  • Sur la table, écran visible en toute situation, parce que rien à foutre après tout
  • Écran retourné contre la table, pas tellement pour cacher des trucs mais pour éviter les notifs
  • Et il y a la team étrange de ceux qui le foutent entre les cuisses, cherchez pas à comprendre

Chacun y est allé de ses raisons. Les meufs ont des poches trop petites, donc position retournée. Parfois, on attend des réponses importantes alors à table, pas retourné. Retourné sur la table, parce que ça déconcentre. On tape une photo quand la bouffe arrive, puis on le range. Ça dépend des gens et du contexte. Et beaucoup d’autres, évidemment.

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Je vais vous dire un truc : trois sur quatre de ces réponses types sont essentiellement des mensonges. Selon mon analyse de comptoir, l’immense majorité des gens foutent leur mobile sur la table, avec l’écran retourné, caché aux yeux de l’interlocuteur. Croyez-moi, je passe les trois quarts de ma vie à picoler et tout le monde fait ça. C’est la pratique numéro uno et c’est une vraie plaie. Un foutu fléau que tout bon amateur de boustifaille et de planches de fromages et charcuterie se doit de combattre.

Pourquoi ? Parce que le mobile retourné contre la table est un mensonge. Il cherche à faire croire à son interlocuteur que l’on est là, bien ancré dans la conversation, présent pour écouter l’autre, mais ce n’est pas vrai. Ce désir de jeter un œil à ce qu’il se passe sur notre écran de 6,5 pouces est trop grand et, invariablement, on va tendre la main discretos pour retourner le mobile. Ça va durer quelques secondes, à peine, mais le mal sera fait : “Josiane, j’en ai rien à foutre de tes histoires de cul”, dit-on alors en substance à notre interlocuteur.

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Et même si on ne le retourne pas, c’est la même chose. Chacun met son mobile en face et c’est un combat de je-m’en-foutiste passif qui s’engage. Ce n’est pas que moi qui le dis, c’est aussi la science : en 2014, dans la revue Environnment and Behaviour, quatre chercheurs américains expliquent qu’un mobile retourné sur la table nuit à la qualité de la conversation.

“Même sans qu’il en soit fait un usage actif, la présence de technologies mobiles peut détourner les individus de leurs échanges en face-à-face, affectant ainsi le caractère et la profondeur de ces connexions. Les individus sont plus susceptibles de manquer des indices subtils, des expressions faciales, des changements d’intonation dans la voix de leur interlocuteur, et ont moins de contact avec le regard”, expliquent les chercheurs, selon une traduction de Slate.

C’est vrai. Et avec la réouverture des bars et restaurants, on serait en droit de penser qu’il est temps que cette pratique de psychorigides s’arrête. Mettez votre mobile dans votre poche ou votre sac, mais pas sous vos yeux ou ceux de votre interlocuteur. C’est criminel, et même la bière et le paquet de clopes en face de vous n’ont que du mépris pour cette addiction d’un autre genre.

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