Ne dites plus “streamer” mais “joueur-animateur en direct”

Publié le par Pierre Bazin,

Le gouvernement s’est emparé d’un sujet houleux : les anglicismes dans le jeu vidéo. Oui, on ne lui avait rien demandé.

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“Le week-end dernier, j’étais full sur Twitch. Les streamers étaient à fond sur la early-access de V Rising ! Le gameplay est cool, mais j’ai peur que le jeu final soit bourré de pay-to-win…” Vous n’avez rien compris ? Eh bien, c’est peut-être à vous que s’adressent les dernières mesures prises pour “franciser” le vocabulaire du gaming, qu’on sait rempli d’anglicismes.

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Lundi dernier, le ministère de la Culture, partie prenante de la Commission d’enrichissement de la langue française, a publié une liste de nouvelles expressions officielles à utiliser, notamment au Journal officiel (JO), ou lorsqu’un représentant officiel souhaitera désormais parler de jeux vidéo.

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Cette prédominance d’anglicismes a été perçue comme “une barrière pour la diffusion et la compréhension par les non-pratiquants”, selon le ministère de la Culture, relayé par l’AFP. Le ministère redoute même de gros risques d’incompréhension “pour ceux qui n’ont pas une pratique de l’anglais courant”. La liste ? La voici :

Certaines traductions sont assez naturelles, comme “pass saisonnier” pour “season pass” ou “accès anticipé” pour “early access”, des termes français que les éditeurs et développeurs de jeux vidéo utilisent déjà dans leurs communications. D’autres, bien que trop longs, sont suffisamment logiques comme “jeu vidéo en accès gratuit” pour “free-to-play (F2P)”.

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Et puis, il y a le reste… comme “jeu vidéo en nuage”, qui prouve une énième fois qu’on ne peut définitivement pas traduire tous les “clouds” de la tech. “Jeu vidéo de compétition” ne serait pas faux sur le papier pour parler d’un titre comme League of Legends ou Counter-Strike, mais il reste très difficile à utiliser pour parler de l’e-sport en général.

Il y a aussi de drôles de décisions sur la base des mots choisis. “Matchmaking” devra être remplacé par “appariement de joueurs”, sachant que c’est un terme qui n’intéresse pas les “non-pratiquants”, pour reprendre les mots du ministère – à raison. Même constat pour le “rigging” (“squelettage”), qui est un terme ultra-technique réservé aux animateurs 3D.

Enfin, la cerise sur le gâteau est probablement “joueur-animateur en direct” pour “streamers” – ainsi que sa version féminisée, évidemment. Clairement un flop qui ne rentrera jamais dans le jargon commun. La commission rappelle que ces termes “sont d’usage obligatoire pour les agents des services publics” ainsi que les textes dits “réglementaires”.

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Pour le reste, c’est probablement un coup d’épée dans l’eau et les gamers français en rient déjà sur les réseaux. Les mots viendront juste perturber de temps à autre la lecture des textes officiels, mais il est peu probable qu’on entende un jour sur Discord un ami nous dire :

“Gros, l’appariement des joueurs sur ‘League of Legends’ est complètement aux fraises ! Hier, je regardais le joueur-animateur en direct Trayton, qui est quand même un ancien vétéran du jeu vidéo de compétition, et il a le même constat.”

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