Comment la technologie a-t-elle relancé l’affaire Grégory ?

Publié le par Corentin Jouathel,

Un algorithme pourrait être la clé de l'énigme.

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Un feuilleton judiciaire qui intrigue autant qu’il fascine. Le 16 octobre 1984 au soir, le petit Grégory Villemin est retrouvé inanimé, pieds et poings liés, dans le cours de la Vologne dans les Vosges. Depuis lors, personne n’a pu être en mesure d’élucider ce mystère désormais trentenaire. Les investigations viennent toutefois de connaître un énième rebondissement, peut-être décisif, comme le dévoilent nos confrères du journal Le Parisien.

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Dans le plus grand secret, il y a près de trois ans, la magistrate alors en charge du dossier a décidé de se tourner vers une société spécialisée dans la stylométrie. L’ambition étant alors de débusquer le ou les fameux corbeaux, émetteur(s) des lettres de menaces adressées aux parents du garçonnet.

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La lettre revendiquant la mort du petit Grégory, 4 ans.

À la différence de la graphologie, qui se concentre simplement sur l’aspect visuel d’un manuscrit, l’analyse stylométrique est plus aboutie. Le procédé se fonde sur la tournure, la formulation des phrases, le vocabulaire et les expressions employés, la sémantique choisie… Reposant sur des outils statistiques, la méthode est notamment utilisée dans la sphère universitaire pour déceler d’éventuels plagiats.

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Une technologie novatrice

La pratique étant peu répandue en France, l’instruction s’est vue contrainte de confier l’expertise à l’entreprise OrphAnalytics, localisée en Suisse. D’un point de vue technique, les machines ont croisé les courriers envoyés avec d’autres textes rédigés par les principaux suspects.

Dotés d’un logiciel intitulé delta2T, les instruments d’OrphAnalytics comparent les profils stylométriques d’un écrit pour en déterminer la paternité. Une fois activée sur la plateforme numérique, l’application fait son œuvre de manière totalement autonome, sans intervention extérieure.

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Performante quelle que soit la langue soumise, cette approche algorithmique est encore en quête de reconnaissance. En ce sens, une demande de brevetage a été enregistrée le 22 février 2016. Toujours en développement, le programme pourrait prochainement être commercialisé pour le grand public.

Le corbeau identifié avec certitude ?

Après analyse et 30 000 euros déboursés, l’informatique a ainsi rendu son verdict : un auteur, unique ou non, de ces missives anonymes aurait été démasqué. La piste a d’ailleurs conduit à une série d’auditions. Avant d’être versé au dossier, l’acte doit préalablement faire l’objet d’une traduction en jargon juridique.

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Dénouement imminent ou nouvelle désillusion ? Affaire à suivre. 36 ans plus tard, la chronique criminelle continue d’alimenter d’éternelles spéculations populaires, en témoigne le succès rencontré par la création documentaire de Netflix, Grégory.

Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com

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