Comment des entraîneurs révolutionnaires ont transformé le football : un nouveau livre vous explique tout

Publié le par Lucie Bacon,

Pep Guardiola à Louis-II lors de Monaco-City, la saison dernière (© Benjamin Cremel / DPPI)

A voir aussi sur Konbini

“Guardiola a repris certaines idées de Bielsa et a su les faire fructifier”

“Cette idée de recherche du beau n’est pas forcément indispensable pour gagner”

Dans le foot, si tout le monde faisait pareil, ça rendrait les débats tactiques moins intéressants, heureusement qu’il y a une multiplicité des approches, avec des nouvelles nuances, des actualisations. On dit souvent qu’il y a un projet de jeu par entraîneur d’ailleurs ! Cette idée de recherche du beau n’est pas forcément indispensable pour gagner, et pour le football, je ne vais pas dire que c’est mieux, mais on prend quand même plus de plaisir.
Si toi tu étais entraîneur, tu serais quel genre de coach ?
Il faudrait poser la question à Raphaël qui fait ça au quotidien avec des jeunes. Moi je n’ai fait que filer quelques coups de main, et c’est tellement complexe ! Plus on étudie tout ça, plus on se rend compte qu’en tant qu’observateur on ne sait rien, on n’a pas d’idée du métier, de tout ce que cela implique d’être entraîneur, il y a des ego à gérer, il faut les faire jouer ensemble.
C’est Wenger qui le dit aussi, il faut gérer des hommes avant de gérer des joueurs, il faut les gérer de façon isolée et on n’est pas là au quotidien pour voir ça. Tout le monde pense pouvoir prendre la place de l’entraîneur, mais c’est un métier extrêmement complexe, et nous on a beaucoup de respect pour les entraîneurs.


Un très bon entraîneur est-il révolutionnaire et à l’inverse un révolutionnaire est-il un bon entraîneur ?
Là on part sur de la philo ! Il n’y a pas pas besoin d’être révolutionnaire pour être un bon entraîneur. C’est ce qu’on explique dans un encadré avec Alex Ferguson : il y avait des points communs dans toutes ses équipes, il fallait mettre de la vitesse et de l’intensité, mais il était flexible sur les tactiques. Il n’a pas révolutionné le football mais il a gagné plus que tout autre. On peut récupérer des idées de gens en place, les adapter et les faire fonctionner. Le meilleur entraîneur, finalement, c’est celui qui gagne, ou celui qui fait avec ses moyens mieux que ce que l’on attendait.
Après, un révolutionnaire n’est pas forcément un bon entraîneur s’il n’affiche pas la flexibilité et les concessions qu’on évoquait et qui sont nécessaires pour réussir. Guardiola on le présente très souvent comme quelqu’un qui ne s’adapte pas, il a des grands principes qui sont toujours les mêmes, mais dans le détail, dans les manières qu’il a d’organiser ses équipes, on n’a pas vu du tout les mêmes choses à Barcelone, à Munich et à Manchester. Il y a une constante adaptation, c’est son plus grand mérite pour réussir à durer.

C’est quoi selon toi le futur de la tactique ?
On sera toujours surpris, mais ce qui est sûr c’est qu’il y aura toujours plus de vitesse, plus d’organisation, c’est ça qui nous frappe quand on regarde les matches de toutes ces époques, les matches sont plus intenses, les joueurs doivent réagir plus vite, courir plus longtemps. Le foot sera aussi déterminé par rapport à la limite physique des joueurs, et aussi par exemple ce que l’on autorisera avec les nouvelles technologies.
Sur le plan des idées, beaucoup d’entraîneurs estiment qu’on a fait le tour des systèmes de jeu, qu’on ne verra pas forcément beaucoup d’innovations, mais on pourrait imaginer des schémas asymétriques, avec trois joueurs sur un même côté plutôt que deux. À voir aussi s’il n’y a pas des apports à aller chercher dans d’autres domaines, comme les échecs ou le foot américain pour les coups de pied arrêtés.
Question bonus : est-ce que Pep Génésio mérite ce surnom ?
Je n’ai pas vu beaucoup de matches de Lyon, mais c’est vrai qu’on est peut-être un peu dur avec lui, il a des résultats qui commencent à parler pour lui. Mais ça rejoint ce que je disais, c’est tellement complexe ce métier, il faudrait être avec lui au quotidien pour voir ce qu’il essaye de mettre en place et si les joueurs sont réceptifs. C’est vrai que parfois, on ne ressent pas de schéma de jeu très précis. Mais c’est aussi à son honneur de mettre en valeur certains joueurs comme Fékir, et c’est ça qui est important : mettre les joueurs dans les meilleures dispositions possibles, et ses résultats en ce moment parlent pour lui.
Les Entraîneurs Révolutionnaires du Football sort le 2 novembre dans toutes les bonnes librairies. Il coûte 17,90 euros et fait 480 pages.
Vous pouvez retrouver Julien Momont, Raphaël Cosmidis et Christophe Kuchly régulièrement sur le site des Cahiers du foot ou dans l’excellent podcast Vu du banc.

Publicité