“Macron démission” : le président hué et exfiltré au Salon de l’agriculture

Publié le par Konbini avec AFP,

© Ludovic Marin/Pool/AFP ; © Lewis Joly/Pool/AFP

Emmanuel Macron a reçu les sifflets, les heurts et les insultes de centaines d’agriculteur·rice·s, écœuré·e·s par sa présence, qui réclament des changements concrets.

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Le président Emmanuel Macron a finalement débattu avec des agriculteur·rice·s en petit comité samedi avant d’inaugurer le Salon de l’agriculture dans le vacarme des sifflets et des insultes de centaines d’agriculteur·rice·s, à la fois ulcéré·e·s par sa présence et demandeur·se·s d’actes concrets pour améliorer leurs conditions de travail.

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Avec quatre heures et demie de retard sur le programme initial, complètement bouleversé par une pagaille inédite, le Président est descendu près de l’enclos de la vache égérie du salon et a coupé le ruban inaugural et goûté du fromage, tout sourire. Mais il est protégé par des dizaines de CRS équipés de boucliers qui, dans des heurts violents, repoussent régulièrement les manifestant·e·s à une cinquantaine de mètres de lui. De nombreuses personnes l’ont traité de “fumier” ou “menteur”, ont clamé “Barre-toi” ou “Macron démission”.

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Emmanuel Macron avait passé plus de quatorze heures ici en 2019 et devait initialement arpenter en long et en large les travées du salon comme le veut la tradition depuis Jacques Chirac. Le Président a commencé la journée par une rencontre avec des responsables syndicaux, puis a improvisé deux heures de débat avec d’autres représentant·e·s des trois principaux syndicats agricoles, la FNSEA, les Jeunes agriculteurs et la Coordination rurale.

Accoudé sur une table mange-debout, le Président a recueilli leurs doléances sur les revenus, les contrôles ou les aides financières, un format loin du grand débat avec des ONG et des représentant·e·s des paysan·ne·s bio un temps imaginé par l’Élysée. “Je préfère toujours le dialogue à la confrontation”, a asséné le chef de l’État. “Je suis en train de vous dire que le boulot est fait sur le terrain, on a repris les copies, on est en train de faire toute la simplification”, a-t-il défendu. “Tant que ce n’est pas concrétisé dans les cours de ferme, on sera sur votre dos”, lui a répondu un agriculteur.

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Bagarres

Les heurts les plus violents se sont produits au pavillon 1 du Salon, celui où vaches, cochons et chèvres sont exposés. Des centaines de manifestant·e·s ont forcé des grilles et y sont entré·e·s vers 8 heures, s’opposant au service d’ordre et aux forces de l’ordre, avec plusieurs coups échangés et provoquant un retard d’une heure et demie de l’ouverture du salon au grand public. Ce hall, le plus couru, a finalement été ouvert puis refermé, illustrant la confusion générale, et donnant lieu à des scènes étonnantes d’enfants goûtant du fromage à un stand à quelques mètres de CRS casqués. Il y avait aussi pas mal de déception : “Il y avait des CRS partout. Ambiance de forteresse assiégée”, dit Sophie Sucurovski, 28 ans, venue des Ardennes avec son fils de deux ans.

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Emmanuel Macron a donné rendez-vous aux représentant·e·s syndicaux dans trois semaines, après le Salon, qui durera jusqu’au 3 mars. Il leur a répété que le gouvernement avait déjà pris 62 engagements en réponse au mouvement qui a explosé le 18 janvier et a fait plusieurs annonces, dont la création d’un “prix plancher” pour mieux rémunérer les agriculteur·rice·s, un recensement des exploitations nécessitant des aides de trésorerie d’urgence et l’inscription dans la loi que l’agriculture et l’alimentation était “un intérêt général majeur de la nation française”.

“Poser le mot sur le concept de prix plancher est déjà une petite révolution”, a salué auprès de l’AFP la porte-parole de la Confédération paysanne, syndicat opposé à l’agriculture intensive, Laurence Marandola. “Après, ce prix plancher va être construit par filière, du coup ça va être tiraillé entre producteurs et l’aval. On fera attention.” Quant à l’intérêt général majeur de l’agriculture, une source au sein de l’exécutif a ensuite simplement expliqué que cela voulait dire “reconnaissance de l’intérêt stratégique” du secteur, ce qui “emporte des conséquences juridiques”. C’était une revendication de la FNSEA, qui pourrait par exemple déclarer “d’intérêt général majeur” les réserves d’eau pour l’irrigation.

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Prix et loi

Le Premier ministre Gabriel Attal avait aussi dit que la prochaine loi agricole consacrerait l’agriculture “au rang des intérêts fondamentaux de la nation”. “Le fait qu’il n’y ait pas eu un mot sur le plan élevage est très préoccupant. On reste sur notre faim”, a en revanche dit à l’AFP ensuite Patrick Bénézit, président de la fédération nationale bovine. “La ferme France reste forte, c’est faux de dire qu’elle est en train de se casser la gueule”, a aussi martelé Emmanuel Macron dans son questions-réponses improvisé avec les agriculteur·rice·s. Il s’est emporté contre l’idée que le commerce international nuise forcément à l’agriculture française : “Moi, je veux bien qu’on ferme les frontières françaises, mais bon courage, on n’exportera plus rien”.

Alors que le mouvement de colère agricole se calmait depuis des annonces de Gabriel Attal il y a trois semaines, il est reparti après que l’Élysée a cité le collectif des Soulèvements de la Terre parmi les possibles participant·e·s à un grand débat ici, finalement annulé devant la bronca. Emmanuel Macron a affirmé samedi n’avoir “jamais songé initier” une invitation au collectif écologiste, qui s’était illustré en mars 2023 lors d’une journée d’affrontements autour d’un chantier de réservoir artificiel d’eau à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) et que le gouvernement a échoué à dissoudre.

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