En Catalogne, il existe des santons qui chient (et oui, il en existe en forme de Mbappé)

Publié le par Konbini avec AFP,

Photo by Josep LAGO / AFP

Qu’est-ce que c’est que cette tradition ?

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Avec son bonnet rouge, sa chemise blanche et son pantalon baissé, le “caganer”, traditionnel santon “chieur” des crèches catalanes, connaît une popularité croissante, notamment sous les traits des grands de ce monde, caricaturés en figurines d’argile incontinentes. Personnage emblématique des fêtes de Noël en Catalogne, région à cheval entre le nord-est de l’Espagne et le sud de la France, le “caganer” est généralement placé dans un coin discret de la crèche, non loin de la Vierge Marie, de Joseph et de l’enfant Jésus.

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De simple motif de divertissement pour les enfants, qui s’amusent à débusquer dans des scènes de la Nativité, ce berger accroupi et occupé à faire ses besoins, le “caganer” est devenu une attraction pour les touristes, notamment à Barcelone, où ces santons sont omniprésents sur les marchés de Noël.

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Cela permet aux touristes d’avoir “quelque chose de typiquement catalan”, commente Sergi Alós, copropriétaire de caganer.com, une entreprise familiale créée par sa mère voilà 31 ans et qui propose aujourd’hui 650 modèles de santons “chieurs” dans ses six boutiques (cinq à Barcelone et une à Madrid). Cette année, cette PME pense produire 140 000 de ces figurines, vendues à des prix allant de 5 à 21 euros.

Outre le paysan, qui constitue le “caganer” traditionnel, l’entreprise offre maintenant une kyrielle de personnalités, comme l’ex-président américain Donald Trump, le président russe Vladimir Poutine ou son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, mais aussi des chanteurs comme Michael Jackson et des sportifs comme Kylian Mbappé et Novak Djokovic. Tous ont un point commun : ils sont représentés accroupis en train de se soulager.

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Un magasin entier de santons chieurs © Photo by Josep LAGO / AFP

M. Alós précise que le modèle le plus vendu reste le paysan, suivi par les représentations de Lionel Messi. Il assure également ne pas recevoir de plainte des intéressés, dans la mesure où il s’agit, de son point de vue, d’un hommage et non d’une moquerie. “C’est très intéressant, nous sommes surpris de voir toutes ces figurines de célébrités et de politiciens”, confie, amusée, Amy Hu, une touriste de trente ans venue des États-Unis, pays étranger le plus intéressé par les “caganers”, selon M. Alós.

“Icône”

Selon la croyance populaire, les “caganers”, dont l’origine remonterait au XVIIIe siècle, apportaient fortune et joie dans les foyers. Mais pour Josefina Roma, professeure d’anthropologie de l’université de Barcelone à la retraite, la réalité est quelque peu différente. Ces figurines d’aspect grotesque ont pour but “de relier le peuple au mystère de la Nativité”, affirme-t-elle à l’AFP, associant les “caganers” aux personnages ludiques qui apparaissaient dans les récits théologiques afin de les rendre plus compréhensibles.

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Entouré d’une partie de sa collection de 1 400 “caganers”, Xavier Borrell confirme qu’il est difficile de connaître l’origine exacte de cette figurine. Peu à peu, “le ‘caganer’ a quitté la crèche et est devenu une icône”, affirme cet ingénieur à la retraite qui préside l’Association des Amis du “Caganer“, créée il y a 33 ans pour défendre ces santons d’un genre particulier, alors désavoués par certaines associations de crèches, et qui compte une centaine de membres.

Bien que l’essentiel de sa collection – qui comprend des spécimens du Portugal, du Brésil et de l’Italie, où il existe des traditions similaires – soit constitué de figurines classiques de paysans, M. Borrell se réjouit de la transformation du “caganer” en attraction touristique. “En Catalogne, on vend des chapeaux mexicains, des robes sévillanes, des statuettes de taureau, qui ne sont pas typiques de notre culture, et le fait que les touristes venant ici emportent un ‘caganer’ avec eux me plaît énormément”, assure le collectionneur.

“Scatologie”

Sur les marchés de Noël catalans, le “caganer” côtoie généralement les “tiós”, une bûche décorée avec des yeux ronds, un nez, un béret rouge et une petite couverture, que les enfants doivent frapper avec un bâton la veille ou le jour de Noël. Au son de la chanson “caga tió, tió de Nadal” (“Chie, bûche, bûche de Noël” en catalan, NDLR), la bûche doit “déféquer” les cadeaux, qui apparaissent alors sous la couverture.

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Cette tradition, que l’on retrouve également dans les régions voisines, provient, selon Mme Roma, de rites préchrétiens de vénération des ancêtres, aujourd’hui adaptés au consumérisme contemporain. Mais pour elle, ces multiples références à la défécation en cette période de Noël en Catalogne ne permettent pas de tirer de conclusions. “Il y a de la scatologie partout”, explique-t-elle.

Pour l’heure, le “caganer” catalan poursuit ses plans de conquête du monde. “Pour nous, Noël, c’est maintenant tous les mois”, se réjouit Sergi Alós en évoquant l’évolution de ses ventes.