Vu à Cannes : Loving, le biopic un peu trop simple de Jeff Nichols

Publié le par Charles Carrot,

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Un biopic humble et joli, mais un peu plat

Très en vue depuis Mud et Take Shelter, tout juste sorti d’un Midnight Special aux jolies fulgurances de mise en scène, Jeff Nichols signe ici un film d’une grande simplicité. Loving est beau, il évite les écueils du biopic pompier à l’américaine pour se concentrer sur le quotidien de ses personnages… Une idée intéressante, mais qui trouve rapidement ses limites. Un enfant, deux enfants, un procès, deux procès, un mur de briques puis un autre, saison après saison, le long métrage s’enfonce dans une confortable monotonie.
C’est tout là tout le drame d’un film qui cherche à éviter les flashs mais qui ne décolle vraiment que lorsque son histoire dépasse le cadre des époux Loving. Aussi touchants soient Richard et Mildred dans leur combat pour que soit reconnu leur amour – et malheureusement, ils ne sont pas aussi émouvants qu’on pourrait le penser –, les meilleurs moments de Loving ont lieu quand d’autres personnages entrent en jeu. Toujours aussi bon dans les scènes de nuit, Jeff Nichols se défend mieux quand il s’approche du thriller que lorsqu’il filme les sentiments.

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Potentiel mal exploité

Les prestations de Ruth Negga (bien) et Joel Edgerton (moins bien) ne sont pas ridicules : on ne niera pas que les acteurs donnent une vraie consistance au couple Loving, et que leur alchimie fonctionne. Mais ils paraissent un peu rigides face à un Nick Kroll qui a l’air de s’amuser en avocat des droits civiques et pire, ils sont presque transparents quand Michael Shannon apparaît à l’écran. L’acteur fétiche de Jeff Nichols ne fait qu’un passage relevant du caméo mais son charisme met en évidence le potentiel mal exploité du film, son manque d’intensité.
On se prend à rêver de dialogues plus vifs, d’une mise en scène plus énergique : dans Loving, l’action est rare, le drame souvent lointain. Les choses se passent ailleurs. À l’image d’une jolie scène dans laquelle Richard Loving croit voir revenir la police, à tort, le film multiplie les fausses alertes. Et malgré sa belle simplicité, il échoue à se hisser vraiment au-delà de son statut de biopic convenu, de joli produit conçu soigneusement pour la Compétition officielle… ou les Oscars.

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