Le trailer de Jurassic World ne plaît pas aux paléontologues

Publié le par Rachid Majdoub,

A voir aussi sur Konbini

Publicité

Les plumes

C’est sûrement l’un des plus gros reproches faits à Jurassic World : mais pourquoi n’ont-il pas mis de plumes à leurs foutus dinosaures, bordel ? Darren Naish, zoologiste spécialiste des dinosaures, relève le manque de spécimens à plumes dans ce trailer.

Publicité

Le message fondamental de #JurassicWorld est “Va te faire, la science, nous n’avons pas besoin de vos plumes puantes” !!


Et il n’est pas le seul à avoir été surpris de l’apparence des dinosaures présentés dans Jurassic World. L’absence de plumes sur certaines espèces a directement surpris, voire déçu, le paléontologue français Jean Le Loeuf :

Publicité

Les petits dinosaures carnivores qu’on voit à la fin autour de la mobylette n’ont pas de plumes, tout comme les petits Raptors de 1993 qui auraient dû avoir des plumes, car cette famille de dinosaures en possède.

Et si les Vélociraptors du premier Jurassic Park en 1993 n’avaient pas de plumes, c’est normal : la science elle-même n’avait pas encore fait cette découverte. Ce qui surprend le plus, c’est que l’équipe de production et de réalisation de Jurassic World n’ait pas pris en compte les progrès de la paléontologie sur les dix dernières années, n’intégrant pas à son film les nouvelles découvertes faites sur les dinosaures.
Les spécialistes regrettent également que la production du film n’ait pas fait appel à un scientifique pour recréer les dinosaures, comme Christopher Nolan l’a fait pour Interstellar. Jean Le Loeuf partage cet avis.

Pourquoi le réalisateur n’a-t-il pas suivi les derniers progrès de la recherche alors que les premiers opus étaient au top de la nouveauté ?
J’entends par progrès la découverte de plumes sur un certain nombre de dinosaures, depuis le début des années 2000. On s’étonne que cela ne soit pas représenté dans Jurassic World car cela a été une grande découverte. On s’est aperçu qu’il y avait peu de dinosaures à la peau écailleuse.

Publicité

Velociraptor vs Deinonychus

Depuis les Jurassic Park de Spielberg, le Velociraptor n’est pas fidèlement représenté, selon les spécialistes. Si cela est compréhensible pour les premiers Jurassic Park faute d’avancée suffisante dans les recherches scientifiques, ça l’est moins pour Jurassic World qui, selon Jean Le Loeuf, “aurait dû se mettre au dernier cri au lieu de prendre des dinosaures vintage”.
Dans Jurassic World, le Velociraptor ressemble plus à un Deinonychus qu’à un Velociraptor tel que la paléontologie le définit aujourd’hui.

Le Velociraptor et le Deinonychus sont de proches cousins, sauf que le Velociraptor est plus petit. Les deux dinosaures sont de la même famille, et avaient tous deux des plumes.

Publicité

En effet, selon les experts, ce dinosaure super vif et rapide pesait moins de 50 kg et avait des plumes, contrairement à celui représenté dans Jurassic World. Mais alors, si ce n’est pas un Velociraptor, pourquoi l’avoir appelé par ce nom ? Pour Jean Le Loeuf, la raison est simple :

Ils ont choisi de l’appeler Velociraptor parce que ça sonne mieux, c’est plus vendeur, en plus du diminutif “raptor” qui a beaucoup de succès.

Pour un pouce de plus

En effet, on peut voir les pattes d’un gros dinosaure carnivore avec un petit doigt qui dépasse. Le pouce est disposé trop vers l’extérieur mais pour moi, ceci n’est qu’un détail.

Publicité

Un détail qui prend toute son importance quand on connaît la réelle raison de la présence de ce pouce. Le grand méchant dinosaure du film est né d’une manipulation génétique, comme on peut le voir dans le trailer. Mais pas sûr que l’on ait envie de voir des dinosaures génétiquement modifiés, à l’écran.

Moustique et ADN

Un extrait du trailer de Jurassic World

Le moustique que l’on voit prisonnier du bloc d’ambre n’est pas un moustique : c’est une tipule. Ce qui change pas mal de choses et remet en cause tout le film, si l’on en croit les explications de notre paléontologue :

Je suppose que le prétexte ici est le même que dans le premier Jurassic : faire de la reconstitution à partir de l’ADN d’un moustique. Sauf que l’insecte dans le bloc d’ambre devrait être un moustique alors que c’est une tipule, qui est une famille d’insectes qui vit encore aujourd’hui… mais qui n’est pas du tout suceur de sang.

Jean Le Loeuf est rejoint pas d’autres experts :

Cher #JurassicWorld, les entomologistes sont réels. Nous sommes vraiment très agréables. S’il vous plaît, demandez-nous pourquoi les moustiques ne sont pas pareils que les tipules.


Donc, dans ce bloc d’ambre, ce n’est pas un moustique mais une tipule… qui ne pique pas. Pas de sang, pas de dinosaures. Puis, même s’il y avait du sang, Jean Le Loeuf nous explique que si l’intégrité d’un moustique peut survivre à des centaines de millions d’années, ce n’est pas le cas de l’ADN :

Ce qui ne survit pas à ces centaines de millions d’années, c’est l’ADN. Il ne se conserve pas aussi longtemps qu’un moustique. Le problème, donc, n’est pas de trouver des moustiques dans l’ambre, mais un ADN intact et conservé.

En quelques phrases, la paléontologie a parlé. Mettant au passage à mal toute notre jeunesse en arrivant à un constat simple et sans appel : si l’on suit la logique précédemment évoquée, il ne devrait pas y avoir de dinosaures dans Jurassic World.