TikTok a (encore) gagné : les artistes sortent officiellement les versions sped-up de leurs sons sur les plateformes de streaming

Publié le par Yasmine Mady,

Mais comment les versions accélérées sont-elles devenues plus populaires que les originales ?

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Si vous avez, vous aussi, le syndrome du scroll infini sur TikTok, vous êtes forcément inondé de chansons en version accélérée calibrées pour nous rester en tête pendant des heures et des heures.

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Plus ça va, plus on semble s’y habituer et nombreuses sont les personnes qui commencent à préférer les versions sped-up des chansons aux versions originales. Nos confrères de The Guardian ont relevé que, sur TikTok, le hashtag “SpedUpSounds” comptabilise près de 10 milliards de vues. Sur YouTube, on compte également un nombre incalculable de playlists composées uniquement de sons en accéléré.

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On est bien loin de l’époque où l’on cherchait les versions Chipmunks de nos hits préférés juste pour le fun sur YouTube. Désormais, certaines versions sped-up sont même largement plus populaires que les versions originales, obligeant ainsi les artistes à s’y conformer. Rien que ce vendredi : SZA a sorti la version sped-up de son hit “Kill Bill”, Jason Derulo celle de son titre “Whatcha Say” près de 15 ans après la sortie de l’originale et Jeremih a fait de même avec sa chanson “Changes”. C’est une pratique de plus en plus courante.

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Pour l’artiste Raye, qui a passé sept ans dans un label qui refusait de sortir son album, TikTok et la sped-up mania ont été le synonyme d’une revenge story à succès. L’artiste, désormais indépendante, a vu son titre “Escapism” péter tous les scores sur TikTok. Il y a un mois, elle sortait donc la version sped-up sur toutes plateformes et il y a quelques jours, on l’a retrouvée en torrent de larmes de gratitudes face à l’impact que tout cela aura eu sur sa carrière.

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Si on peut saluer l’opportunité que les versions sped-up peuvent représenter pour les sons d’antan qui bénéficient d’une sorte de seconde vie, ou le coup de pouce que cela peut représenter pour certains artistes indépendants comme Raye, lorsque des titres qui ont moins d’un mois de vie sortent officiellement en version rapide sur les plateformes, dès lors, ça devient un marqueur très particulier pour l’industrie musicale. C’est l’artiste et tous ceux qui ont travaillé sur un titre (on pense particulièrement aux producteurs/beatmakers) qui acceptent une nouvelle règle créative dictée par TikTok.

Il y a quelques mois déjà, on partageait comment TikTok était parvenu à changer l’expérience des concerts. Nous étions tristes de découvrir des vidéos de concerts de Steve Lacy virales sur TikTok, où le public était vivant uniquement pendant un court refrain de “Bad Habit”, puis presque inerte le reste du temps. Steve Lacy qui connaît un succès monstre avec ce titre a récemment expliqué que son label lui a aussi proposé de sortir officiellement une version sped-up de “Bad Habit”. Il a également fait part de sa réaction suite à cette proposition : “J’étais en mode : ‘berk, ça sonne dégoûtant mais OK d’accord’. Je suis numéro 2 (sur les charts) et je veux être numéro 1, donc allez-y”, avant d’expliquer le processus créatif de ce titre qui aura duré près d’une année…

Pour Billboard, Nima Nasseri, vice-président de la stratégie A&R chez Universal Music, explique que : “Avant, on utilisait les remix des clubs pour diversifier la visibilité d’un son. L’objectif était de ramener de la visibilité à la version initiale. Maintenant, les gens découvrent la version originale depuis la version sped-up ou slowed-up (ralenti)”.

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Il note aussi l’impact du phénomène sur les DJ en relevant qu’“au lieu de payer 50 000 dollars pour un remix d’un DJ de renom, les artistes peuvent dépenser un moindre coût pour une version accélérée et avoir beaucoup plus de retours sur investissements”.

Toujours selon Billboard, Jacob Byrnes, directeur de contenu stratégique pour le groupe Universal Music, a également rapporté que 80 % des sons du top 100 de TikTok seraient des titres dont le tempo a été altéré.

Si l’opportunité financière que cela représente est indéniable, on peut questionner l’impact que peuvent avoir ces remix addictifs à moindre coût sur la créativité, la visibilité ou l’invisibilisation des artistes et de leur travail.

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