Saint-Valentin : quand le rap français déclare son amour aux femmes

Publié le par Jérémie Léger,

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Orelsan a brillé lors de la dernière cérémonie des Victoires de la musique. Hasard du calendrier, son sacre a eu lieu quelques jours seulement avant un événement indissociable de sa discographie : la Saint-Valentin.

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Eh oui, depuis une dizaine d’années, on a tous un ami (ou plusieurs, d’ailleurs) qui systématiquement partage sur les réseaux sociaux l’incontournable (et controversé) clip des Casseurs Flowters, “Saint-Valentin“. On ne citera pas les paroles, vous les connaissez forcément.

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Ah, la misogynie dans le rap français ! Un éternel (faux) débat… que nous n’ouvrirons pas aujourd’hui. En ce jour tout beau et tout rose, penchons-nous plutôt sur ces titres incontournables qui font l’apologie de l’amour et des sentiments et ceux qui défendent les femmes. Les rappeurs même les plus hardcore peuvent aussi se montrer fleur bleue quand ils le veulent.

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MC Solaar – “Caroline”

Puisque c’est la Saint-Valentin, autant commencer par un classique qui parle d’amour. Ce titre a tellement marqué les générations qu’on pourrait presque rebaptiser le 14 février la “Saint-Caroline”. Blague à part, MC Solaar est à n’en point douter l’un des plus grands poètes du rap français.

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Printemps 1992, il sort ce single extrait de son mythique premier album sorti l’année d’avant, Qui sème le vent récolte le tempo, et qui, historiquement, se révèle être la première grande chanson d’amour du rap français. Elle en a de la chance, Caro !

“Claude MC prend le microphone genre ‘love story’ raggamuffin
Pour te parler d’une amie qu’on appelle Caroline
Elle était ma dame, elle était ma came
Elle était ma vitamine
Elle était ma drogue, ma dope, ma coke, mon crack
Mon amphétamine, Caroline”

Oxmo Puccino – “J’te connaissais pas”

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On enchaîne avec un autre des plus grands poètes du rap français, j’ai nommé Oxmo Puccino. Un artiste qui, dans ce titre extrait de son cinquième album, sorti en 2009, L’Arme de paix, raconte les premiers émois de sa jeunesse.

Mais ne vous y trompez pas, il vit à l’époque de nombreux plaisirs charnels faits d’excès et de débauche. Une tentation démoniaque qu’il finit par laisser derrière lui après avoir rencontré sa douce. Eh oui, le véritable amour est plus fort que tout.

“Les gens peuvent s’aimer avant de s’croiser
D’ailleurs tout d’suite j’ai su qu’c’était toi
Un homme a soif de mille aventures
On les veut toutes, mais il en suffit d’une”

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Doc Gynéco – “Vanessa”

Ah, Doc Gynéco ! Il a beau avoir signé son retour il y a quelques jours avec le morceau “France“, cela n’empêche pas son album Première Consultation, sorti en 1996, d’être intemporel. Comme “Caroline” de MC Solaar, nous avons tous probablement croisé un jour le chemin de “Vanessa” (Paradis ?), cette femme illustrant à elle seule un idéal féminin.

Sexuellement très explicite, comme bon nombre des morceaux du Doc d’ailleurs, “Vanessa” relate sans tabou et avec sensualité les fantasmes les plus intimes et torrides du rappeur. Clairement, on ne s’en lassera jamais.

“Je rêve de bas résille, de filles qu’on déshabille
Qui glapent et s’égosillent, et déjà mes yeux brillent
Devant une photo de… Oh, Vanessa
Que je mate à la mort, j’ai déjà des remords
Car je pense à des ventre-à-ventre, à des corps-à-corps
À du va-et-vient, encore, encore”

Hocus Pocus – “Je la soul”

Le beatmaker 20Syl a beau se concentrer aujourd’hui sur son duo formé avec le MC californien Mr. J. Medeiros, il a pendant longtemps porté le groupe nantais Hocus Pocus en tant qu’MC. Sur le deuxième album de la formation daté de 2007, Place 54, figure le morceau “Je la soul”, une déclaration d’amour de 20syl.

Sur de délicieuses notes jazzy, il remercie sa femme de le supporter au quotidien, qu’il s’agisse de ses petits défauts ou de sa passion exacerbée pour la musique. La force de ce titre ? Il est universel et parle à tout le monde. Pour sûr que de nombreux couples se retrouveront aisément dans son histoire.

“Je la soul
Quand mes yeux se posent et traînent
Sur des courbes qui ne sont pas les siennes
Quand j’mange son p’tit plat comme un surgelé
Et que j’fais : ‘Hey, la date était pas dépassée ?'”

Orelsan – “Paradis”

On a beau trouver absurde la pétition lancée pour retirer à Orelsan les prix qu’il a reçus aux Victoires de la musique, ne nous mentons pas : pendant longtemps, l’artiste s’est spécialisé dans l’écriture de chansons de rupture misogynes. (“Pour le pire”, “Double Vie”, “Sale Pute”…) Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir sur son dernier album, La fête est finie, sorti l’année dernière, le morceau “Paradis”.

Une déclaration d’amour à sa compagne, avec laquelle il partage depuis sept ans une relation fusionnelle et stable. On y découvre un artiste plus que jamais mature et définitivement amoureux. Dix ans plus tôt, le rappeur de Caen s’imaginait-il capable d’extrapoler autant sur ses sentiments ? Probablement pas, et c’est ça qui rend le morceau si beau.

“On dit qu’le temps détruit mais l’temps n’est pas notre ennemi
Parce que plus j’te connais et plus j’me sens béni
Assez béni pour t’emmener à l’église
Dire au prêtre : ‘Oublie l’truc où la mort nous sépare, on va rester dans cette vie'”

Diam’s – “Par amour”

Cela fait déjà cinq ans que Diam’s a quitté le rap game pour se consacrer pleinement à la religion, mais beaucoup de ses morceaux sont restés intacts dans les esprits. “Par amour” est sans conteste l’un d’entre eux. Dans ce son daté de 2006, la rappeuse fait écho à l’histoire de l’une de ses amies qui, après le décès tragique de l’homme qu’elle aimait, s’est suicidée.

Outre la tristesse du dénouement, Mélanie nous conte dans un émouvant storytelling la romance merveilleuse et magnifique que vivait le jeune couple. Douze ans plus tard, on verse toujours la même petite larme.

“L’un pour l’autre vous disiez adieu à l’enfer
Adieu aux rêves éphémères qui coulaient dans vos veines
Poupée, bientôt la vie sans poison ni artifice
De l’amour, de l’eau fraîche et des rires sans acide
Je sais, tu étais belle poupée, tu étais sienne
Tu étais reine et bel et bien debout devant un monde qui crève”

Soprano – “Je serai là”

En 2011, Soprano sortait le double album La Colombe et le corbeau, avec un côté lumineux et un autre plus sombre. Forcément, le côté colombe laisse plus que jamais place aux sentiments. Après des bouteilles jetées à la mer, le rappeur marseillais a finalement trouvé le chemin du bonheur, sa femme et ses enfants l’ayant aidé à sortir de la mélancolie. Sur cet album, il publie donc “Je serai là”, un morceau dans lequel il parle à cœur ouvert à sa dulcinée.

“Je t’ai vu porter neuf mois, ce qu’on n’trouve pas au paradis
Je t’ai vu dans mes bras, toi, le vrai sens de ma vie
Je t’ai vu cacher tes larmes pour me voir sourire
Décharger mon arme pour m’empêcher de mourir”

Nekfeu – “Galatée”

Coutumier des histoires amoureuses dans ses textes, Nekfeu aborde dans “Galatée” (qui est, dans la mythologie grecque, une nymphe marine très convoitée par les hommes), sorti en 2016 sur l’album Cyborg, sa relation tumultueuse avec une femme qu’il a aimée. Une amoureuse jalouse qui n’arrive pas à passer outre le succès du rappeur.

Spoiler, l’histoire finit mal, mais n’en est pas moins belle car le leader du S.Crew explore ses émotions en se souvenant de tous les bons moments passés avec la jeune femme. La peine est double pour lui puisqu’on comprend vite que les sentiments qu’il éprouvait à son égard n’ont pas disparu.

“Je serai fair-play, si je feins d’être énervé, c’est pour te faire plaisir et je me pencherai, me moquant de ton air boudeur
Pour m’emmerder, t’allumeras un joint d’herbe ou deux
Tu joueras l’insoumise mais tes mots m’affectent pas
J’obtiendrai ton sourire, le seul témoin d’ma victoire
Je tiendrai tes oreilles pour les empêcher d’se sauver
J’te dirai : ‘Y’a d’la meuf dans cette soirée’ mais moi, j’ai vu qu’toi”

Vin’s – “#MeeToo”

Jeune rappeur originaire de Montpellier, Vin’s a sorti en janvier dernier son nouvel album, 23 h 59. Sur celui-ci figure l’un des titres qui l’ont projeté sur le devant de la scène ces derniers mois, “#MeeToo”, qui fait référence au mouvement du même nom.

Dans le contexte tendu que l’on connaît, l’artiste a fait part de son engagement contre toutes les formes de misogynie et de sexisme présentes au cœur de notre société. Un morceau poignant dans lequel Harvey Weinstein et tous les autres porcs en prennent pour leur grade.

“Ça fait des blagues ouais ça rigole dès qu’une d’elles mange une banane
Ça parle mal le sexisme est banal mais on l’dédramatise
“Eh madame viens par ici, une ambiance qui traumatise
Demande à Weinstein ce qu’il faut faire pour avoir un contrat d’artiste”

Médine – “Combat de femme”

On termine cette liste non exhaustive des déclarations d’amour du rap français faites aux femmes avec un hymne de bataille, sorti en 2005, pour toutes celles qui ne se sentent pas respectées. Connu pour sa plume fine et habile, Médine se veut toujours aussi éloquent et offre, avec cette chanson au titre explicite, un merveilleux message qui redonne force et honneur à toutes les femmes. Sur ces belles paroles, joyeuse Saint-Valentin à tous.

“Lorsque les mères enfantent les filles et les filles deviennent femmes
Deviennent des sœurs, des demoiselles puis des dames
Combattre au féminin et ce depuis les premiers âges
Et quel que soit leur nom elles sont synonymes de courage”