Robot-artiste et œuvres codées : le numérique prend matière dans une exposition-événement

Publié le par Konbini avec AFP,

© Hill Street Studios/DigitalVision/Getty Images ; © iLexx/iStock/Getty Images Plus via Getty Images

"Les artistes sont des chercheurs qui essaient de capter le rapport au temps. Le digital ouvre des champs nouveaux [jamais explorés], mais aussi des univers poétiques."

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Passer du code à la machine, faites-le bouillir… Au Musée international des arts modestes (Miam) de Sète, des artistes rendent compte de leur travail d’appropriation voire de détournement des outils numériques pour créer des œuvres hybrides mêlant matière et virtualité.

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Baptisée “Fait machine”, l’exposition, qui rassemble les œuvres d’une quarantaine d’artistes, est ouverte jusqu’au 12 novembre dans le musée situé le long du Canal Royal. “Depuis une quarantaine d’années, j’utilise les outils numériques, non pas pour en faire leur apologie mais pour démontrer qu’on peut en faire une écriture en soi”, résume Miguel Chevalier, pionnier en France de l’art virtuel et numérique.

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Ses œuvres jouent notamment sur l’esthétique des fractales, ces figures mathématiques que l’on retrouve dans la nature. Celles exposées au Miam, niché dans un ancien chai au cœur de la ville de Georges Brassens, se déploient à la fois sur un écran vidéo et sous la forme de douze petites statues aux allures de fleurs ou de méduses matérialisées par imprimante 3D.

“On visualise cet univers algorithmique, abstrait en soi mais qui du coup devient tangible. On fait des va-et-vient entre le réel et le virtuel”, souligne l’artiste de 63 ans qui vit et travaille à Paris. “Les artistes sont des chercheurs qui essaient de capter le rapport au temps. Le digital ouvre des champs nouveaux que d’autres n’avaient pas explorés, mais aussi des univers poétiques sources d’émotions”, poursuit Miguel Chevalier.

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On découvre un peu plus loin le projet d’eye tracking – suivi du regard – développé par Michel Paysant. Capté par des lunettes spéciales, le mouvement de ses yeux dirige le bras d’un robot doté d’un pinceau qui reproduit à distance l’objet observé par l’artiste, par exemple une fleur. Le tracé obtenu, à la fois précis et fragile, peut ensuite être reproduit sur des vases en porcelaine.

“S’inspirer des termites”

“La question posée par cette exposition est de montrer comment ces artistes donnent une forme tangible, matérielle à du code informatique et comment on passe de l’un à l’autre” via des machines “qui vont être détournées, bricolées, bidouillées”, souligne Noëlig Le Roux, un des deux commissaires de l’exposition.

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Au premier étage du musée, une tricoteuse low tech du duo d’artistes Varvara & Mar déroule ainsi une sorte de longue chaussette bicolore. Les plans de la machine sont en libre accès sur Internet. “Toutes les œuvres présentées ont bien sûr largement le niveau, l’esthétique, pour être exposées en galerie. On a des artistes qui sont très connus et d’autres qui commencent. Et c’est ça qu’on aime : faire confiance aux artistes quels qu’ils soient, en regardant leurs œuvres”, explique la directrice du Miam Françoise Adamsbaum.

Parmi les artistes invité·e·s, Pit Molling trouve sa matière première au hasard de promenades dans les forêts du Luxembourg, où il est né en 1984. À de simples bûches abandonnées, il va ainsi adjoindre des éléments en “plastique organique” produits dans sa “ferme d’imprimantes 3D”. “Pour moi, c’est la continuation du travail de la nature”, dit-il, confiant “s’inspirer du travail des termites”.

Ailleurs, c’est Matthew Plummer Fernandez, qui “remodèle” la figure de Mickey en la soumettant à des algorithmes. À côté, le regard est irrésistiblement attiré par la distorsion visuelle d’un tissage surréaliste de l’artiste azerbaïdjanais Faig Ahmed.

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La visite du petit musée s’achève par un coup d’œil sur la collection permanente du Miam, faite de milliers d’objets emblématiques de l’art modeste : jouets, figurines, gadgets et autres “bibelots” évoluant aux frontières de l’art brut, de l’art naïf et de l’art populaire.