Résistance, conflits, images iconiques : 3 choses à savoir sur le photographe Marc Riboud

Publié le par Konbini avec AFP,

Marc Riboud sur le pont Zhuhai, Chine, 1993. (© Xiao Quan)

Marc Riboud est l’auteur de photographies qui ont marqué notre époque et nos esprits. Retour sur la carrière du résistant qui a immortalisé notre monde.

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Le musée des Confluences de Lyon célèbre, jusqu’au 31 décembre 2023, le centenaire de la naissance du photographe Marc Riboud, présentant 100 de ses clichés parmi les plus emblématiques. C’est la première fois que l’institution, inaugurée fin 2014, consacre une exposition entièrement dédiée à la photographie.

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Le choix s’est naturellement porté sur le célèbre photographe-voyageur né en 1923 à Saint-Genis-Laval, près de Lyon, et décédé en 2016. “L’idée, c’est de présenter l’univers de Marc Riboud, sa personnalité et les grands thèmes qui ont fait sa vie : le voyage, son regard sur les gens, la rue, la contemplation et les grands bouleversements du monde”, explique Marianne Rigaud-Roy, cheffe de projet de l’exposition.

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Il était résistant

De l’Europe à l’Asie en passant par le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord, le public est invité à découvrir le parcours de vie de l’ingénieur de formation, dont son engagement dans la Résistance, à 20 ans, lors de la Seconde Guerre mondiale. Marc Riboud a commencé la photo avec l’appareil que son père utilisait dans les tranchées, lors de la Première Guerre mondiale. C’était un Vest Pocket de la marque Kodak.

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Le Peintre de la tour Eiffel, Paris, France, 1953. Lorsque Marc Riboud s’installe à Paris en 1953, la tour Eiffel est en train d’être repeinte. Il grimpe par l’escalier à la rencontre de ces peintres acrobates, muni de son appareil. Son ami Robert Capa sélectionne cette photographie. Ce sera sa première publication dans Life, et son ticket d’entrée à l’agence Magnum Photos. (© Marc Riboud/Fonds Marc Riboud au MNAAG)

Il grandit en faisant le deuil de son père qui, traumatisé par le souvenir de cette guerre, se suicide quelques semaines après le début de la Seconde Guerre mondiale. Ses premières photos datent de ses 14 ans. Il immortalise, en 1937, l’exposition internationale “Arts et techniques dans la vie moderne”, à Paris, ainsi que les châteaux de la Loire.

1939 arrive, et Riboud passe les trois premières années de l’Occupation à Lyon. Il est à ce moment-là lycéen et rejoint la Résistance au côté du fiancé de sa sœur Françoise. Celui-ci sera tué par les nazis. En 1944, le photographe échappe de peu à une arrestation par les Allemands, dans le maquis du Vercors. C’est durant ces années-là qu’il se décide à entamer une carrière de photographe plutôt que de suivre sa formation d’ingénieur.

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Il est l’auteur de photographies iconiques

Parmi les œuvres exposées, on retrouve sa photo emblématique intitulée “La Jeune Fille à la fleur” (1967), qui présente une femme défiant les fusils des policiers, un chrysanthème à la main lors d’une manifestation à Washington D.C. contre la guerre du Vietnam, est la plus connue du grand public. Cette image est devenue un symbole des luttes populaires, de la paix.

La Jeune Fille à la fleur, Washington D.C., États-Unis, 1967. En octobre 1967, la jeunesse américaine défile en masse contre la guerre du Vietnam devant le Pentagone à Washington D.C. À la tombée de la nuit, tandis que la foule se disperse, cette femme, une fleur à la main, s’approche des baïonnettes. “La jeunesse américaine avait ce jour-là un beau visage”, dira Marc Riboud. (© Marc Riboud/Fonds Marc Riboud au MNAAG)

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Le cliché du “Peintre de la tour Eiffel” (1953), aussi iconique, est également exposé. On y voit un ouvrier en plein travail de restauration sur une poutrelle de la Dame de fer, le pinceau à la main, l’air guilleret. Cette image fera également le tour du monde et sera la première publication de Marc Riboud dans le magazine américain Life, ainsi que son ticket d’entrée pour la célèbre agence Magnum Photos.

Il n’avait pas peur d’aller au cœur des conflits

Le travail du Lyonnais, un familier des illustres Henri Cartier-Bresson et Robert Capa, ses pairs, participera dès lors à l’essor du photojournalisme de l’après-guerre. En Asie, il dénoncera “la violence des conflits”, selon Mme Rigaud-Roy, que saisit notamment une série d’images sur de petits villages détruits au Vietnam par la guerre avec les États-Unis. Marc Riboud se détournera des champs de bataille, marqué par la cruauté d’une scène lors la guerre de libération du Bangladesh en 1971.

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Comme un point final à l’exposition, qui dévoile aussi des images de l’indépendance de l’Algérie et de la révolution islamique en Iran, le public pourra écouter un témoignage du photographe, enregistré depuis la Chine, pays qu’il affectionnait particulièrement. Le public retiendra la déambulation d’un Pékinois dans “Une Cité interdite sous la neige” (1957), mais aussi le quotidien des habitant·e·s d’une rue de la capitale chinoise connue pour ses boutiques d’antiquités dans “Fenêtres d’antiquaire” (1965).

Joie, le jour de l’indépendance de l’Algérie, Alger, Algérie, 1962. (© Marc Riboud/Fonds Marc Riboud au MNAAG)
Rameurs, Accra, Ghana, 1960. Dans les années 1960, Marc Riboud est souvent allé en Afrique fêter les indépendances de plusieurs pays. Ici, au Ghana, indépendant depuis 1957, il nous montre la détermination de ces pêcheurs qui devaient franchir une “barre” dangereuse avant de trouver leurs poissons, ou de décharger des bateaux de marchandises. (© Marc Riboud/Fonds Marc Riboud au MNAAG)
Prière sur un site de forage pétrolier, près d’Al Mubarraz, Arabie Saoudite, 1974. (© Marc Riboud/Fonds Marc Riboud au MNAAG)