Rencontre avec les créateurs du film Pride, la Queer Palm de Cannes

Publié le par Constance Bloch,

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“La tristesse ne vous change pas. Le rire, oui.”

K | De par son sujet, Pride est un film engagé. Pensez-vous que ce soit important que le cinéma fasse passer des idées engagées par le biais du divertissement, en faisant rire les gens ?
S. B. | Pour moi c’est essentiel. Il n’y a pas de meilleur moyen de parler de gros sujets compliqués qu’en les rendant amusants et touchants. Si je vois un film sur un sujet très tragique et sérieux, à la fin je vais ressentir beaucoup de choses, mais je n’aurais pas changé. Parce que la tristesse ne vous change pas. Le rire, oui.
M. W. | Je suis d’accord. Par exemple, si de prime abord vous aviez pensé que le film était sur le socialisme, et que vous n’aviez pas envie de voir de la politique, vous l’auriez évité. Idem si vous pensiez que c’était sur l’activisme gay, et que cela ne vous intéressait pas. Et si ça avait été un film sur la tolérence et la compassion, vous auriez pu croire que c’était un conte de fée. Mais ce qui arrive quand on en fait une comédie, et que l’on joue habilement avec le politiquement correcte, et c’est ce qui rend le film universel. Il peut ainsi parler à tout le monde.
K | Aviez-vous plus de pression en adaptant une histoire vraie ?
S. B. | Oui, il y avait une forme de pression c’est sûr. Mais encore une fois, la pression peut-être bonne. Ici, c’était un bon mélange. Le fait que l’histoire soit vraie lui donne de l’autorité. C’est très important quand les gens regardent.
K | Qu’avez-vous ressenti quand le film a gagné la Queer Palm ?
M. W. | On a eu la nouvelle [de la sélection à Cannes, ndlr] deux jours après la fin du montage. J’étais épuisé depuis huit mois, et à ce moment-là j’étais au-delà de l’épuisement, tout était un peu trouble. Je n’étais jamais allé au Festival de Cannes auparavant. Mais la chose la plus importante concernant ce prix, c’est surtout que les gens peuvent avoir des préjugés sur la réalisation cinématographique. Ils peuvent être condescendants lorsqu’il s’agit de la valeur artistique d’un film populaire. Pride est un film populaire, le sujet est simple quelque part.
On peut penser que pour avoir de la reconnaissance artistique, un film doit être douloureux, sérieux, difficile d’une certaine façon. Du coup, être accepté à Cannes était très encourageant. Car ce que nous espérions, c’est être tout cela à la fois, en un film. On a travaillé dessus de manière intelligente je crois, pour réunir tout ça dans Pride. Et l’expérience de Cannes a validé ce que nous pensions.
Propos recueillis avec Naomi Clément.
Publié le 16 septembre 2014 à 19h21.

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