Ce docu magistral retrace la vie du légendaire Quincy Jones

Publié le par Guillaume Narduzzi,

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Quincy Jones est toujours des nôtres, mais il a déjà le droit à un grand documentaire sur Netflix. À coup sûr l’un des plus réussis du genre.
Prince/Michael Jackson ? Ray Charles/Frank Sinatra ? Tupac/Biggie ? Carlton/Geoffrey ? Sam Cooke/Curtis Mayfield ? John Legend/Dr. Dre ? Jazz/Pop ? Le Fast & Curious de Quincy Jones pourrait durer des heures et des heures. Une mission quasi impossible, tant le producteur de légende a traversé les époques. Fort de ses 70 ans de carrière, il continue d’assister aux mutations d’une industrie musicale qu’il connaît par cœur, mais aussi à celles de la société. Netflix lui a consacré un documentaire magistral : Quincy. C’est l’occasion pour nous de vous le présenter.

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Une légende forgée dès son plus jeune âge. Sans son père et avec une mère qui sombre dans la folie, le jeune Quincy se retrouve à errer dans les rues de Chicago avec son frère dès ses 7 ans. Il y côtoie les gangsters et apprend la loi de la rue. À 14 ans, il est le seul survivant d’un accident de voiture. Comme si le ciel ne voulait pas de lui. Mais ce n’est que le début.
Quincy commence alors la musique, avec une vocation presque évidente pour la trompette. Il poursuit sa formation à Paris et répète ses gammes jusqu’à ne plus en pouvoir, avant de rejoindre la Grosse Pomme des années 1960. Son ascension est aussi fulgurante qu’irrésistible.
Frank Sinatra lui ouvre les portes du showbiz, qu’il ne quittera plus jamais. En devenant le premier homme dont la musique a été jouée sur la Lune, il atteint le statut de légende du jazz, au même titre que ses contemporains Ray Charles (l’un de ses meilleurs amis), Miles Davis, Sammy Davis Jr., et tant d’autres. Dans une Amérique encore très raciste et agitée par la fin de la ségrégation, il est élevé au rang d’icône grâce à son œuvre colossale.

L’un des artistes les plus influents de tous les temps

Mais le talent de Quincy Jones ne pouvait être contenu dans un seul genre musical. Avec son inspiration débordante, “The Dude” offre des musiques à la pelle pour les studios hollywoodiens. Ne pouvant plus jouer de sa trompette fétiche à cause de problèmes de santé, il est obligé de se diversifier.
Ce fut un mal pour un bien : grâce à cette reconversion forcée, “Q” s’impose comme l’un des meilleurs producteurs de son époque. En témoigne l’exemplaire Thriller de Michael Jackson, qui trône toujours fièrement au-dessus de son canapé. Quincy Jones multiplie les projets (notamment en tant que producteur de la série culte Le Prince de Bel-Air), avec toujours autant de succès.
S’il a été le témoin privilégié de toutes les évolutions artistiques au cours de la période la plus faste de l’histoire de la pop culture– “Chaque année la musique change”, clame-t-il –, il n’est pas en reste sur les questions sociales. Quincy connaît parfaitement son rôle, et continue de dénoncer le racisme à l’œuvre en Amérique. Avec lui, la musique n’est pas qu’un vaste ensemble de notes et de chants, elle est aussi d’utilité publique. Personnage exubérant, il est également un ambassadeur de la paix et de l’amour fraternel.
Parmi ses combats majeurs, on retrouve la défense de la culture noire et de ses racines africaines. Des convictions si fortes qu’elles permettront l’ouverture du Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines, inauguré par Barack Obama en personne. Tout un symbole.
Désormais, il continue d’enchaîner les voyages et les projets. Tous les ans, Quincy retrouve le mythique Montreux Jazz festival – la preuve qu’il restera éternellement fidèle à ses racines musicales. En pleine forme après une nouvelle opération du cerveau il y a quelques années, il est le client idéal pour un documentaire. Toujours aussi actif malgré le poids des années, il est une véritable pile électrique sur pattes, et ne s’accorde une pause qu’occasionnellement, le temps de faire des mots croisés.

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Un docu incontournable

Dans le documentaire Quincy, disponible sur Netflix depuis le 26 septembre, il apparaît comme intimement humain. “The Dude” aimait (souvent excessivement) les femmes et la fête, et avait une bonne descente avant d’arrêter l’alcool récemment.
Un film d’autant plus émouvant qu’on assiste probablement au crépuscule d’une légende. Réalisé par Rashida Jones (l’une de ses filles, qui a notamment réalisé le docu Hot Girls Wanted) et Alan Hicks, Quincy rejoint directement Marley ou Kurt Cobain : Montage of Heck parmi les documentaires les plus réussis sur des figures historiques de la musique.
Même si les quelques sorties fracassantes que le producteur a pu faire ces dernières années ne sont pas évoquées – certains de ses propos frisaient parfois l’hérésie –, Quincy est particulièrement complet. Aujourd’hui, la légende est toujours à la tête de son label et continue de transmettre son savoir. “Soit on s’adapte, soit on meurt”, a-t-on l’habitude d’entendre. À 85 ans, Quincy ne semble pas vouloir raccrocher tout de suite.