Qu’est-ce qui se cache derrière la polémique autour d’Aya Nakamura aux JO ?

Publié le par Sandra Gomes,Lucie Bacon,

Photo by Jacopo Raule/Getty Images

Spoiler : du racisme et du classisme.

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Reçue il y a quelques jours à l’Élysée, la chanteuse pressentie pour performer lors de la cérémonie des Jeux olympiques s’est vue interrogée par le président de la République sur les chanteurs ou les chansons du répertoire français qui comptaient pour elle. À cette question, la chanteuse aurait répondu qu’elle aimait beaucoup Édith Piaf et il n’en fallait pas plus pour qu’Internet s’enflamme, relançant alors des débats à l’infect arrière-goût.

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Même si l’idée d’Aya reprenant du Piaf à la cérémonie d’ouverture des JO reste hypothétique à ce jour, on a assisté dernièrement à une levée de boucliers sur X/Twitter de la part de twittos s’inquiétant de l’image renvoyée au monde entier par ce choix, qui semble être l’enjeu majeur de ces cérémonies. Mais qu’est-ce qui inquiète donc les prétendus défenseurs de la culture française ?

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Pas de bol pour eux, si on parle de rayonnement de la France à l’international, c’est bien d’Aya Nakamura dont il faut parler. La chanteuse, qui cumule près de neuf millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, est l’artiste française la plus écoutée dans le monde. La culture française, c’est beaucoup elle.

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Le principal argument des détracteurs de la chanteuse : la langue française se meurt et Aya Nakamura aurait du sang sur les mains. On doute que ce soit le rôle des artistes de remplacer l’Éducation nationale et de s’inquiéter devant le niveau aux dictées des Français. Il est étrange également de n’avoir jamais eu ce genre d’écho lorsqu’il s’agit de n’importe quelle icône pop, d’Édith Piaf à nos jours.

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Alors que ses fidèles ennemis s’autodiagnostiquent experts musique, on est en droit de se poser la question de ce que comprennent ces gens des cultures populaires puisqu’Aya est, de fait, l’artiste qui fédère le plus grand nombre au sein du pays. Que ça plaise ou non, tous genres, tous âges et toutes classes sociales confondus, c’est elle que les Français ont le plus envie d’entendre.

Comme le rappelle Olivier Cachin, journaliste musical et auteur, sur BFM, “Aya Nakamura est l’équivalent de ce qu’était Édith Piaf il y a 60 ans, c’est-à-dire la chanteuse française la plus populaire à l’étranger […]. Celle qui représente la France à l’international aujourd’hui, c’est Aya Nakamura. Que ça plaise ou non, pour des raisons musicales ou […] extra-musicales”.

Ces raisons extra-musicales, Internet les résume bien. Dans une vidéo grandement relayée, on peut revoir toutes les fois où Aya Nakamura a été confrontée à un mépris des médias qui, tour à tour, écorchent son nom en direct à la télévision, ricanent à sa simple évocation ou la dénigrent même frontalement sur les plateaux, la traitant de “Madonna des banlieues”, et la confondent régulièrement dans la presse avec n’importe quelle personnalité noire dans le choix des photos d’illustration.

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Qu’est-ce qu’on doit comprendre dans le fait de lui demander d’interpréter les morceaux d’une autre ? Sûrement qu’on peut de plus en plus difficilement nier son hégémonie dans le paysage culturel français mais qu’elle devrait quand même faire l’effort d’enfiler les vieux habits d’une France réac. Les racistes se cachent alors derrière bien des valeurs pour simplement manifester leur haine devant la femme noire influente, décomplexée et adulée par le peuple qu’elle est.

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Bonne nouvelle, le bon sens domine. Même chez ceux qu’on n’aurait pas vu venir (Daniel Riolo dans la Nakamurance ?), la grande majorité semble d’accord pour dire que celle qui représente le mieux la France aujourd’hui, c’est plutôt Aya Nakamura que Véronique Sanson.

Aya a toujours su faire fi de ces polémiques, nul doute qu’elle saura une fois de plus avancer et continuera de conquérir le monde. Nous, c’est ses propres compositions qu’on veut entendre le jour J, pour un moment de fierté nationale garantie.