Prisonnier, malvoyant et choux : 5 choses que vous ne saviez pas sur l’artiste Jean Hélion

Publié le par Pauline Allione,

© Jean Hélion/ADAGP, Paris, 2024

On vous file des anecdotes sur le peintre, à ressortir, l’air de rien, pour épater la galerie lors de votre visite de l’exposition qui lui est consacrée au Musée d’Art Moderne.

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Peintre, intellectuel, graveur, cocréateur du groupe Art concret (devenu Abstraction-Création), importateur de l’abstraction aux États-Unis… Jean Hélion (1904-1987), figure majeure de l’art abstrait puis de l’art figuratif, est au cœur d’une grande exposition rétrospective que lui consacre le Musée d’Art Moderne de Paris jusqu’au 18 août 2024.

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En attendant de découvrir plus de 150 de ses œuvres classées chronologiquement au fil de l’exposition, on vous propose de bosser vos classiques et d’apprendre ce que vous ne saviez peut-être pas encore sur le peintre couternois.

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Il s’est ému pour la peinture… presque par hasard

Issu d’un milieu modeste, Jean Hélion – né Bichier – ne se destine pas à une carrière d’artiste. Il se forme d’abord au métier de préparateur en pharmacie, puis à la chimie et, en 1921, délaisse finalement sa ville, Lille, pour Paris où il vient exercer en tant qu’apprenti dessinateur chez un architecte. Il est missionné pour effectuer des relevés de monuments, de bâtiments, de rues… Envoyé au Louvre dans le cadre de son apprentissage, Jean Hélion découvre par la même occasion les toiles de Poussin et de Philippe de Champaigne qui le bouleversent et influencent profondément son attrait pour la peinture.

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Jean Hélion, “Grande mannequinerie”, 1951, Musée d’Art Moderne de Paris. (© Paris Musées, Musée d’Art Moderne de Paris/ADAGP, Paris, 2024)

Il a été découvert à la Foire aux croûtes

Évidemment, pour le potentiel sexy du nom de la foire, on repassera. Il n’empêche que c’est bien à la Foire aux croûtes de Montmartre que Jean Hélion expose en 1924, puis en 1925, année où il y fait la rencontre de Georges Bine qui lui achète ses premières toiles et devient son premier collectionneur. Grâce à ces revenus plus réguliers, Jean Hélion délaisse l’architecture pour se consacrer pleinement à ses œuvres. Au fil des ans, le peintre signera plusieurs portraits de son collectionneur (comme en 1928 et en 1959).

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Il a été fait prisonnier de guerre

En 1932, Jean Hélion part aux États-Unis rejoindre son épouse Jean Blair. Il y fait une première exposition personnelle et continue les allers-retours entre Paris, Londres et New York. Il se construit un atelier en Virginie et évolue dans sa peinture, en donnant du relief et une partition à ce qu’il appelle ses “figures”. Le peintre fait son retour en France en 1940 pour s’engager dans l’armée.

Il est enlevé peu de temps après et est interné dans un camp à Orléans, avant d’être contraint au travail forcé dans un kommando agricole en Pologne (Poméranie), puis retenu captif sur un bateau à Stettin. Il s’évade en février 1942 et retourne aux États-Unis où il dénonce publiquement le nazisme dans des conférences. Il publie également They Shall Not Have Me (“ils ne m’auront pas”), un livre dans lequel il raconte sa captivité et son évasion.

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Jean Hélion, L’Homme à la joue rouge, 1943, collection particulière. (© ADAGP, Paris, 2024)

Il mettait des choux partout

En 1962, l’artiste fait l’acquisition d’une maison à Bigeonnette (en Eure-et-Loir) où il peint dans son atelier, en alternance avec celui dont il dispose dans sa maison à Belle-Île et qu’il rejoint l’été. À Bigeonnette, un souvenir incluant sa femme, Jacqueline Ventadour, et un chou le marque particulièrement.

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“Jacqueline est arrivée à l’atelier avec un chou serré contre la poitrine. C’était si beau que je l’ai pastellisé aussitôt. Chaque chou me paraît une abstraction naturelle sublime où se joue feuille par feuille, d’un chou à l’autre ce chant, cette phrase longue qui me hante”, racontait-il. Sa passion pour les choux est visible dans son travail, puisque c’est un motif récurrent de ses tableaux : Le Journal, feuille de chou (1947), Chou sous la lucarne (1960), Entre chou et robes (1973), Les Choux-Fleurs (1977), La Soupière au chou (1980)…

Devenu malvoyant, il peignait des personnages aveugles

Au milieu des années 1960, la vue du peintre commence à décliner, et elle ne cessera de se dégrader jusqu’à la fin de sa vie. Il est doublement opéré de la cataracte en 1971 et au fur et à mesure, il adapte ses motifs et ses techniques picturales à son handicap. En 1982, il écrit : “Je n’ai plus que 2/10 dans un œil. Rien dans l’autre. Alors je peins pour voir plus clair”. Il commence notamment à peindre ses Suites pucières, dans lesquelles il assemble des objets. Il fait également de la malvoyance un motif par le biais de personnages aveugles, reconnaissables à leur canne blanche sur ses peintures.

L’exposition “Jean Hélion : la prose du monde” est à découvrir jusqu’au 18 août 2024 au Musée d’Art Moderne de Paris.

Konbini, partenaire du Musée d’Art Moderne de Paris.