On vous dit TOUT sur Mylène Farmer et son tube “Désenchantée” qui traverse le temps

Publié le par Aurélien Chapuis,

Alors que Mylène Faremer vient de sortir un nouvel album, on vous dit tout sur la conception d’un de ses morceaux phares remis au goût du jour ces derniers mois.

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Quand “Désenchantée” sort en single le 18 mars 1991, il se place tranquillement en douzième place du Top 50 français. Mais quand le clip est diffusé à la télé, il devient directement premier et ne bouge plus de cette position pendant neuf semaines consécutives, devenant la chanson la plus importante du printemps, puis de l’été 1991.

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Ce succès total sera le plus grand de la carrière de Mylène Farmer avec plus de 1 300 000 disques vendus. C’est aussi un succès international puisque “Désenchantée” fait un carton aux Pays-Bas, en Suisse, en Belgique, en Suède et en Allemagne. Plus de 30 ans après, “Désenchantée” reste un des morceaux français les plus diffusés au monde.

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Un texte personnel, pas du tout politique à la base

À l’époque de “Désenchantée”, le monde est en crise. C’est le début des années 1990, notamment marqué par la guerre du Golfe et un possible retour à un conflit généralisé. En France, c’est la déception de la génération Mitterrand, la morosité s’installe. Le public accueille alors le morceau comme un coup de poing de son époque, une lecture sociale et dure du monde contemporain où “tout est chaos”. Eh bien, pas du tout, pour Mylène.

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Quand elle écrit le morceau, Mylène vient de finir sa première énorme tournée dont elle tire l’album En Concert, en 1989. Elle est alors dans un entre-deux et tombe en dépression. Elle écrit “Désenchantée” comme une parenthèse hors du temps sur sa propre mélancolie, sa vision personnelle des moments de vide après des événements forts de la vie. Rien de politique, uniquement de l’émotion. Mais le public en fera autre chose.

“Désenchantée” n’est pas un morceau qui s’est fait comme par enchantement. C’est un titre qui a mis longtemps à se créer, il en existe au moins quatre versions différentes. Le compositeur Laurent Boutonnat dit que “certains tubes s’accouchent dans la douleur”. En effet, avec son ingénieur du son Thierry Rogen, ils vont retravailler des arrangements différents jusqu’à s’en arracher les cheveux.

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Lors du troisième enregistrement mis à la poubelle, Laurent claque la porte en disant qu’il faut jeter ce morceau, qu’il ne fonctionne pas. Mais l’ingé son Thierry Rogen va changer les rythmiques pendant la nuit, transformant l’ambiance techno des synthétiseurs de Laurent Boutonnat en quelque chose de plus funk. Boutonnat écoute, il kiffe. La quatrième version sera la bonne. Comme quoi, la chanson française la plus écoutée au monde a failli ne jamais exister.

Un clip-film inspiré d’une peinture de Delacroix

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Pour le clip, l’équipe part en Hongrie dans une usine désaffectée, près de Budapest. Avec 119 figurants, la plupart des enfants hongrois orphelins ou avec un handicap, Mylène Farmer va carrément proposer un film pour ce nouveau morceau. Un film avec deux versions différentes, une de six minutes et une de dix minutes. D’ailleurs, les fins diffèrent beaucoup, la version courte laissant beaucoup plus d’espoir que la version longue.

À la réalisation, on retrouve Laurent Boutonnat, le même qui avait composé le morceau. Sacré Laurent ! Pour l’inspiration visuelle, Boutonnat cite Les Misérables de Victor Hugo, Oliver Twist de Charles Dickens mais aussi le peintre Eugène Delacroix et son tableau La Liberté guidant le peuple.

Liberty Leading the People. 1830. Oil on canvas, 260 x 325 cm.

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Le clip est donc beaucoup plus politique que le morceau à la base. La génération désenchantée se reconnaît dans cette révolution et son paysage dur et froid. Laurent Boutonnat se servira de l’expérience de ce clip gigantesque pour sortir son film Giorgino en 1994 avec Mylène dedans, bien sûr.

Une influence à la longévité folle

Depuis sa sortie, “Désenchantée” a souvent inspiré d’autres artistes comme avec “Disappointed”, chanté par Neil Tennant des Pet Shop Boys, pour le film Cool World en 1992. En gros, Cool World, c’est Roger Rabbit sous acide avec Brad Pitt en plus.

C’est aussi le cas en 2002 avec une reprise eurodance de la chanteuse belge Kate Ryan. 11 ans après, elle remet encore le morceau en haut des tops. Et puis, ces dernières années, pendant la crise mondiale sous le signe de la pandémie, la chanson est encore revenue via des reprises à l’émission The Voice, des courts-métrages sur YouTube ou des pancartes dans les différentes manifestations.

La chanteuse Pomme a choisi de reprendre ce titre comme symbole de l’année 2020. “Désenchantée” n’a jamais été aussi actuel.