On a classé (presque objectivement) tous les films de la Bande à Fifi, du pire au moins pire

Publié le par Arthur Cios,

(© Studiocanal)

Oui, on a vu tous les films de Philippe Lacheau et sa clique, du récent 3 jours max à Épouse-moi mon pote.

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Je me dois d’être honnête : quand j’ai proposé cette idée de classement aux têtes pensantes de la rédaction ce vendredi 3 février 2023 pour la sortie d’Alibi.com 2, je pensais demander à un·e pigiste de s’occuper du bousin. Je n’avais vu que deux films de la bande de Philippe Lacheau, dont Babysitting à l’époque de sa sortie (il y a près de 10 ans maintenant) et Super-héros malgré lui. Je ne suis pas un grand spécialiste de la comédie française, et avais tendance à tirer des conclusions du dernier film que j’avais vu d’eux — c’est-à-dire que je trouvais ce cinéma particulièrement mauvais et que je prenais de haut toute cette clique.

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Mais décidant de prendre mes responsabilités, ne voulant pas incomber cette lourde tâche à une personne censée pondre un tel classement en quelques jours à peine, j’ai décidé de me remonter les manches. Et de rattraper tous les films que je n’avais pas vus, en trois jours seulement.

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Alors après avoir perdu quelques heures de sommeil et quelques points de vie que je ne retrouverai jamais, je peux enfin me targuer d’avoir vu tous les films de la Bande à Fifi. Ces visionnages me permettent de saisir les éléments faisant partie intégrante de chaque film (il faut faire du mal à un chien ou un chat, faire des blagues potaches peu subtiles, montrer des fesses à un moment, trouver un quiproquo central qui aboutisse à une histoire d’amour à la fin) et de voir une évolution dans la réalisation des films : on sent clairement qu’après Nicky Larson, il y a une envie d’avoir une mise en scène plus musclée et plus cinégénique.

Sauf qu’il s’est passé un drôle de truc, assez inattendu : je me suis pris de sympathie pour eux. Pour (presque) toute la bande. Peut-être que cela a altéré le visionnage de certains films, mais j’ai compris ce que le public trouvait à ces films certes vraiment pas incroyables, mais qui fonctionnent. La mise en scène est rarement subjuguante, l’écriture des vannes non plus, le montage souvent compliqué, certains effets peuvent être désastreux, certaines vannes sont assez simples… Et pourtant, ça fonctionne.

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Ça fonctionne parce qu’on finit par apprécier ces trublions. L’effet bande fonctionne et fait qu’on s’attache un minimum à eux. Certains personnages sont mieux écrits que d’autres. Et aussi, une bonne partie de cette bande (Élodie Fontan en tête) joue plutôt bien et on croit à leur récit.

Mon snobisme mis de côté, je me suis attelé à ce classement, et je compte bien suivre l’actualité de la Bande à Fifi. À l’occasion de la sortie de 3 jours max, voici notre classement (objectif) des 11 films de leur filmographie.

11. Épouse-moi mon pote, de Tarek Boudali (2017)

Le plus compliqué. Et de loin. Le pire, c’est que sans doute que lorsqu’ils ont écrit ce scénario, ils se sont dit qu’ils allaient faire un film progressiste. C’est raté — en plus de ne pas être drôle, de ne pas être très bien écrit, et sans aucune mise en scène. Un bon dernier de classement.

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10. 3 jours max, de Tarek Boudali (2023)

Aucun gag ne fonctionne (sauf un mais qui est trop long et qui donc tombe à plat). Tout est trop lourd, trop appuyé. La marée de crottes, ce n’est plus possible. Les blagues datés misogynes, ce n’est plus possible. Philippe Lacheau en faux David Guetta aurait pu être pas mal s’il n’en faisait pas des caisses — surtout qu’à côté, Boudali est étrangement éteint. On ne comprend pas les persos, les moments émouvants sont gênants, les effets spéciaux sont honteux. Le seul truc qu’on sauverait, c’est les nombreuses références que Boudali fait à des films d’action, et le fait qu’il essaye de se donner sur la réalisation. Bon, le problème, c’est qu’il perd forcément aux comparatifs. Beaucoup.

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9. Paris à tout prix, de Reem Kherici (2013)

Quand on pense à la Bande à Fifi, on oublie un peu ce film-là, le premier de la clique. Le film de la réalisatrice franco-italo-tunisienne Reem Kherici n’est pas le plus connu. En tout cas, il n’est pas de ceux que le commun des mortels revoit. Alors le souvenir de votre visionnage d’époque peut vous laisser croire qu’il est pas mal. Dix ans plus tard, certaines vannes sont plus que datées — même si une agression sexuelle n’a jamais été une vanne convenable. Le scénario est plus que cliché, jamais franchement drôle ou émouvant. Reste Tarek Boudali, seul point positif, qui a un jeu étonnamment beaucoup subtil et plus dans la retenue que ce qu’il a pu offrir par la suite. Pas de quoi sauver le film pour autant.

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8. Jour J, de Reem Kherici (2017)

Moins porté sur le fait d’avoir un gag toutes les 30 secondes, le film est intrinsèquement moins drôle. En tout cas, ce n’est pas pour ça qu’il a été fait. Cela n’enlève rien à la gênance de certaines situations ni au cringe involontaire. Ce film a beau être le plus feel good de la sélection, certains sujets lourds évoqués (pas des plus subtilement) n’aident en rien à ne pas lever les yeux au ciel face à l’écriture de cette histoire d’amour naissante. Pas détestable, pas un bon moment pour autant.

7. 30 jours max, de Tarek Boudali (2020)

On ne saura jamais vraiment : peut-être que d’enchaîner ces films nous fait perdre notre palais cinématographique, mais peut-être qu’on a passé un pas trop mauvais moment devant celui-ci. Le fait est que certaines cascades étaient pas trop mal faites et que le récit fonctionne à peu près — et qu’il est l’un des moins problématiques. Mérite-t-il d’être classé plus haut ? Non.

6. Super-héros malgré lui, de Philippe Lacheau (2022)

Le souvenir de cette séance est encore douloureux. Pourtant, on sent une réelle volonté de faire de vraies séquences d’action, de parodier le genre. Le problème, c’est que pour le coup, il fait vraiment plus cheap. Volontairement, mais trop. Là où Nicky Larson fonctionne un peu, pour un budget plus ou moins équivalent, ici, tout sonne faux. Trop faux pour qu’on y croie et qu’on ait d’y croire. Et c’est sans parler de la lourdeur de certaines vannes.

5. Alibi.com 2, de Philippe Lacheau (2023)

Le film a beau sentir un peu le réchauffé, ça fonctionne un peu malgré tout. Alors oui, tout va trop loin, les situations sont trop grossières pour réussir à devenir comiques, c’est répétitif, c’est le quiproquo poussif au possible. Mais on se surprend à rire à une vanne sur Gandhi, à être “impressionné” par un petit effet de mise en scène pas bête sur un coup de fil à trois dans un lit, à être vaguement étonné l’espace de quelques secondes par la fin (on devine vite, mais tout de même). Peut-être que c’est parce que c’est le seul vu en salle, peut-être que c’est parce qu’il arrivait à la fin du marathon. On est les premiers surpris, mais on n’a pas détesté.

4. Babysitting 2, de Nicolas Benamou et Philippe Lacheau (2015)

S’il ne garde du premier que le dispositif du found footage, abandonnant l’aspect teuf où l’on oublie ce qu’on a fait, le film demeure l’un des moins désagréables de la bande. Même s’il n’est qu’un kif entre potes, qui ne dépasse jamais vraiment ce statut de kif entre potes, il reste un divertissement passablement efficace.

3. Alibi.com, de Philippe Lacheau (2017)

Quiproquo, le film. Étrangement, c’est peut-être l’un des moins pires. Il y a des blagues (rares) qui fonctionnent (on avoue avoir ri aux gags d’Assassin’s Creed, du gosse sur la plage qui prend cher et de François Hollande, par exemple), des idées qui ne sont pas forcément mauvaises sur le papier, même si elles ne marchent pas toutes (Nathalie Baye et Didier Bourdon qui chantent sur un morceau contemporain, on comprend l’idée, mais on est quand même mal à l’aise). Il y en a d’autres qui sont vraiment compliquées, inutiles voire un chouïa problématiques, sans parler du fait que côté acting, c’est parfois vraiment à côté de la plaque. C’est d’autant plus dommage que Philippe Lacheau intègre dans son récit un sens de la parodie assez référencé et vraiment pas détestable. Notons que c’est le premier qui aura réussi à nous tirer un rire franc et honnête. Face au reste de la compétition, cela demeure le haut du panier.

2. Nicky Larson et le parfum de Cupidon, Philippe Lacheau (2018)

On était plutôt réticents à ce film, et force est de constater que c’est le film le plus ambitieux de la bande — ce qui fait du bien quand, comme l’auteur de ces mots, on se fait un “marathon Fifi”. Il y a une vraie volonté de cinéma, d’essayer de faire du cinéma d’action. Bon, d’accord, c’est principalement via des combats où la caméra suit les coups et une séquence filmée à la première personne. Mais c’est déjà mieux que nombre de comédies d’action made in France. Malgré tout, le film reprend pas mal les codes du manga — avec toute la lourdeur qui accompagne le personnage de Nicky Larson, et certains gags ont réussi à nous faire rire un minimum.

1. Babysitting, de Nicolas Benamou et Philippe Lacheau (2014)

Notre honnêteté morale nous force à dire la vérité : nous n’avons pas revu le film, contrairement au reste de ce classement que l’on s’est bingé en quelques jours à peine. Du coup, c’est le souvenir presque adolescent d’un film qui, en singeant Projet X, a révélé une bande de potes qui allait devenir (qu’on le veuille, ou non) importante dans cinéma. C’est sûr, ça a mal vieilli, ce n’est plus aussi marrant que ça l’était il y a neuf ans. Babysitting demeure la pierre angulaire de tout ce classement, de cette bande et de ce qu’elle est aujourd’hui.