On a classé (objectivement) TOUS les albums de Tintin

Publié le par Aurélien Chapuis,

L’immersion à l’Atelier des Lumières est une véritable réussite, on en profite pour explorer plus profondément les albums de Tintin avec ce classement.

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Les aventures de Tintin, c’est 24 albums entre de 1930 à 1986, soit plus de 50 ans de bandes dessinées d’action, d’amitié, d’humour, d’intrigues, d’enquêtes, de voyages et de complots. Ce n’était pas une mince affaire de les classer tous et on a décidé de mettre les diptyques ensemble pour plus de cohérence. C’est parti !

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#20. Tintin au Congo (1931)

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Forcément, le plus difficile à défendre car c’est l’un des plus vieux, il est rétrograde, c’est une ode à la colonisation et au paternalisme catholique. Il y a aussi beaucoup d’animaux massacrés. Bref, il n’y a rien qui va, c’est très dur à relire, même de manière historique.

#19. Tintin au pays des Soviets (1930)

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C’est le tout premier Tintin et il vaut surtout pour son style relâché, cartoonesque et caricatural du dessin, un vrai tour de force de la fin des années 1920. Par contre, l’histoire très anticommuniste est encore remplie de clichés. Hergé ne souhaitait pas que cette aventure soit inscrite dans la liste des albums de Tintin, il n’a jamais voulu la retravailler. Mais c’est quand même mieux que l’épisode au Congo…

#18. Tintin en Amérique (1932)

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Même problème que les deux précédents, cette aventure en Amérique reste remplie de clichés mélangeant Western et gangster à la Al Capone, tout en écornant le rêve américain. Niveau dessin, certaines planches sont intéressantes, mais l’histoire et les personnages restent trop tranchés pour être crédibles.

#17. Tintin et l’Alph-Art (1986)

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Il est difficile de juger cet album satirique sur le monde de l’art moderne, car il n’était pas terminé du vivant d’Hergé. Sorti tel quel, on sent le trait et l’attrait de l’auteur pour l’art moderne, mais l’album n’est pas fini et il n’y a littéralement pas de fin. Dur. Mais c’est toujours mieux que l’épisode au Congo.

#16. Tintin et les Picaros (1976)

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Dernier album du vivant d’Hergé et ça se sent un peu. On sent que la satire et la dérision sont devenues plus importantes que la dynastie de Tintin. Il y a des bons moments, mais il y a aussi une sorte de systématisme dans la destruction de certains personnages qui est un peu agaçante. Il y a aussi une nouvelle vision critique de la politique des années 1970, notamment avec le traitement des dictatures d’Amérique du Sud. On sent moins d’entrain, moins d’envie. Hergé s’en va. C’est un album assez triste, au final.

#15. L’Étoile mystérieuse (1942)

Les premières planches, c’est sûrement parmi mes préférées d’Hergé. L’apocalypse, la chaleur ultime, la terreur et finalement une araignée sur un télescope. Quelques idées reprises dans son diptyque sur la Lune, mais aussi quelques énormes clichés comme ses méchants américains d’origine juive à la caricature catastrophique. On a quand même droit à des champignons géants, une course dans l’océan, des trahisons et des complots. C’est un album plutôt cool, malgré ses erreurs énormes.

#14. Coke en stock (1958)

C’est un album très complexe et assez méta où l’on retrouve énormément de personnages de précédents albums, dans une coalition de dictateurs et de méchants qui organise un énorme trafic d’armes et d’humains. Il s’agit sûrement la plus belle aventure maritime dans sa conception des planches et de la narration globale. Quelques clichés perdurent, mais l’ensemble est très humaniste et a de multiples facettes. C’est l’un des albums les plus adultes de la série, juste avant la période plus satirique.

#13. Tintin au pays de l’or noir (1950)

Album un peu maudit, repoussé de nombreuses fois dans sa publication, remanié suite aux changements politiques réguliers dans la région du Moyen-Orient qu’il traite, cet album recentre quelques thèmes déjà traités dans d’autres de la série, tout en retrouvant un méchant iconique (Müller) et en introduisant un ami insolent (Abdallah). Le traitement des luttes de pouvoir autour du pétrole est intéressant, quoique crypté par ses multiples relectures. Un entre-deux.

#12. Vol 714 pour Sydney (1968)

Album satirique et de déconstruction. Il est difficile de l’aborder comme un des derniers de la série, quand Hergé est en pleine perturbation suite à sa vie personnelle, mais aussi avec le succès grandissant d’Astérix qui remet en cause son hégémonie. Il reste un épisode très libéré avec des critiques sur le progrès et la richesse, des gags réussis, des méchants transformés en guignols et de la science-fiction inattendue. Ça fait beaucoup pour un seul album, mais il est toujours plaisant, il met à jour de l’univers Tintin en le rendant plus parodique et cynique qu’à son habitude. C’est un de ceux que je relisais le plus au petit dej quand j’étais petit.

#11. L’Oreille cassée (1937)

Il marque un vrai changement dans la série avec une aventure plus construite, moins erratique en mode feuilleton. Le côté recherche du trésor dans la jungle et accumulation de faux-semblants ou pièges a inspiré de nombreux artistes à travers le temps, notamment Philippe De Broca et son Homme de Rio. C’est une œuvre charnière, le début de quelque chose d’autre.

#10. Les Cigares du pharaon / Le Lotus bleu (1934-1936)

Le premier est encore assez daté, mais il contient des vraies fulgurances au niveau du scénario en Égypte puis en Inde. Le deuxième est par contre un vrai classique du genre, le premier où Hergé devient critique sur un régime, une dictature en dénonçant l’oppression des Japonais sur la Chine. Certaines planches sont parmi les plus réussies d’Hergé à cette période. Un quasi sans faute malgré quelques caricatures.

#9. Le Crabe aux pinces d’or (1941)

La rencontre avec Haddock, les délires psychédéliques dans le désert, la dépendance et l’alcoolisme, les trafics de conserves, l’humour, Alan et le Karaboudjan, beaucoup de moments cultes qui méritent que cet album figure dans le top 10. Certaines scènes auraient-elles pu inspirer David Lean et son Lawrence d’Arabie ? On aimerait le penser, mais c’est tout de même peu probable.

#8. Objectif Lune / On a marché sur la Lune (1953-1954)

Ces deux albums très fouillés sur la conquête de la Lune ont marqué les esprits grâce à leur côté visionnaire et pop, plus de 15 ans avant le vrai premier alunissage. C’est cette fois-ci Tournesol qui devient un personnage prépondérant, loin de ses gaffes habituelles. Il y a du Jules Verne, mais aussi du grand récit d’espionnage au milieu de ces deux albums indissociables. C’est un grand moment de pop culture des années 1950 qui influencera la musique, le cinéma, l’art. On aurait pu mettre ce diptyque encore plus haut.

#7. Le Sceptre d’Ottokar (1939)

C’est l’une des plus belles créations d’Hergé reste cette rivalité entre la Syldavie et la Bordurie, deux pays fictifs très documentés avec leurs us et coutumes, leurs drapeaux, leurs folklores, leurs gentils et leurs méchants très proches du conflit mondial qui approche à l’époque. Le complot politique, l’espionnage et l’enquête très Rouletabillienne en mode Mystère de la chambre jaune qui en découlent en font un album à part.

#6. Le Secret de La Licorne / Le Trésor de Rackham le Rouge (1943)

C’est sûrement le meilleur récit d’aventure possible, mélangeant piraterie à l’ancienne, recherche de trésor enfoui, multiples fausses pistes et sous-marin requin iconique. Les multiples indices et cartes mélangeant archéologie et aventure seront des points de départ évidents pour Carl Barks et son Picsou, Spielberg et son Indiana Jones, voire Pirates des Caraïbes, pourquoi pas ! On peut même aller jusqu’à Uncharted, tellement l’impact est énorme. Mythique à tous les niveaux.

#5. L’Île Noire (1938)

Sous ses aspects assez classiques, cet album est l’un des plus marquants grâce au Dr Müller, méchant emblématique et sans pitié mais aussi grâce aux paysages profonds de l’Écosse. C’est aussi un des albums qui a eu le plus de versions différentes avec notamment l’arrivée des pompiers retravaillée au moins trois fois, ça ajoute à la légende du détail. C’est sûrement un des albums les plus simples, mais aussi les plus agréables à relire sans arrêt.

#4. L’Affaire Tournesol (1956)

Vrai thriller derrière l’enlèvement de Tournesol, cet album plus adulte est un vrai tour de force graphique et de narration. Avec le retour de la guerre Syldavie/Bordurie, Hergé et son équipe s’attaquent aux totalitarismes de tous bords qui ébranlent le monde depuis 20 ans. Vrai aboutissement dans le propos et la structure, cet album est un des plus réussis de la série.

#3. Les Bijoux de la Castafiore (1963)

Album atypique, sûrement le plus humain d’Hergé avec le Tibet. En prenant complètement à contrepied les poncifs et les cadres des aventures de Tintin, l’auteur belge créé un vrai whodunit à la Hitchcock ou Agatha Christie. Le résultat est à mi-chemin entre du très bon théâtre de comédie et un épisode de Columbo. Tout en gardant humour et dérision. Le bijou de Tintin.

#2. Les Sept Boules de cristal / Le Temple du Soleil (1948-1949)

Épaulé sur la narration et les décors par l’auteur de Blake & Mortimer, E.P. Jacobs, Hergé écrit un conte fantastique et horrifique avec ce diptyque très réussi. Avec plus de concision et de souffle que sur ses précédents, l’auteur développe vraiment le meilleur de l’aventure en deux parties, une plus théorique et mystérieuse, l’autre plus dans l’action en pleine cordillère des Andes. Le duo d’albums que j’ai vraiment le plus de plaisir à relire. Une inspiration pour Dragonball ? Rien n’est moins sûr.

#1. Tintin au Tibet (1960)

C’est difficile de vraiment choisir un album en numéro 1, mais Tintin au Tibet a plusieurs arguments pour le devenir. C’est d’abord l’album le plus personnel d’Hergé, ode à l’espoir, l’humanisme et l’amitié immuable. Quasi seule aventure sans antagoniste ou méchant, cet album est aussi une réussite définitive de la ligne claire qu’Hergé a alors amenée au paroxysme, sortant pourtant d’une dépression sévère. Cet album est la somme de tout, l’aventure ultime, le récit initiatique avec petites touches de paranormal, la recherche de son vrai but et de son soi à travers les embûches. Il offre aussi plus de coffre à un Tintin toujours en retrait. Tout est y beau, différent et réussi.