Monsieur Nov, le prince du R’n’B français, vient récupérer sa couronne

Publié le par Joséphine de Rubercy,

©Instagram Monsieur Nov

Trois ans après son dernier EP, il vient de sortir Evo3, son onzième projet. Retour sur l'histoire de Monsieur Nov.

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Son heure de gloire aurait-elle enfin sonné ? Après plus de dix ans de carrière et tout autant de projets au compteur, Monsieur Nov a dévoilé son nouvel EP Evo3, dont la première partie, Evo3 or, est sortie le 25 septembre et la seconde, Evo3 argent, le 11 décembre.
Le succès semble au rendez-vous pour l’artiste – distribué par Spinnup, filiale d’Universal –, qui cumule un million de streams en trois jours avec Evo3 or. Pourtant, le public français n’a pas toujours été sous le charme du personnage de “chinois chauve”, comme il se surnomme. Depuis son arrivée sur la scène musicale française à la fin des années 2000, il s’accroche à sa couronne de roi du R’n’B, sans jamais réussir à la garder vissée sur le crâne. Entre persévérance et doute, expérience et réinvention, Nov (pour New Original Vibes) se dévoile, avec passion et simplicité. Portrait.
On ne l’imagine pas faire autre chose que de la musique. Pourtant notre artiste est tombé dedans “par hasard”, avoue-t-il. Alors qu’il est au lycée, Quốc Bảo, de son vrai nom, se destine à la mode, lui qui est doté d’un talent particulier pour le dessin : “Au lycée, ma prof d’arts plastiques m’avait dit que j’étais le meilleur élève qu’elle avait jamais eu. Elle m’avait même emmené faire les portes ouvertes des écoles de mode à Paris”, raconte-t-il aujourd’hui.
Puis les platines de son frère dans la chambre d’à côté ne tardent pas à le titiller : “Au fur et à mesure, je me suis mis à composer des trucs et à enregistrer mes propres morceaux, mais c’était vraiment pour rigoler et pour passer le temps.” Comme c’était la mode à l’époque, il poste ses titres sur Skyblog et Myspace. Il fait bien : un producteur le repère et souhaite le produire.

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De 2008 à aujourd’hui, entre néo-soul et trap

En 2008, il sort un premier album, Sans dessus 2 soul, porté par le titre “Trop fresh”, qui le révèle aux yeux de la France. “C’est le premier morceau qui a tourné en radio, qui a eu un peu de rotations sur les chaînes musicales”, explique le chanteur. Un an plus tard, son second disque, Groove Therapy, le consacre auprès des amateurs de R’n’B. Se succèdent ensuite une petite dizaine de projets, dont les albums 3.0 volumes 1 et 2, puis bien sûr, la série Evo depuis 2015.
Quand il débute, sa musique est très axée néo-soul, influencée par des artistes tels que D’Angelo, “parce que c’est ce que j’écoutais à l’époque”, nous explique-t-il. Un genre assez nouveau dans la France de la fin des années 2000. Avec ça, le personnage est timide, sympathique et n’a pas le physique des magazines. On est donc loin des crooners habituels du R’n’B. “Je suis arrivé comme un ovni”, s’amuse-t-il.

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Plus tard, Nov regrette de s’être “enfermé dans ce style musical pendant plusieurs années”, d’autant que sa musique n’emballe pas vraiment le public. Alors, en 2015, face à l’arrivée de la mouvance trap en France, il décide d’opérer un virage artistique. “J’ai senti un creux dans ma carrière”, avoue-t-il. Le chanteur fait donc appel à de nouveaux producteurs, notamment Zeg P, qui réalisera Evo1 et Evo2 : “Il m’a redonné la fraîcheur dont j’avais besoin.”
Dans ses titres, ça s’entend à coup d’instrus puissantes, de gros sons et de beaucoup d’Auto-Tune :

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“Pendant trois ans, j’ai fait de la musique très calquée sur ce qui se fait aux US et aujourd’hui, c’est un mélange de ça, avec un retour aux sources, c’est-à-dire plus de voix, plus de vocalises… et il semblerait que c’est ce que le public voulait”, concède-t-il.

Son évolution artistique, Monsieur Nov la reconnaît : “Tu mets Sans dessus 2 soul à côté de Evo3, il y a une différence claire.” Pourtant, humainement, il se sent toujours le même :

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“Au début de ma carrière, je voulais apporter quelque chose de nouveau avec ma sensibilité très soul et aujourd’hui, je suis toujours dans cette démarche très naïve : être au studio, essayer de faire le meilleur son possible et le partager. Même si, avec l’expérience, ça devient plus difficile, j’essaie de ne pas intellectualiser mon process de création et de garder ma spontanéité. Dans ce sens-là, le chinois chauve de mes débuts est toujours là, même s’il a des cheveux”, sourit-il.

L’amour du R’n’B avant tout

Dans sa vie artistique, Nov n’a qu’un amour, à qui il a juré fidélité : le R’n’B. “J’aime ce style-là, c’est la musique qui m’anime et c’est là où j’ai envie d’aller”, assure-t-il. Du R’n’B, de la soul, des styles très mélodieux et des textes de lover… Le chanteur assume : “Je parle beaucoup d’amour et de sentiments dans mes chansons, parce qu’émotionnellement, ce genre de musique est propice à ça”, reconnaît-il. C’est aussi ce que le public aime chez Nov. Il sait décrire des situations dans lesquelles les gens se reconnaissent, parce qu’ils les ont vécues.

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Trouver l’inspiration après 10 ans de carrière dans le R’n’B n’est pas chose aisée. “J’ai dû sortir une centaine de chansons depuis 2009, donc aujourd’hui c’est compliqué de trouver de nouvelles idées”, assure-t-il. Si composer des mélodies reste relativement simple pour lui, le plus dur, ce sont les textes :

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“Les thèmes autour de l’amour, on a vite fait le tour, alors j’essaie de trouver des angles différents. L’inspiration, elle vient, puis après, elle disparaît et je lui cours après. Parfois, il faut la chercher, creuser le truc, rester face à ta feuille blanche, même si tu es au bout du tunnel.”

Pour trouver l’inspiration, il essaie d’être toujours attentif à ce qu’il se passe autour de lui et bien sûr, il y a toujours du R’n’B dans ses oreilles. Du R’n’B américain, surtout, avec des artistes comme H.E.R, qui l’influencent dans ses créations. En France, le genre musical n’a pas été plébiscité, et il le sait :

“Il est clair que ça paraît fou de ma part d’avoir continué dans cette direction depuis 10 ans ! J’aurais pu choisir des rythmes un peu plus afros, des sons plus chaloupés, qui sont plus susceptibles de passer en radio, mais ce n’est pas forcément ce que j’ai envie de faire”, affirme le chanteur.

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De toute façon, “percer”, comme il le dit, ce n’est pas le but. Avec ce mot d’ordre à la bouche, il règne depuis 10 ans sur un royaume, celui du R’n’B français, qui n’existe pas… encore. C’est ce qui rend Monsieur Nov à la fois fort et imperceptible : “Je suis dans une faille où les gens me connaissent et ne me connaissent pas. Je cherche encore ma place entre artiste confirmé et artiste qui a tout à prouver.”
Peut-être trouvera-t-il sa place, maintenant que le R’n’B français a l’air de vivre son heure de gloire grâce à des artistes comme Dadju, Joanna, Tayc, Crystal Murray ou Shay Lia. “Cette nouvelle vague, je la trouve super fraîche, je me sens proche de tout ça”, commente-t-il. Au beau milieu de cette vague, il y a Evo3.

Evo3, la consécration ?

La série Evo, c’est le dernier projet de Nov. Le premier volet est sorti en 2015 et le second en 2017. Pour le troisième et dernier chapitre, l’artiste a voulu mettre le paquet :

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“Ça faisait trois ans que j’étais inactif, donc je voulais revenir avec beaucoup de contenu. Un projet de huit titres, ça faisait peu face aux attentes du public, explique-t-il, mais j’ai un problème avec les projets trop long, donc je me suis dit que j’allais le couper en deux !”

Evo3 se décline donc en deux parties : or, puis argent. Elles devaient sortir à deux semaines d’intervalle, “mais vu le succès de la première partie, j’ai préféré la laisser vivre et sortir la suite plus tard, prendre le temps de la peaufiner”, détaille-t-il.

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Evo3 est effectivement une belle performance. En plus d’être le meilleur démarrage dans la carrière de l’artiste, c’est aussi le premier projet qu’il réalise sous son propre label, Vive Labo : “J’avais envie d’avoir ma propre structure, j’ai l’expérience et la capacité financière pour créer et organiser un tel projet, donc je me suis dit : ‘Pourquoi ne pas tenter ?'”
Un record également du côté de son distributeur Spinnup* :

“C’est aussi l’un de nos meilleurs démarrages, du moins l’un des plus stables, car on ne parle pas d’un buzz éphémère sur un single. On voit rarement un projet indépendant cumuler les streams de manière aussi égale sur tous ses titres : Nov est consommé et apprécié par sa communauté. C’est à ça qu’on reconnaît un artiste prêt à s’inscrire dans le temps et, en plus de ça, il reste humble comme jamais ! On suit de près le démarrage d”Evo3 argent’, qui vient de sortir et semble déjà parti pour aller loin.”

Pour Monsieur Nov, Evo3, c’est “la fin d’un chapitre et début d’une nouvelle ère”. Il a bouclé la série Evo et donné aux fans ce qu’ils attendaient, mais souhaite maintenant repartir sur de nouvelles bases : “Je suis là depuis 10 ans, mais je n’ai pas encore breaké, je n’ai pas réussi à transformer l’essai. Je suis là, mais je me sens toujours en développement, il y a encore plein de monde qui peut me découvrir.”
Il compte bien se faire (re)connaître, mais aussi aider de jeunes artistes : “Avec mon label, j’aimerais à terme produire de nouveaux talents”, avoue-t-il. En attendant, la prochaine étape, c’est un nouvel album l’année prochaine. “En 2021, je me considère comme un nouvel artiste, le dernier Evo, c’est une carte de visite pour ceux qui ne me connaissent pas et un nouveau départ pour ceux qui me connaissent.” Nous, en tout cas, on est prêts.
Spinnup permet aux artistes émergents et autoproduits de distribuer leur musique sur les plateformes de streaming et tenter de se faire repérer par les directeurs artistiques des labels d’Universal Music.