K.I.D.S. fête ses dix ans : retour sur la mixtape qui a fait éclore Mac Miller

Publié le par Guillaume Narduzzi,

Le projet qui a fait découvrir au monde entier le rappeur de Pittsburgh souffle sa dixième bougie avec une version Deluxe.

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Lorsque Malcolm James McCormick dévoile l’année de ses 18 ans K.I.D.S., il s’agit déjà de sa quatrième mixtape solo. Artiste précoce, il a commencé à rapper à l’âge de 14 ans. Un an plus tard seulement, le jeune surdoué sortait déjà sa première mixtape nommée But My Mackin’ Aint Easy. S’ensuivront deux autres, The Jukebox : Prelude to Class Clown et The High Life, qui lui ont permis de se faire discrètement un nom, et ainsi de rejoindre le label Rostrum Records.

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Il faut dire que le jeune rappeur originaire de Pittsburgh présente un profil un peu à part dans le paysage du rap américain. Il incarne à lui seul une génération qui a rapidement digéré des décennies de musique, et aborde le rap d’une façon décomplexée. Avec K.I.D.S., mixtape sortie le 13 août 2010 gratuitement sur le site DatPiff, Mac Miller s’offre un nouveau statut. Son rap à la fois chill, musical, référencé, créatif et extravagant va progressivement conquérir le monde, en particulier les adolescents de l’époque.

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Clap de fin d’adolescence

Ce projet, véritable ode à l’insouciance dont les quatre lettres signifient “Kickin’ Incredibly Dope Shit”, est également un hommage au premier film de Larry Clark, Kids, sorti en 1995 et présenté au festival de Cannes. Cela tombe bien, la philosophie de Mac Miller colle parfaitement à celle du long-métrage.

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On retrouve sur ce disque une multitude de producteurs différents, gérée par l’équipe ID Labs de Pittsburgh, avec une grosse utilisation de samples. Sur les 18 titres initialement présents (la version sur les plateformes de streaming est amputée de “Traffic In The Sky” et “La La La La”) qui vont valoir à Mac Miller une reconnaissance mondiale, on peut en identifier quatre qui ont particulièrement contribué à cette soudaine exposition : “Nikes on My Feet”, “Knock Knock”, “Kool Aid & Frozen Pizza” et “Senior Skip Day”.

Le premier cité est rapidement devenu un hymne générationnel culte, et reste encore aujourd’hui l’un des titres les plus marquants de la carrière de celui qui se faisait auparavant appeler “EZ Mac”. Avec un sample de “The Word Is Yours (Remix)” de la légende new-yorkaise Nas, il prouve qu’il connaît ses classiques et sait se les réapproprier, faisant ainsi le pont entre plusieurs générations d’auditeurs. “Ride Around” en est aussi l’illustration, puisqu’on y découvre une reprise de l’instrumentale du titre “25 Lighters” de DJ DMD, interprété avec Lil’ Keke et Fat Pat. Un morceau classique de Houston, sorti durant les années 1990, et qui sera beaucoup repris par les rappeurs américains au début des années 2010.

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Dès les premières images du clip de “Nikes on My Feet”, paru quelques semaines avant l’album, on peut apercevoir un concentré de l’univers du l’artiste. Un lendemain de cuite, le rappeur va au lycée pour finalement sécher les cours, rejoindre ses potes et fumer des spliffs avec eux. Plus qu’un style, un mode de vie. Mac Miller apparaît alors comme ce mec cool du lycée, qui passe son temps à fumer de la weed et tiser en soirée, un peu paumé et procrastineur malgré lui, mais qui cache n’importe quel soupçon de doute derrière une assurance apparente. Tout ira mieux demain.

Des tubes générationnels

En atteste un autre titre de la mixtape, “Don’t Mind If I Do”, avec son sample du tube “Fireflies” d’Owl City qui laisse présager les influences éclectiques de Mac, puisées dans de larges registres musicaux d’époques très variées. Dans le clip de ce titre, on peut apercevoir le rappeur mettre en images cette période singulière qu’est la fin de l’adolescence, faite de beer-pong, de bang et de soirées piscine. Les clips sont à petit budget, ça transpire le “fait avec les moyens du bord”, mais l’inventivité est déjà bel et bien présente.

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“Senior Skip Day”, morceau promu quelques semaines après la sortie de la mixtape, reprend lui aussi ces codes du “college” américain. Mac Miller narre son parcours scolaire. Alors qu’il est censé être présent sur le campus pour son dernier jour en tant que senior, il traîne dans son lit, fait ses courses avec un très joli combo claquettes-bonnet-lunettes de soleil, traîne avec des meufs et joue au bowling avec ses potes. Les responsabilités attendront. Le titre, l’un des plus populaires du projet, met en avant un ado incorrigible et épicurien auquel tout le monde ou presque a pu s’identifier un jour. 

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“Knock Knock” devient lui un aussi un morceau emblématique de Mac Miller au fil des semaines. En déterrant le titre “I’ve Told Every Little Star” de Linda Scott (sorti en 1961, tout de même), le rappeur lâche un nouveau tube entêtant au possible. Le support visuel qui va avec, en mode bal de fin d’année, reste cohérent avec l’esthétique développée par l’artiste. On y découvre d’ailleurs un Mac Miller presque bohème, bien avant que ses addictions ne le rongent pendant des années, et moins torturé dans son œuvre que ce qu’il pourra proposer par la suite.

La chanson “Kool Aid & Frozen Pizza”, récit d’une journée pas très productive mais plutôt sympathique, va elle aussi participer à la réussite de Mac Miller. Si le titre devient immédiatement l’un des préférés des fans, il va également causer pas mal de souci à son interprète. Sur cette track, il reprend entre autres l’instrumentale de “Hip 2 Da Game” de Lord Finesse.

Le prix à payer

Un hommage qui ne va pas vraiment passer. Le leader du collectif D.I.T.C. découvre le titre et ne demande pas moins de dix millions de dollars à Mac Miller pour cette utilisation de son morceau sans sa permission. L’affaire fait grand bruit, mais pour éviter de régler entièrement cette somme astronomique et un procès qui s’annonçait d’ores et déjà médiatisé, Mac Miller sera contraint de conclure un accord avec Lord Finesse. Si ni la nature de l’accord ni le montant n’ont jamais été divulgués, l’addition est tout de même salée – surtout pour une mixtape gratuite.

Était-ce là le prix à payer pour accéder à la notoriété ? Peut-être bien que oui, car avec K.I.D.S., la carrière de celui qui produisait également sous l’alias Larry Fisherman décolle. À la suite de cette sortie, il prend part pour la première fois à une tournée et remporte deux prix aux Pittsburgh Hip Hop Awards. Des récompenses qui ne feront qu’en appeler d’autres. L’année suivante, il sera sélectionné dans la prestigieuse liste des “freshmen” à suivre de 2011 par le magazine spécialisé XXL. Quatre ans plus tard, il quittera Rostrum Records pour créer son propre label REMember Music avec Warner Music. Preuve que cette mixtape, emplie de positivité quoique un peu naïve sur les bords, aura propulsé sur le devant de la scène l’un des artistes les plus talentueux de sa génération.

S’ensuivra une montée en puissance progressive, toujours marquée par sa grande productivité, mais aussi par son inspiration qui lui vaudra une étiquette de véritable artiste à part entière. À l’occasion de son dixième anniversaire, K.I.D.S. vient d’être dotée d’une version Deluxe par Rostrum Records, avec deux titres supplémentaires intitulés “Ayye” et “Back In The Day”. Et ce seulement quelques semaines après qu’elle a été mise sur les plateformes de streaming. Le meilleur hommage possible à rendre à cette œuvre incontournable du répertoire d’un Mac Miller, qui malgré sa disparition prématurée il y a bientôt deux ans, restera éternel.